Sur la pointe des pieds Vol.1 : Critiques A la rencontre de l'hiver

C'est en 2016 que débarquait au catalogue d'EP un petit ovni chinois: « Sur la pointe des pieds », une série de bandes dessinées toute en couleur en 6 volumes, de Jidi et A Geng. 

« Sur la pointe des pieds » est l'adaptation du roman éponyme de Jidi. C'est un récit un peu autobiographique qui se focalise sur Lin Xiaolu, une jeune lycéenne un peu fantasque, passionnée par le dessin. Elle passe son temps dans son petit monde imaginaire, bien plus réconfortant que la réalité du monde des adultes. Ainsi elle a traversé le divorce de ses parents assez sereinement sous le regard incrédule de son entourage et elle a survécu au collège sous les récriminations de son père et de sa professeure, obsédée par ses résultats scolaires. Puis, elle retrouve sa mère, persuadée que sa fille a son talent propre, lui trouve un lycée professionnel artistique où elle commence enfin à s'épanouir. Et alors qu'elle rentrait chez elle, elle surprend un jeune homme en train de peindre, un garçon qui rayonne ! Elle va alors commencer à le suivre, voulant en apprendre plus sur lui, mais en étant trop timide pour l'aborder. Ce « garçon aux taches d'encre », Han Chè, pourrait bien amener notre jeune Lin Xiaolu à sortir de sa coquille et à affronter ce « monde des adultes » qu'elle évite depuis toute petite. 

La BD se découpe en chapitre assez cohérent, chacun mettant l'accent sur un aspect de la vie de la jeune fille et des problématiques qu'elle a rencontrées.

« Sur la pointe des pieds » est lumineux. C'est l'histoire d'une jeune fille qui a vécu des choses difficiles dans sa vie (un divorce et une pression sociale assez importante en raison de ses résultats scolaires faibles), mais qui a toujours su voir le côté positif des choses. Depuis toute petite, elle laisse son imagination l'entraîner auprès de personnages mythiques et fantastiques (comme les Chevaliers du Zodiaque), ce qui lui permet de prendre la vie de manière positive et de ne pas se laisser submerger par la dureté du monde extérieur, notamment le monde scolaire, apparemment très dur vu ce qu'ils nous montrent. De plus, on remarque encore une fois l'importance de la réussite et de l'honneur dans les pays asiatiques, valeurs absolument fondamentales dans ces sociétés, valeurs qui sont sources de nombreuses pressions qui ont été de nombreuses fois traitées dans les bandes dessinées asiatiques en tout genre. Ici, le problème est abordé de manière assez solaire, grâce à ce regard si candide et fantasque de notre Xiaolu qui traverse ses épreuves avec optimisme et abnégation. Pourtant, quand elle va rencontrer Han Chè, Xiaolu va devoir faire un pas dans cette réalité qu'elle a toujours évité.

Au niveau du dessin, on a droit à un travail très soigné et expressif. On retrouve parfaitement le côté très fantasque du personnage dans la composition des cases et dans les attitudes des personnages. Il manquerait peut-être un poil de différenciation au niveau des faciès de certains personnages, mais on peut espérer que cela se corrigera au fil des tomes. Mais plus que le dessin, c'est définitivement la gestion des couleurs et des ambiances qui fonctionnent dans cette bande dessinée. Ainsi, à chaque chapitre quasiment, on aura le droit à des doubles pages de toute beauté, captant un instant de la vie de la jeune Xiaolu et le sublimant. 

Au niveau de l'édition, EP a choisi d'utiliser une police assez stylisée, plutôt bien choisie, car elle colle au ton de l'histoire, mais elle aurait parfois besoin d'être un poil plus grand. Au niveau de la traduction, c'est un bon travail, très fluide et lisible. 

« Sur la pointe des pieds » est une véritable petite pépite : que ce soit au niveau du scénario qui est une véritable bouffée d'air frais pleine de poésie, qu'au niveau du dessin, passant du cartoon au double page équivalente à de l'illustration. C'est une bande dessinée à ne pas rater chez EP, et qui mérite toute notre attention !