Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 29 Septembre 2023
Alors qu'il avait des pensées meurtrières très sinistres envers sa camarade de classe et égérie du collège Anna Yamada, l'un peu névrosé et très solitaire Kyôtarô semble, petit à petit, commencer à changer d'avis sur cette fille, mais aussi à changer lui-même, depuis qu'il a l'occasion de la croiser régulièrement à la bibliothèque, lieu qui est en quelque sorte devenu leur repaire à tous les deux, mais initialement pour des raisons différentes (lui pour s'isoler, elle pour manger ses bonbons et gâteaux en douce alors que c'est normalement interdit dans l'établissement).
Dans ce deuxième tome, diverses petites situations s'enchaînent encore au fil des courts chapitres. Et que ce soit lors de discussions parfois douteuses de son entourage (coucou Adachi), quand il monte sur un vélo avec Yamada, quand il la protège d'une sanction en mangeant encore ses gâteaux, ou pendant un voyage de stage d'observation ponctué d'imprévus, chaque occasion est bonne pour que Norio Sakurai nous plonge plus en profondeur dans les pensées et les tourments de ce jeune garçon, jusqu'à bien mieux nous le faire découvrir, loin de l'image flippante qu'il renvoyait dans le premier volume. Tout en observant ses différents comportement gênés et en suivant son introspection, on voit que l'adolescent hyper négatif, replié et malsain laisse petit à petit place à un garçon qui est surtout en manque total de confiance en lui, et pour qui la route vers l'émancipation et la prise de confiance en soi sera sûrement longue.
Mais sur cette route, il y a désormais quelqu'un: Yamada, cette adolescente en réalité radicalement différente de l'image d'idole du collège que tout le monde ou presque s'en fait. On le voit voit de plus en plus au fil des pages: Kyôtarô s'ennuie quand elle n'est pas là, il a envie de la voir, il ne supporte pas que les autres garçons parlent d'elle de façon dégradante comme si elle n'était qu'un objet de fantasmes (chose qui amène encore une petit part de dialogues sexuels crus assez typiques de la puberté), et il se surprend même à prendre désormais du plaisir à aller à l'école juste pour la voir et interagir avec elle, même s'il se persuade toujours qu'il fait tâche à côté d'une fille comme elle. Si bien qu'au bout du compte, il y a de moins en moins de doutes sur ses sentiments réels, des sentiments ayant le mérite, contrairement aux autres garçons, de voir au-delà de la belle apparence de la jeune fille. Kyôtarô se rendra-t-il seulement compte de ces sentiments qui sont désormais bel et bien ancrés en lui ? Une chose est sûre: Norio Sakurai met plutôt bien le doigt sur ce décalage qu'il peut y avoir, lors d'un premier amour, entre l'instant où on tombe amoureux et le moment où on en prend conscience.
Ajoutons à ça le dessin qui, derrière ses quelques inégalités, colle plutôt bien au fond avec ses visages tout ronds et très expressifs, et on obtient un deuxième volume qui engrange un certain capital-sympathie, en donnant une meilleure idée de l'orientation de l'oeuvre, et en ayant même des côtés adorables et touchants à plusieurs reprises. On confirme donc que les éditions Kana ont vraiment bien fait de publier ce volume 2 en même temps que le tome 1, tant le premier opus ne peut se suffire, étant donné que le côté névrosé et malsain de Kyôtarô semblait surtout là pour accentuer le fait qu'il n'a aucune confiance en lui. Si le premier tome vous a laissé une impression mitigée, ne vous arrêtez donc pas à celui-ci et poussez au moins la lecture jusqu'au volume 2, qui semble déjà plus représentatif de ce que devrait être la série sur la longueur !