The Commonbread Vol.1 - Actualité manga
The Commonbread Vol.1 - Manga

The Commonbread Vol.1 : Critiques

Haikyo no Meshi - The Commonbread

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 20 Juin 2023

Le mois dernier, les éditions Vega-Dupuis ont lancé en France une nouvelle série de science-fition assez courte puisqu'elle ne totalise que 4 volumes: prépubliée au Japon à rythme assez tranquille, entre 2018 et fin 2022, sur le site web Alphapolis de l'éditeur éponyme sous le nom Haikyo no Meshi, The Commonbread (qui est aussi le sous-titre en version originale) fut la toute première série manga professionnelle de Mujiha, un artiste qui est également illustrateur et qui, depuis très peu de temps (2023, en l'occurrence), a lancé dans son pays d'origine son deuxième manga, Kuro no Grotesque, toujours dans le domaine de la SF.

Cette série nous plonge dans un futur lointain où cela fait déjà plus d'un millénaire et quelques siècles que l'espèce humaine décline inexorablement, sans pour autant s'éteindre totalement. Loin de l'époque où elle se sentait capable d'explorer le cosmos, l'humanité est désormais réduite à une poignée d'humains qui, pour la plupart, survivent autour d'une usine automatisée qui produit le Commonbread, aliment en forme de pain, à la composition inconnue, et procurant tous les nutriments nécessaires au maintien des fonctions vitales. Le Commonbread est le seul aliment autorisé par l'église qui l'a élevé au rang de valeur suprême, et cela pour une raison: il s'agirait soi-disant d'un don de Dieu.

C'est dans ce monde aux accents quelque peu post-apocalyptiques que vit Haruka, jeune femme surnommée la fouilleuse car elle fouille les vestiges enfouis afin d'y trouver des choses qui pourraient être utiles et qu'elle revend ensuite. Son quotidien aurait pu se limiter à ce travail et à ses interactions avec ses proches: le brocanteur "papy" à qui elle vent souvent ce qu'elle trouve, ainsi que Ljos et Takeshi. Mais Haruka a un autre secret. Un désir que Ljos soutient et dont Takeshi se moque: dénicher d'autres choses à manger que le Commonbread, quand bien même l'église interdit tout autre aliment. Voici bien longtemps qu'avec Ljos, elles ont eu l'occasion de goûter un mets dont elles se souviennent encore: le curry, qu'elles rêvent de retrouver un jour. Et à partir du moment où Haruka déniche dans des ruines Sol, une I.A. qui criait au secours depuis près d'un millénaire et qui a en lui une riche base de données, sa quête secrète pourrait bien commencer à avancer.

Si l'univers post-apo de base a quelque chose d'assez séduisant avec ses quelques concepts installés (le Commonbread, le fait que ce soit l'unique aliment autorisé par l'église...), il faut toutefois se dire que c'est une atmosphère relativement légère que nous propose Mujiha pour le moment. Ainsi, dans ce premier tome, la fameuse église n'apparaît jamais et il n'y a aucun acte de répression de leur part. il faudra donc attendre la suite pour savoir si ce petit univers va vraiment s'intensifier ou pas, car dans l'immédiat l'auteur se contente surtout de croquer les premières petites aventures de Haruka une fois qu'elle a déniché Sol, aventures passant autant par ses recherches d'objets à revendre que par sa quête culinaire secrète. Et sur ce plan là-, la lecture fonctionne assez bien.

Tout d'abord, parce que cette héroïne séduit assez facilement dans son genre. Particulièrement casse-cou (elle ne recule jamais quand il y a du danger), ça lui vaut d'être traitée de folle par les uns et d'être admirée voire courtisée par les autres, mais elle se fiche bien du regard d'autrui et a même un don pour mettre des vents aux hommes qui lui font des déclarations, car ça ne l'intéresse absolument pas et elle les oublie sitôt après. Ce qui semble plus intéresser la jeune femme, c'est bien sa double-quête d'objets et d'aliments, où elle se donne à fond pour le coup, mais sans jamais se débarrasser de son expressions faciale un peu neutre et nonchalante. Et si Haruka n'a pas peur des risques, c'est sans doute parce qu'elle se débrouille particulièrement bien quand il faut se battre. Que ce soit à distance avec un pistolet-commonbread (eh oui, cet aliment peut aussi servir d'arme !) ou au corps-à-corps avec son bâton, contre toutes sortes de monstres ou contre des bandits humains, la miss en impose assez dans son genre.

Ensuite, parce que le travail graphique de Mujiha s'avère très intéressant, en s'encrant dans un style que l'on a envie de comparer à Tsutomu Nihei à partir de Knights of Sidonia ou à Yukito Kishiro période Gunnm mars Chronicles, avec pas mal de blanc exploité intelligemment pour faire ressortir de vrais designs travaillés. les décors se révèlent ainsi assez riches dans leur genre, que ce soit les paysages un peu désertiques ou en ruines, les habitations, les restes de constructions à l'architecture suffisamment poussé en ou certains intérieurs plutôt foisonnants comme la maison du brocanteur "papy". Et le bestiaire se veut tout aussi travaillé avec suffisamment d'originalité, à l'image des monstres-vermines à la bouche tentaculaire ou de la créature faite d'une espèce d'amas gluant. Enfin, c'est aussi dans le rendu de l'action que le mangaka séduit assez: sans que les affrontements soient poussés ou longs, il livre quelques séquences dynamiques, claires dans leurs angles de vue et suffisamment fluides dans les échanges de coups.

A l'arrivée, The Commonbread se présente pour l'instant comme une petite lecture de SF tranquille et sans grosse prétention. Bien que l'oeuvre séduise facilement dans son ambiance un peu à part pour de la science-fiction et dans son rendu visuel bourré d'idées, on espère tout de même que les quelques idées intrigantes de l'univers vont gagner en importance (en ce qui concerne l'église, ou un ami d'enfance disparu que Haruka espère retrouver en vie un jour), et que les quelques légers climax (comme celui concernant la nature de la "Lune" dans les dernières pages) ne seront pas là juste pour faire beau. En tout cas, une chose est sûre: la série étant courte, on la suivra avec intérêt jusqu'au bout !

En ce qui concerne l'édition française, Vega-Dupuis propose une copie convaincante. Derrière la jaquette sobre et très proche de l'originale japonaise jusque dans la typo du logo-titre, on trouve un papier souple et très peu transparent, un lettrage appliqué de Daphné Belt, et une traduction toujours très claire de la part de Satoko Fujimoto.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs