Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 27 Février 2025
Découvert chez Hot Manga en 2019 avec le plutôt classique mais assez agréable ouvrage A toi pour l'éternité, le mangaka Yô Hinasaki est revenu chez ce même éditeur au mois d'août dernier, qui plus est avec une double actualité ! Et après notre chronique de Murmures après les cours, revenons désormais sur la deuxième de ces deux sorties: Souffle Sensuel.
De son nom original "Fushidara Toiki" (littéralement "Souffle Obscène" ), cet ouvrage d'environ 180 pages est, à ce jour, l'album le plus récent de l'auteur à être publié dans notre langue: cinquième recueil de la carrière de Hinasaki, il est sorti au Japon chez l'éditeur Wanimagazine en 2019, donc environ un an après A toi pour l'éternité (son quatrième recueil) et environ deux ans après Murmures après les cours (son troisième recueil). Il regroupe dix histoires courtes, dont la première (une petite parodie du Petit Chaperon Rouge) ne dure que quatre pages mais est entièrement en couleur, et dont la dernière s'offre un petit spin-off de quelques pages.
Les retrouvailles, quelques années plus tard, entre un jeune homme et sa ravissante cousine qui sont bien décidés à rattraper ce qu'ils n'ont pas osé faire autrefois. Une élégante propriétaire de restaurant traditionnel qui va révéler d'autres aspects plus lubriques de sa personnalité. Un enseignant qui peine à résister aux avances de sa très insistante et très séduisante élève. Un jeune homme qui saisit l'occasion d'enfin assouvir les fantasmes secrets qu'il a depuis longtemps envers l'épouse de son frère. Les membres d'un club de tennis (club et membres déjà aperçus dans une histoire d'A toi pour l'éternité, et que l'on retrouve ici pour deux histoires consécutives) désireuses de vivre pleinement leurs histoire d'amour et les désirs qui vont avec. Une employée modèle changeant radicalement de comportement dès qu'elle est un peu ivre. Un enseignant novice décidé à vivre son amour pour son ancienne prof de lycée dont il est devenu le collègue. Et les péripéties coquines d'un groupe de samouraïs avec une démoniaque demoiselle.
Tels sont les récits de ce recueil au fil duquel Hinasaki Yô propose peut-être ce qu'il sait faire de mieux, à savoir jouer sur des stéréotype féminins souvent très classiques mais qui fonctionnent toujours suffisamment: de la cousine à l'élégante patronne en passant par la belle-soeur mariée, la démone, l'élève "à problèmes", l'enseignante, ou les sportives (ici des joueuses de tennis), l'auteur s'en donne à coeur joie pour déballer sa petite panoplie de filles charmantes, auxquelles il ajoute encore quelques petites fantasmes et fétiches (les odeurs ou les tenues traditionnelles, par exemple), le tout dans des environnement assez variés et plutôt bien représentés. Et bien que les contextes soient toujours très rapides voire quasiment inexistants ou un peu répétitifs (quand ce ne sont pas les héroïnes qui sont d'emblée très chaudes, c'est l'alcool qui arrive à la rescousse pour les dévergonder un peu plus), l'auteur se rattrape en variant, plus que dans ses précédents recueils, ses positions, ses angles de vue et ses pratiques (disons que quand ces messieurs ne profitent pas de chaque partie du corps des héroïnes, ce sont ces dernières qui se montrent douées pour exploiter leurs différents atouts-charme), avec même une scène de groupe dans la dernière histoire (choses suffisamment rare chez cet auteur pour mériter d'être signalée). Peut-être regrettera-t-on juste un manque de diversité plus visible qu'à l'accoutumée chez les héroïnes de ce recueil, qui ont quasiment toutes un peu le même profil physique (cheveux noirs généralement longs, courbes très généreuses...), mais grâce à sn bon travail graphique Hinasaki sait généralement faire oublier ça et rendre suffisamment variées les choses.
Servi dans une jolie édition (papier et impression de qualité, présence de huit premières pages en couleur, traduction correcte de Dominique, lettrage assez propre de Florian Morala, et onomatopées bien sous-titrées), Souffle Sensuel est, à l'arrivée, un sympathique recueil. Là où il pèche un peu par le manque de diversité physique de ses personnages féminins (alors que c'était un peu le contraire dans le recueil Murmures après les cours), l'auteur compense par une variété plus présente dans les pratiques, et par un dessin qui ne cesse de gagner en qualité au fil de ses années d'expérience.