Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 31 Mars 2023
Marie, sorcière aussi puissante que victime d'une triste réputation et solitaire, a reçu l'ordre de l'Eglise d'accueillir chez elle Théo, jeune garçon connu comme étant le "Sang de la Juste Indignation", et de la protéger des menaces extérieures. Depuis, ces deux-là ont petit à petit commencer à se connaître, à se comprendre, à s'apprivoiser, jusqu'à bâtir les début d'un lien affectif profond, pour peut-être cicatriser leurs plaies respectives. Sur proposition de Franz, pasteur de l'Eglise de France, le duo a accepté de se rendre jusqu'à Paris pour participer aux célébrations du 50e anniversaire de l'Aube. Sur place, Théo rencontre rapidement Charles, le disciple de Franz, tandis que Marie a l'occasion de constater toute la liberté de déplacements qu'ont les esprits en France. Les festivités s'annoncent ainsi plutôt bien, mais la situation change dès lors que le statut de Théo le rattrape. D'un côté, Franz ne tarde pas à lui proposer de rester en France pour veiller sur lui, ce qui signifierait laisser Marie à nouveau seule. Plus inquiétant, Charles semble renfermer en lui des sentiments plus noirs, qui pourraient provoquer une véritable catastrophe sur Théo...
Rapidement, ce passage dans la capitale française vient tourner autour de ces deux problèmes entremêlés, qui découlent de statut de "Sang de la Juste Indignation" de Théo, et dont les conséquences vont avoir plusieurs intérêt, à commencer par la remise en cause du statut de mentor de Marie. La sorcière a beau avoir le charisme et le talent pour établir des contrats, certaines personnes semblent estimer qu'elle n'est pas faite pour être tutrice et qu'elle préfère sans doute rester solitaire, au risque de précipiter le décision de Théo concernant la proposition de Franz. Dans cette épreuve, l'occasion est évidemment belle pour souligner alors l'évolution déjà visible en Marie depuis le tome 1: elle qui se complaisait tant dans la solitude semble s'être beaucoup attachée à son récent quotidien avec Théo, alors serait-elle vraiment capable de redevenir totalement solitaire comme autrefois ? L'autre élément central est le cas de Charles, dont le comportement inquiète, en particulier quand il s'en prend dangereusement à Théo sur le plan physique, et que verbalement il affirme que le "Sang de la Juste Indignation" ne peut pas se faire d'amis. Mais le jeune disciple de Franz n'est pas bêtement méchant, et on découvrira rapidement ses propres craintes de retomber dans une certaine solitude, sa peur de ne plus servir à quoi que ce soit auprès de son mentor si jamais Théo restait en France. Heureusement, Théo n'est pas du genre rancunier et sait, malgré son passé solitaire, que se faire des amis passe aussi par savoir se pardonner. Dans tous les cas, on sent bien ici que chacun des trois personnages se ressemblent, sont liée par leur passé solitaire et par leur peur de retomber dans cette solitude, ce qui donne lieu à un arc certes très rapide et classique dans le fond, mais joli et bien porté par tout le travail visuel foisonnant et raffiné de la mangaka. On appréciera particulièrement certains élément de mise en scène, comme les focus sur la bouche de Charles afin de susciter l'inquiétude avant que le jeune garçon vrille.
Après cette partie occupant les 100 premières pages, la suite du volume revient sur quelques instants du quotidien entre nos deux personnages principaux, notamment autour du désir de Théo d'apprendre à préparer du bon café pour Marie. Simplement, tous deux observent l'autre, analysent leurs goûts pour se cerner toujours plus avec attention... mais très vite c'est encore autre chose qui se met en place: Marie le sait, pour que Théo améliore ses capacités sociales il lui faut fréquenter des élèves de son âge et comprendre ce qu'est l'amitié, si bien qu'il va pouvoir intégrer une petite école de sorciers entre Edimbourg et Glasgow ! Ici, la mangaka se contente vraiment de préparer ce passage à l'école, entre l'importance pour Théo de se trouver un esprit partenaire (et pas n'importe lequel), la découverte des quelques élèves et du professeur Sullivan... Même s'il est question d'une école de sorciers au Royaume-Uni, d'un élève vraiment à part dans celle-ci, ou encore de jumeaux qui adorent faire des farces, on ne va pas faire l'affront de l'habituel comparatif à une certaine licence mondialement connue: John Tarachine, même si elle reste toujours rapide (et ça devrait rester ainsi, vu que la série ne compte que 4 tomes), trouve sa propre tonalité, jusqu'à nous laisser sur des dernières pages facilement intrigantes vu que, comme il est dit par un personnage, séparer Marie et le Sang de la Juste Indignation apparaît osé, en faisant de l'école un parfit endroit pour que les dangers menaçant Théo passent à l'attaque...