Sous la pluie avec toi Vol.1 : Critiques

Ame to kimi to

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Juin 2025

En ce mois de juin, les éditions nobi nobi! nous proposent, au sein de leur collection Genki, d'enfin découvrir en France tout le talent de Kô Nikaidô, mangaka qui, depuis ses débuts professionnels en 2015, a su séduire un assez large lectorat au Japon grâce à la richesse et à la subtilité de ses planches et de sa narration, au point de posséder notamment plus de 320 000 abonnés sur le réseau social X à l'heure où cette chronique est écrite. Ce sont ainsi deux oeuvres qui sont à découvrir dans notre langue à partir du 11 juin, dont l'une est celle qui nous intéresse dans ces lignes: Sous la pluie avec toi.

De son nom original "Ame to Kimi to" (littéralement "La Pluie et Toi", le titre français étant donc assez fidèle et joliment tourné), cette tranche de vie est prépubliée au Japon depuis 2020 dans le Young Magazine des éditions Kôdansha, et elle compte sept volumes à l'heure où ces lignes sont rédigées. Auréolée d'une certaine popularité après être arrivée 4e au NEXT MANGA Award 2022 catégorie papier et avoir aussi été classée dans le top 50 des meilleurs lancements de 2021, elle devrait voir sa notoriété internationale grimper encore avec l'arrivée de son adaptation animée qui est prévue cet été (le timing du lancement français par nobi nobi! étant donc très bon).

C'est précisément sous la pluie que commence cette série, quand Fuji, une jeune femme vivant seule et étant généralement un peu taciturne, trouve dans un carton un drôle d'animal qui ressemble beaucoup à un tanuki, qu'elle prend pour un chien, qui sait communiquer par écrit sur un carnet, et qui demande à être adopté. Cédant rapidement à la demande de cette surprenante boule de poils, elle le ramène chez elle, pour entamer une cohabitation qui risque, petit à petit, de bouleverser agréablement son petit quotidien simple et tranquille.

Au gré de la saison estivale qui imprègne l'entièreté de ce premier tome, Kô Nikaidô livre une formule très simple, puisque chaque très court chapitre propose un nouvel instant de vie le temps de quatre pages, exception faire du tout dernier chapitre qui s'étire sur une vingtaine de pages pour cristalliser à la fois la fin de l'été et tout ce que l'animal a déjà apporté à Fuji, elle qui se retrouve à le chercher partout pendant un matsuri pour au bout du compte passer un moment privilégié à ses côtés lors du feu d'artifices. Mais avant d'en arriver à ces belles dernières pages, chaque moment passé par Fuji avec son nouveau "colocataire" est l'occasion d'observer, avec beaucoup de douceur, la place de plus en plus importante que la boule de poils va prendre pour elle.

Au gré de premières étapes importantes (amener le tanuki/chien chez le vétérinaire pour des examens et des vaccins, déterminer ce qu'il faut lui donner à manger, lui donner son bain, le présenter à la famille et aux proches...), puis d'instants dont il est bon de profiter (une virée à la plage, le matsuri...), ou encore de rencontres diverses et variées (des touristes étrangers qu'il faut guider, entre autres), Kô Nikaidô joue notamment très bien sur deux choses rassérénantes: la façon dont Fuji tâche de profiter de chaque petit instant du quotidien avec son animal, et la façon dont cette boule de poils lui permet déjà d'élargir peu à peu ses horizons, elle qui était jusque-là plutôt solitaire. Ainsi voit-on vite grandir, autour d'eux deux, une galerie de personnages secondaires généralement hauts en couleurs, à l'image du vétérinaire qui capte bien que l'animal n'est pas un chien mais préfère ne rien en dire, de l'adorable petit voisine Kii et de son moins adorable toutou Noisette qui fait vite flipper le "tanuki", ou encore des parents de notre héroïne, en particulier son père qui, derrière son allure faussement sévère, est en réalité déjà complètement gaga de la boule de poils au point de lui concocter des petits vêtements.

Mais si ce début de série a de quoi apaiser et faire chaud au coeur, il montre aussi d'emblée une autre qualité à travers sa tonalité mignonne et drôle. Ainsi, la façon dont l'animal communique par écrit, les réactions ou non-réactions de l'entourage face à ses particularités (comment un animal peut-il écrire ? Est-ce une chien, un tanuki ou autre chose ?), et son regard restant toujours opaque malgré son design adorable, sont autant de choses qui amènent facilement un humour tendre et décalé, Kô Nikaidô jouant très bien là-dessus de diverses manières au fil de chapitres offrant des situations variées.

Enfin, sur le pur plan graphique, tout est fait pour renforcer à la fois l'ambiance paisible et amusante, via des découpages soignés offrant un rythme doux pour mieux nous laisser profiter de chaque petit instant en même temps que les personnages. Côté décors, c'est aussi du tout bon avec un rendu à la fois assez riche, clair et plutôt contemplatif quand il le faut. Et si le design du petit animal est en tous points réussi jusque dans les petites feuilles ou fleurs trônant sur sa tête, il en est de même pour les designs humains nuancés, subtils et travaillés, ne serait-ce que celui de Fuji qui dégage un joli charme raffiné avec son allure assez élégante, sa coupe courte, son grain de beauté et ses yeux intenses.

Difficile, alors, de ne pas ressortir séduits par les débuts de cette tranche de vie qui, derrière sa part d'humour léger et décalé, dégage aussi beaucoup de mignonnerie via son personnage principal poilu, de tendresse dans son lien naissant avec Fuji, et surtout d'apaisement au fil de nombreux petits moments de vie sans cesse sublimés par la patte visuelle de Kô Nikaidô. Un vrai petit coup de coeur dans le genre, dont on suivra les prochains volumes avec un bonheur certain !

Côté édition, enfin, il y a de quoi être satisfait par la jaquette soigneusement adaptée de l'originale japonaise, par le papier souple et suffisamment opaque, par la bonne impression effectuée en France chez Dupliprint, par la traduction très claire de Yohan Leclerc, par l'adaptation graphique propre de Lucie Archambault, et par la présence d'une jolie première page en couleurs sur papier glacé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs