The Monster Exposed Vol.1 - Actualité manga
The Monster Exposed Vol.1 - Manga

The Monster Exposed Vol.1 : Critiques

Hadakeru Kaibutsu

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 08 Mars 2021

Mangaka phare du catalogue boy's love de Taifu Comics avec des titres comme Escape Journey ou Yarichin Bitch Club, Ogeretsu Tanaka revient en ce début d'année chez l'éditeur avec une courte série bouclée en deux volumes, The monster exposed. De son nom original Hadakeru Kaibutsu, ce manga a été prépublié au Japon de 2015 à 2019 dans les pages du magazine Cheri+ des éditions Shinshokan et, comme nous allons le voir, n'est pas sans liens étroits avec deux autres récits de l'autrice parus en France.

The monster exposed nous propose effectivement de retrouver les dénommés Hayashida et Shûna. Ces noms vous disent quelque chose ? Ce ne serait pas étonnant. Hayashida est effectivement, Kan, l'ancien petit ami de Yumi, l'un des héros de Love whispers even in the rusted night, qui avait été durement maltraité par ses "soins". Ce Kan, nous avions ensuite découvert les débuts de sa nouvelles relation, d'abord purement sexuelle, avec Shûna, dans la deuxième histoire du manga The proper way to write.

A présent, l'heure est donc venue pour Tanaka de continuer l'approfondissement de la relation entre ces deux hommes, une relation qui se bâtit dans la douleur mais aussi dans la sincérité. Douleur car Hayashida, comme on le découvrira bien ici, reste encore profondément hanté par la violence qu'il a autrefois pu montrer envers Yumi, ce garçon qu'il aimait pourtant depuis le lycée avant que tout déraille. La culpabilité est toujours bien ancrée en lui, si fortement qu'il a le sentiment de ne pas avoir le droit d'être aimé ni d'aimer... Mais à ses côtés, il y a désormais son collègue de travail Shûna, un homme si beau qu'il au autrefois facilement enchaîné les conquêtes féminines, mais sans vraiment y ressentir quoi que ce soit puisque, toujours, on ne s'intéressait à lui que pour son physique et pour le "montrer" aux autres avec fierté.

De ces deux hommes, Tanaka entame ici un portrait efficace, dans la mesure où, sans se précipiter cette fois-ci, elle parvient bien à exposer leurs tourments respectifs, que ce soit concernant leur passé, les relations difficiles qu'ils ont pu avoir, et l'impact que ça a eu sur leur vision d'eux-même ainsi que sur de leur avenir. On les voit alors avancer tout doucement ensemble, régulièrement dans le doute, car si Shûna affiche de plus en plus la sincérité de ses sentiments, Kan peine encore à se pardonner le passé, un passé qui de toute façon sera sans doute toujours ancré en lui. Mais le fait d'avoir conscience du mal que l'on a fait autrefois est en soi, déjà un signe d'une essentielle avancée humaine.

Observer la liaison de ces deux-là est alors intéressante, d'autant que Tanaka délivre encore une copie visuelle soignée, riche, fine, évidemment ponctuée de scène érotiques très explicites comme en en a le secret, mais aussi d'autres très bonnes choses comme de petites trouvailles visuelles excellente: une double page faisant ressortir avec force les tourments intérieurs de Kan liés à son passé, un verre devant un visage pour le flouter un peu et rendre les émotions du personnage plus complexes à cerner...

Et au travers de quelques événements voués à tester le lien des deux hommes (comme une mutation), on ressent bien l'état d'esprit des héros et les évolutions qui s'opèrent doucement en eux, comme autant de moyens de cicatriser leurs blessures. Ainsi, Shûna l'affirme bien: peu importe le Kan du passé, il est tombé amoureux du Kan du présent, tel qu'il est aujourd'hui. De plus, Shûna se fiche désormais des attentes des autres et veut surtout tout faire pour devenir celui que Kan attend, car c'est lui qu'il aime et personne d'autre. Quant à Kan, cet amour envers lui et que lui-même ressent saura-t-il le faire changer ? Parviendra-t-il enfin à avoir le sentiment qu'il a le droit d'aimer à nouveau ?

La lecture est alors efficace, d'autant plus qu'un bref chapitre spécial revient un petit peu sur le couple Yumi/Mayama de Love whispers even in the rusted night et que, surtout, pour ce tome 1 Taifu Comics nous gratifie d'une édition spéciale moyennant un prix plus élevé de 11,90€. Au programme de cette édition spéciale, la présence d'un livret contenant "Azami", une histoire courte de presque 50 pages en lien direct avec l'oeuvre puisqu'elle dévoile enfin, plus en détails, la manière dont ont commencé les violences de Kan dans sa relation passée avec Yumi. Et le résultat est déchirant dans ce qu'il nous montre, entre une part critique concernant les violences/humiliations dans le monde du travail, les circonstances atténuantes que cela amène à Kan quand bien même ce qu'il a fait ne peut être entièrement pardonné, la tristesse de ces dernières pages où les violences débutent alors même que Yumi s'inquiète tant pour celui qu'il aime...

Quant à l'édition, elle est très bonne. Le livret est de bonne facture, et le volume bénéficie lui aussi d'une bonne qualité de papier et d'impression. On saluera le retour à la traduction de Nicolas Pujol, déjà traducteur de Love whispers even in the rusted night et de The proper way to write love, pour un ensemble cohérent.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction