Sprite Vol.1 - Actualité manga

Sprite Vol.1 : Critiques

Sprite

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 01 Octobre 2018

Critique 2


Ce qui semblait être une journée banale de lycéenne pour Yoshiko et ses amies se transforme rapidement en une catastrophe naturelle aux allures occultes. 


Après avoir rendue visite à son ami d’enfance reclus, Yoshiko s’aperçoit de la tombée de flocons noirs, pourtant ce phénomène est invisible pour ses amies Kiriko et Miki. Ces dernières ne manquent pas de lui répliquer que cela est dû à des hallucinations. Ce n’est que lors de la visite de son oncle Shogô, pour lui apporter des vivres du fait que ce dernier passe ces journées sur un jeu en ligne depuis près de dix ans, qu’un tremblement de terre secoue l’immeuble dans lequel Yoshiko se trouve. Suivi d’un tsunami d’eau noire qui engloutit la quasi-totalité des étages du building, il faut un temps pour Yoshiko, Kiriko et Miki afin de reprendre leurs esprits et chercher d’autres rescapés. C’est un monde différent qui les attend , un monde cruel dans lequel le manque de ressources n’est plus compatible avec le vivre ensemble et l’entraide. 


Cette introduction est une bonne ouverture à la série, on présente rapidement notre protagoniste principale pour la lancer dans le chaos d’une catastrophe en plein cœur de Tokyo. Cela a le mérite de poser une ambiance sombre et noire de la nature humaine dans ce genre d’événements. Bien qu’il existe des altruistes qui pense à secourir des rescapés et partager leurs ressources, le cas d’Aikawa ; d’autres ne cherchent qu’à assouvir leur égoïste besoin et laisser sur la touche des gens dans le besoin. Yûgo Ishikawa introduit également les prémices de son intrigue surnaturelle avec les premières révélations sur l’origine de cette « eau noire » et la connaissance non dissimulée de Shogô sur la réelle nature des événements. Le volume présente aussi les caractères de Kiriko et de Miki de façon subtile et claire pour le lecteur : Kiriko, à fleur de peau et assassine dans ses paroles ; Miki, timide, mais souhaite aider du mieux possible. Pour Yoshiko, on note sa volonté d’aider son prochain, au début du volume on remarque toute l’attention qu’elle porte à son ami d’enfance, elle laisse volontiers sa place dans le train, elle ravitaille son oncle trop occupé à jouer en ligne. 


Cette ambiance sombre est parfaitement retranscrite à travers le dessin d’Ishikawa. Certains visages sont déformés par la peur ou la douleur ; la perte de toute logique, l’abandon d’une raison de vivre. A plusieurs reprises les visages sont différents de l’expression neutre qu’un personnage pouvait exprimer au début du volume, comme si une autre personnalité faisait surface, une personnalité faisant passer la survie de l'individu avant le vivre-ensemble. Un homme cherchant désespérément de l'aide pour sa femme enceinte, Aikwava se souvient de l'ancien séisme qui a coûté la vie à un être cher..  Kiriko ne souhaitant pas rester recluse dans une atmosphère étouffante cherche par tous les moyens à atteindre l’air libre. Le mangaka joue également sur un jeu de clair/obscur, l’eau noire ou la nuit accentue d’ailleurs ce sentiment d’étouffement dans des couloirs exigent d’un étage d’immeuble. 


L’auteur nous livre une lecture rythmée, les révélations intervenant au bon moment, on a envie de continuer de lire et d'en découvrir davantage. Le monde dans lequel évoluent nos protagonistes tire son inspiration des nombreuses catastrophes liées aux séismes qui secouent le Japon et cela offre un certain réalisme aux actions des personnages, qu’elles soient altruistes ou non. L’aspect surnaturel devra alors être davantage travaillé dans les prochains volumes pour pouvoir apporter une originalité captivante pour cette série. 


Critique 1


"Inutile de hurler ou de gémir, personne ne viendra nous sauver..."



Des flocons noirs tombent du ciel. Alors qu'elle vient prendre des nouvelles d'un ami d'enfance, Yoshiko est la seule à les voir. Le soir-même, la jeune fille, accompagnée de deux amies, rend visite à son oncle habitant au quarante-deuxième étage d'une tour surplombant Tokyo. Mais c'est au même moment que la ville est dévastée par un violent séisme, suivi d'un tsunami surgi de nulle part, d'un noir d'encre lui aussi. Bloqués en haut de cette tour semblant être la dernière partie émergée de la mégalopole, Yoshiko, ses amies et les survivants du cataclysme s'organisent pour sauver les blessés.... et chercher à comprendre ce qui vient de se produire. Et si ce cataclysme n'était que le prélude à des évènements encore plus perturbants ?

C'est avec ce synopsis rappelant, hélas, les tragiques évènements au Japon du 11 mars dernier, que nous découvrons Sprite, série de Yugo Ishakawa. Si l'éditeur Kazé a insisté sur le fait que l'auteur était un ancien assistant de Naoki Urasawa, c'est en cachant une carrière très prolifique, bien qu'encore méconnue en France. Du même âge que l'auteur de Monster, Ishikawa a débuté sa carrière en 1985 et raconte autant des histoires de tranche-de-vie, d'arts martiaux, de fantastique,... Ici, nous rentrons donc dans un univers entre la survie et l'horreur, sans oublier un aspect surnaturel particulièrement prononcé.

A peine avons-nous eu le temps de découvrir l'héroïne et son caractère altruiste que déjà, Tokyo bascule dans l'horreur. C'est donc dans l'adversité et la panique que nous apprendrons à découvrir les caractères, souvent peu glorieux, des protagonistes. Si Urasawa dépeint des portraits humanistes, Ishikawa présente avant tout le désespoir, l'égoïsme, l'agressivité, le regret d'une douleur irréparable... tant de facettes si négatives qui se mêlent si bien à l'ambiance très sombre de la série. On s'arrêtera plus particulièrement sur l'oncle de Yoshiko, sortant de dix ans de jeu en ligne et en proie à une certaine folie... ou lucidité, c'est au choix.

Après l'intense phase d'introduction cédant à la panique, il faudra rapidement se remettre de ses émotions, alors que surgissent les mystères autour de cette eau noire qui a envahie les lieux. Ce liquide dispose de propriétés terrifiantes, que certains découvriront en payant le prix cher. En constituant à la fois une mystérieuse menace et un rempart infranchissable, elle fait basculer le récit non pas dans un scénario catastrophe mais dans un huis-clos oppressant et mystique, à rapprocher d'un Dragon Head. Si certaines réponses ne tardent pas à poindre, et que la situation avance vite, on est à la fois confus et très intrigué par la finalité du phénomène. Certaines questions métaphysiques apparaissent, rappelant sur certains points le célèbre Akira de Katsuhiro Otomo. En sortie de volume, le lecteur aura surtout hâte de voir où le récit peut encore le mener... et les possibilités sont nombreuses !

Le trait d'Ishikawa semble parfaitement concorder avec l'ambiance de la série, en renforçant le côté sombre et légèrement malsain du titre. Si les visages peuvent paraitre déséquilibrés, notamment pour les personnages les plus âgés, cela renforce leurs bassesses morales et leur vécu. Il n'en reste pas moins que le résultat est assez inégal, le trait se voulant tantôt trop réaliste, tantôt trop léger. Si certaines scènes d'action ont du mal à être retranscrites, le style graphique gagne néanmoins en intérêt sur des passages bien plus angoissants. Au final, si le dessin n'est pas le point fort du titre, on s'en contente pleinement tant il s'accorde au propos. Du côté de l'édition, il n'y a pas grand-chose à redire si ce n'est un encrage parfois trop prononcé et gênant la lisibilité générale. Mais devant une série au sombre tant dans le fond que dans la forme, il était difficile de trouver un bon équilibre.

Au final, ce premier tome de Sprite nous remue les tripes en imposant rapidement et brutalement ses mystères, dans une séquence introductive très réussie et nous mettant directement au cœur de l'action. La série promet déjà de très grandes intrigues et des mystères complexes qu'il nous tarde déjà de comprendre. Cependant, le portrait très sombre des survivants peu enclins à l'entraide et la noirceur du titre pourraient repousser plus d'un lecteur. Toujours est-il que le titre pourrait trouver un écho particulier du fait de l'actualité, en nous faisant réfléchir sur les conséquences de telles catastrophes. Et vous, que feriez-vous ?


Critique 2 : L'avis du chroniqueur


15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs