Soul Liquid Chambers Vol.1 - Actualité manga
Soul Liquid Chambers Vol.1 - Manga

Soul Liquid Chambers Vol.1 : Critiques

Soul Liquid Chambers

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Avril 2021

Après Veil et Spe-Ope en fin d'année 2020, puis Rent-a-Girlfriend, Arrête de me chauffer, Nagatoro et Une brève histoire du robo-sapiens le mois dernier, le catalogue des jeunes éditions Noeve Grafx continue de s'étendre en cette toute fin de mois d'avril en accueillant une oeuvre qui se situe encore dans un autre style: Soul Liquid Chambers, une série achevée en 3 volumes, qui fut dessinée au Japon en 2016-2017 pour le compte du Young King Ours GH, un magazine des éditions Shônen Gahosha dont proviennent également certaines autres séries connues en France comme Zelphy et Winged Mermaids d'Etorouji Shiono.

On doit Soul Liquid Chambers à Nozomu Tamaki, un mangaka que l'on peut désormais qualifier de vétéran dans le milieu: actif depuis 35 ans, il a longtemps officié principalement dans le hentai avant de se spécialiser dans les récits surnaturel ou SF, souvent un brin ecchi et sulfureux. En France, il est déjà connu pour deux oeuvres qui furent publiées il y a quelques années par les éditions Tonkam. D'un côté, le catastrophique Angel Para Bellum, dessiné sur un scénario de Kent Minami, et qui fut un tel échec que la série fut abandonnée au bout de 3 tomes au Japon et de 2 tomes en France. Et de l'autre côté, une licence auréolée d'un meilleur succès: son oeuvre-phare Dance in the Vampire Bund, qui a eu droit à son anime et à un petit paquet de spin-off/suites, Tamaki planchant d'ailleurs toujours sur l'un d'eux au Japon depuis 2018. Tonkam avait d'ailleurs sorti aussi certains de ces dérivés en France, mais la licence Vampire Bund semble désormais à l'abandon chez l'éditeur depuis quelques années, ce qui est plutôt dommage puisque, mine de rien, le mangaka y développait un scénario assez ambitieux.

Dans le cas de Soul Liquid Chambers (appelons-le SLC désormais), le scénario semble démarrer sur des bases plus simples. Au 22e siècle, le monde est en ruines, nombre d'anciennes villes se sont effondrées, et passer d'une cité à l'autre est presque un enfer car, en plus de devoir survivre aux radiations, il faut se méfier de sortes de zombies et autres brigades dont le cerveau et le corps ont été lessivés par lesdites radiations. Pour espérer survivre en voyageant, il vaut alors mieux s'en remettre à des "guides" fiables connaissant les routes les plus sûres et sachant détecter et éviter les dangers. Emile est l'un de ces guides, et sa nouvelle mission s'annonce particulièrement périlleuse. S'il est d'abord assez content d'avoir pour nouvelle cliente une ravissante et a priori riche et adorable fillette du nom de Lotte, il est moins jouasse en écoutant les vulgarités de son espèce de nounours parlant, et risque de l'être encore moins en découvrant les tenants et aboutissants de la mission que cette jeune fille lui a confiée en réalité...

Dans les premières dizaines de pages de SLC, il faudra éventuellement s'accrocher un peu pour s'intéresser au récit: non seulement Nozomu Tamaki va extrêmement vite pour poser les premières bases, mais en plus cette rapidité donne une impression de fouillis peinant à convaincre. C'est, dans un premier temps, assez poussif et laborieux à lire... mais dès lors que les principaux éléments s'installent petit à petit, il est possible d'entrer peu à peu dans le trip de l'auteur, un trip à base notamment de corps-puzzle, de jambes prothétiques, de "double personnalité" transformant l'adorable petite fille en gamine brutale et badass, de quête d'immortalité ou encore d'inégalités sociales... Il y a une ambiance de série B assez rigolote qui s'installe, et d'autant plus rigolote que Tamaki assume bel et bien une part d'humour. Ce qui ne l'empêche aucunement de dresser peu à peu un petit scénario qui gagne en consistance, toutes proportions gardées. Scénario où, bien sûr, l'héroïne "deux en une" poursuit un objectif assez précis que l'on découvre à petites doses et qui se rattache aux origines de l'effondrement du monde, tandis qu'Emile a lui aussi des motivations assez nobles en travaillant de cette dangereuse manière.

En revanche, là où Emile est moins noble, c'est probablement dans sa manière de voir sa jeune cliente par moments... Ce n'est pas nouveau, Nozomu Tamaki a parfois des penchants douteux au sujet des personnages féminins jeunes, et si ça passait plutôt bien dans Vampire Bund où le rendu se voulait gentiment sulfureux et où l'âge de Mina était tout autre par rapport à son apparence, ici il y a éventuellement de quoi se sentir un peu mal à l'aise face à certains comportements du héros, qui fantasme volontiers sur la jeune fille jusqu'à lui mater les fesses sans scrupules. Sans compter le grand nombre de planches plutôt sexualisées sur la jeune fille (fesses à l'air, en tenue moulante, etc), ou même ce détail "WTF" de la page 3 avec un panneau parlant de pédophilie. A voir selon le seuil de tolérance de chacun, mais soyez prévenu. Pour le reste, pourtant, la patte de Tamaki a quelque chose de plaisant: on reconnaît bien son style d'emblée, il y a un certain travail d'ambiance que les décors, les designs et les remplissages accentuent efficacement...

Au bout du compte, Soul Liquid Chambers est typiquement le genre de série B qui risque de beaucoup diviser, de pas mal plaire ou de totalement déplaire. Au-delà de certains élans douteux du mangaka, mieux vaut retenir un récit qui, s'il démarre de façon poussive et foutraque, parvient quand même à gagner en intérêt au fil des pages. On espère évidemment que cette petite montée en intérêt se poursuivra sur les deux tomes suivants, afin d'avoir éventuellement une sympathique petite série B.

Côté édition, on a droit à un joli format seinen soigné par rapport à son prix de 7,95€, un prix qui passe plus facilement que pour les petits formats shônen de Nagatoro ou de Rent-a-Girlfriend. Au-delà des habituels insert, carte à collectionner et bandeau de l'éditeur, on retiendra une fort jolie jaquette rose flashy avec un bel embossage relevé d'un vernis sélectif, un papier souple sans transparence, une impression correcte, et une traduction d'Anaïs Fourny plutôt convaincante dans son genre avec ses élans de vulgarité adéquats.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs