Syndrome du tournesol (le) - Actualité manga

Syndrome du tournesol (le) : Critiques

Kôjitusei No Tobira

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 28 Octobre 2009

« Désolé, mais tu vas me laisser t’accompagner. Parce que ça m’ennuierait que tu déguerpisses ! »

Sis Beckett est un simple architecte d’intérieur quelque part en Europe. Un beau jour, il apprend la mort de son frère aîné, qui a déjà disparu de sa vie depuis une dizaine d’années, et se retrouve à héberger Kai Beckett, le fils adoptif de Maynard. Néanmoins, ce nouveau fils se glisse régulièrement dans les draps du frère de son tuteur, sans que Sis parvienne à le repousser totalement. Une relation étrange, triplement taboue et mystérieuse débute alors entre les deux jeunes gens : leur sexe, leur âge et leur position familiale les séparent, mais quelque chose les pousse l’un vers l’autre. Jusque là, rien de bien transcendant. Cependant, en arrivant, Kai a laissé une carte mémoire à Sis. Les données viennent de Maynard, mais Sis ne parvient pas à trouver le bon code pour y accéder, et il s’en fiche de plus en plus : tant que Kai est avec lui, il en oublie le reste. Jusqu’à ce que l’adolescent s’attire des ennuis auprès d’un centre de recherches et vis-à-vis de la CIA. Que contient cette carte, que renferme le passé de Sis, que cache Kai derrière son air rêveur ? Entre amnésie, action et fausses identités, l’amour prend une nouvelle dimension et s’épanouit dans un contexte tout à fait novateur.

Le syndrome du tournesol est une réelle maladie neurologique : elle se manifeste par une amnésie post traumatique suite à un grave accident. Cette perte de mémoire est durable, mais régressive dans le temps, et surtout sans autres séquelles. Ce qui nous fait immédiatement penser à Sis … Toutefois, le syndrome de Tournesol est également la situation d’un chercheur curieux et consciencieux, ce qui renvoi d’avantage au frère de Sis. Bref, le titre n’aura pas été choisi par hasard et il sous entend dès le début cette histoire d’amnésie, pour qui sait ce que l’auteur a voulu dire dans ce titre. Et malgré la thématique classique de la perte de mémoire, la narration n’est jamais facile ou bâclée : l’histoire est montée avec minutie, bien qu’elle soit dans l’ensemble difficile à saisir. L’action n’est pas qu’un prétexte dans le récit (comme dans Yellow, chez Asuka), et les sentiments sont intimement liés au destin des protagonistes. Ceux-ci n’expérimentent pas que l’amour comme évidence, mais également la souffrance, la séparation, l’apprentissage l’un de l’autre malgré les secrets et les non dits … Kai doit tempérer ses ardeurs et reconquérir Sis, et ce dernier doit accepter ne rien connaître sur lui et sur sa vie. Bref, un récit qui reste globalement cohérent et sérieux, notamment une fois les deux premiers chapitres, préambules à l’histoire, passés. On regrette toutefois, outre la complexité des explications, la négligence de l’auteur vis-à-vis des personnages secondaires comme Jin, qui ne servent que peu le manga et ne prennent aucune place importante malgré leur présence. En contrepartie, il faut noter que rien n’arrive avec un fabuleux hasard : encore une fois, tout est assez logique dans la narration de Shoowa, qui nous offre ici un yaoi qui allie subtilement sentiments, sexe et intrigue.

Pour soutenir une narration, souvent solide, parfois un peu trop faible dans la clarté, la mangaka nous comble par des dessins très esthétiques : les proportions sont respectées, les représentations des hommes ne sont en aucun cas exagérées, les personnages sont reconnaissables et savent évoluer avec le temps … Le trait est léger, volontairement brouillon dans les détails pour alléger le dessin, la dynamique de l’ensemble assez bien mise en valeur. On peut cependant reprocher à l’auteur des arrières plans parfois trop vides, qui n’auraient rien gâché par leur présence, une dose de texte parfois un peu lourde et des expressions pas toujours assez marquées chez certains personnages. Mais rien de bien méchant : le tout reste d’excellente facture (notons que le lecteur a le plaisir de ne pas admirer les pleurs de Kai pendant l’amour : fait de plus en plus rares dans les mangas mettant en scène un personnage plus jeune). Taïfu a très bien choisi son titre et, avec Cut et Après l’orage, les sorties de fin octobre sont réellement satisfaisantes, rattrapant les erreurs de parcours précédentes … Mais le papier est toujours d’aussi mauvaise qualité, les erreurs d’inattention dans la traduction existent encore et les textes ne sont pas toujours évidents à lire. De plus, la couverture déçoit un peu : aucun travail de finition de la part de l’éditeur, qui s’est contenté de conserver l’image et le titre originaux, d’apposer leur logo et de marquer sommairement le titre français. Mais ce n’est pas ça qui nous empêche d’acheter cet excellent manga ! Juste un peu le prix, qui a tendance à rebuter par rapport à la moyenne du marché … « Effet yaoi » ?


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs