Teenage Renaissance Vol.1 - Actualité manga

Teenage Renaissance Vol.1 : Critiques

Shishunki Renaissance! David-kun

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Septembre 2021

En ce mois de septembre, les éditions Akata accueillent ce qui est leur toute première série issue du célèbre magazine Shônen Jump de Shûeisha... Mais, bien loin des longs blockbusters dudit magazine, l'éditeur s'est plutôt penché sur un court OVNI du Jump, qui avait pu intriguer à l'époque de sa prépublication en 2018-2019, et qui rejoint fort logiquement la collection WTF?!. De son nom original Shishunki Renaissance! David-kun , Teenage Renaissance est une oeuvre bouclée en 4 volumes, et est la toute première série (et toujours la seule à ce jour) professionnelle de Yûshin Kuroki, un mangaka qui fut longtemps l'assistant de Suu Minazuki (l'auteur de Tombée du ciel/Sora no Otoshimono et de Plunderer), et qui tentait régulièrement sa chance dans des concours pour débutants (comme il l'avoue lui-même) avant d'enfin avoir la chance de dessiner sa propre série.

Ce récit nous immisce aux côtés de David, un lycéen étudiant au lycée du Louvre. Comme tout garçon de son âge en pleine puberté, l'adolescent est intéressé par les choses de la vie, d'autant plus qu'il n'a d'yeux que pour Vénus, sa belle, douce et gentille camarade de classe. Bref, un quotidien adolescent tout ce qu'il y a de plus normal... ou pas ? En effet, dès la première page où des adolescents normaux vaquent à leurs occupations, on sent quand même qu'un petit truc n'est pas banal puisque le lycée a devant lui la Pyramide du Louvre. Et dès les pages suivantes, la bizarrerie se confirme: ça ne choque absolument personne, mais David n'est autre que la statue du David de Michel-Ange, l'une des plus célèbres sculptures de la Renaissance italienne ! Il n'est pas le seul dans ce cas: sa dulcinée Vénus est inspirée du tableau La Naissance de Vénus de Botticelli, son meilleur ami et plus fidèle "conseiller" n'est autre que le Manneken Pis bruxellois en personne, une autre camarade de classe s'avérera être Mona Lisa (La Joconde) tandis qu'il a pour "meilleur ennemi" Goliath... En somme, autant d'éléments qui ont de quoi créer nombre de situations décalées, et il s'agit bien d'un des buts principaux afin de susciter l'amusement... mais pas que.

Car à partir de cette base improbable, le mangaka va s'appliquer à croquer, de fil en aiguille, nombre de clins d'oeil culturels et de situations parodiant des oeuvres souvent issues de la Renaissance (mais pas uniquement), oeuvres qui auront ensuite droit à quelques éléments de présentation dans des pages bonus entre les chapitres. Ou comment (re)découvrir des oeuvres d'Art célèbres tout en souriant ! Mais bien sûr, l'auteur ne s'arrête pas à ça, car pour amener ces références, il va jouer sur un flot de situations qui, sur un départ a priori anodin (David qui essaie d'avoir l'air classe devant Vénus en disant qu'il surfe, qui demande conseil à Manneken Pis, qui se fait de gros quiproquos coquins tout seul, qui aide Mona Lisa à dépasser son côté renfermé, qui fait des recherches pas bien glorieuses sur le net, qui doit subir les défis de Goliath, qui passe une journée à la plage avec tout le monde...), vont souvent devenir ubuesques, en jouant autant sur les spécificités de certains personnages/oeuvres d'Art (le pipi du Manneken Pis donnera lieu à un petit paquet de situations farfelues, tout comme le visage figé de Mina Lisa) que sur des troubles et frasques propres à la puberté, à l'image bien sûr de l'esprit régulièrement pervers de notre héros, ou des soucis d'apparence de Mona Lisa.

En résulte une lecture assez unique en son genre... et qui, alors, ne plaira pas à tout le monde, l'humour étant quelque chose d'extrêmement subjectif. De façon concrète, on peut dire que Yûshin Kuroki cherche à exploiter à fond les différentes facettes de son concept perché, mas que cela aboutit parfois à un comique un peu répétitif, car tournant généralement autour du même schéma et du même type d'humour (un peu gras/grivois d'un côté et grotesque/absurde/loufoque de l'autre), au fil de chapitres globalement indépendants et ne durant pas très longtemps. On se dit alors déjà que la courte durée de la série sera sans doute une qualité, car un tel concept ne peut s'étirer bien longtemps sans trop tourner en rond.

Sur le plan visuel, le dessinateur livre une copie assez classique dans les décor,s le découpage et les designs des personnages secondaires... hormis, bien sûr, quand il s'agit de soigner ses pastiches d'oeuvres d'Art, et d'exploiter le look improbable des personnages principaux. Ainsi, David et Manneken Pis ont vraiment un rendu très proche de celui de leur statue d'origine, tout comme Mona Lisa a le visage typique de la Joconde, avec en plus pour tous ceux-là des expressions faciales diverses pour lesquelles le mangaka s'est sans doute beaucoup appliqué afin de trouver un équilibre ne dénaturant pas totalement le statues/tableaux qui l'ont inspiré.

Ce premier volume de Teenage Renaissance est donc une véritable petite curiosité, dont l'humour sera loin de toucher tout le monde, mais qui mérite le coup d'oeil. En espérant que le mangaka parviendra à se renouveler suffisamment pendant les trois tomes suivants !

Notons également que le tome est quelque peu écourté pour laisser place, dans sa dernière partie, à une histoire courte d'une quarantaine de pages: "Yoshida le méga-maxi-mateur", un récit que Kuroki a dessiné en 2011 quand il était en première année de fac, et qui témoignait déjà de tout le sens de l'humour délirant et un peu grivois du mangaka avec un héros atteint d'une étrange maladie, qui devra sauver la planète Terre grâce à la force des petites culottes.

Cette chronique ayant été écrite à partir d'une épreuve numérique, on ne donnera pas d'avis sur l'édition, mais on peut tout de même signaler la grande efficacité du travaille de traduction-adaptation-lettrage du trio Claire Olivier/Anaïs Koechlin/Camille Roginas, le tout étant vivant et bien porté par quelques excellentes idées comme les jurons en italien ou quelques jeux de mots gratinés.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction