Testarotho Vol.1 - Actualité manga

Testarotho Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 15 Mai 2012

Avant le Berceau des Esprits, avant L'île de Hozuki, avant Kamiyadori, le prolifique Kei Sanbe conçut Testarotho, sa première oeuvre sortie en France, aux éditions Vegetal/Soleil.

Sortant tout juste de sa formation au couvent, la soeur Capria peut à présent mettre ses talents au service de l'Inquisition, et est chargée de rejoindre l'équipe de conversion des hérétiques dirigée par le père Garrincha, surnommé "le zébré au sang de glace" à cause de sa froideur, de son implacabilité face à ceux ne croyant pas en Dieu, et de ses cicatrices infligées en s'opposant à eux. Faisant la connaissance de ses nouveaux compagnons, dont l'intransigeant Leonidas, Capria effectue ses premières missions, et est amenée à se poser de plus en plus de questions... Dans un monde chaotique où l'Eglise et les non-croyants s'opposent violemment, où se situe le bon camp ?

Ainsi, le récit de Kei Sanbe s'installe dans un contexte chaotique et violent, où l'auteur se fait alors plaisir au niveau de l'action. De ce côté-là, on reconnaît déjà le talent de l'auteur : si son trait est ici forcément plus vieux, un peu moins précis et détaillé, il profite déjà d'un dynamisme indéniable où vient se mêler ce goût de toujours pour les femmes bien en chair, bien que le fan-service reste extrêmement discret. Le cocktail est efficace, sans l'ombre d'un doute.

Rythmé par beaucoup d'action, ce premier volume ne se limite pas à cela, et met en place une histoire somme toute prometteuse, basée sur des éléments qui ne demandent qu'à se développer. Ainsi, suivre les premiers pas de Capria au sein de l'équipe de Garrincha nous fait prendre connaissance en même temps qu'elle de ses nouveaux collègues, à la mentalité tout à fait particulière, à commencer par Garrincha lui-même, et surtout par le dénommé Leonidas, implacable, effectuant ses missions sans état d'âme et sans distinction, n'hésitant pas à abattre femmes et enfants s'il le faut, mais cachant au fond de lui bien des regrets, comme le prouveront ses scarifications, sorte d'exutoire aux horreurs qu'il est obligé de commettre. A vrai dire, Leonidas est sans doute le personnage le plus mis en avant dans ce premier tome, comme le montrera encore un flashback sur lui en fin de volume, et se présente donc aussi comme le plus intéressant, notamment parce qu'il met bien en avant la grande idée de ce manga : jusqu'à quelles terribles extrémités des personnes bornées ou trop enfermées dans leurs croyances peuvent-elles aller pour imposer leurs idées ?
De ce côté-là, sous couvert de récit d'action efficace, Kei Sanbe ne tombe pas dans la facilité du récit manichéen et, via l'arrivée de Capria et son évolution, installe bien le contexte et présente deux camps (Inquisition et "hérétiques") ni tout roses ni tout noirs, voire tous deux plus noirs que roses.

L'introduction de Testarotho est donc prometteuse. Si l'on ne sait pas encore grand chose et que l'histoire manque encore un peu d'ampleur, l'univers est bien mis en place, le récit est immersif, bien rythmé, soulève une question intéressante. Reste à voir ce que l'auteur en fera.

Enfin, signalons que Kei Sanbe semble être un grand amateur de sport, puisque quasiment tous les noms propres du manga renvoient à d'anciens grands noms du football ou du tennis, ainsi qu'à des lieux connus de ces sports, comme le Maracana.

Du côté de l'édition, le grand format est sympathique, mais il est dommage que la qualité d'impression ne lui fasse pas toujours honneur: à plusieurs reprises, on tombe sur une impression un peu floue. On saluera les huit premières pages en couleur. Enfin, la traduction est fluide, vivante, montre déjà le talent du traducteur Sylvain Chollet.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs