The Song About Green Vol.2 : Critiques

Depuis qu'elle a rencontré Nanjun au "Kafka by the sea", Lu a vu son quotidien de jeune étudiante de Taipei peu confiante en elle changer petit à petit, au gré de sa passion commune avec le jeune homme pour la culture pop japonaise allant de l'écrivain Haruki Murakami au musicien Haruomi Hosono. C'est précisément ce dernier qui est sur le point de venir donner, pour la première fois de sa longue carrière, un concert à Taïwan, événement qui fait déjà la joie des deux jeunes gens qui envisageaient justement d'aller le voir en représentation au Japon ! Et à partir de ce concert, notre héroïne devra continuer d'avancer dans son existence tout juste balbutiante de jeune adulte incertaine, ayant besoin de trouver sa voie et sa place face à l'avenir, à ses passions qu'elle a besoin d'affirmer, et à ses sentiments naissants pour son ami...

C'est dans une atmosphère saisissante, semblable à celle du premier volume, et où l'oscillation entre la douceur et le côté doux-amer n'est pas sans rappeler l'incontournable Solanin d'Inio Asano (la part de drame en moins), que se poursuit et s'achève la chronique de jeunesse de Gao Yan, dans un rendu graphique toujours aussi millimétré et mature, tant on reste très souvent impressionné par la précision et le réalisme des découpages, des gestes, des décors et des objets chez cette artiste qui n'est pourtant qu'en début de carrière de mangaka.

Et cette chronique de jeunesse, l'autrice sait toujours soigneusement poser les mots qu'il faut dessus, à travers une écriture toujours aussi littéraire et passant énormément par notre héroïne, par ses instants d'incertitude et d'introspection, par les souvenirs qui l'ont forgée (en tête, ses réflexions sur ce fameux jour où elle a séché pour la première fois au lycée), par le soutien réconfortant de son amie Luna, et par ce que Nanjun a pu lui apporter quand bien même elle ne parviendrait pas à lui avouer clairement ses sentiments. Sans que rien ne se brusque, au gré des petites réussites et des petits échecs, on a le sentiment de voir cette jeune femme se forger avec attachement pour trouver sa voie, jusqu'à la laisser sur une dernière page assez symbolique dans son rayonnement. C'est également le sentiment que Gao Yan a mis beaucoup d'elle-même dans cette série qui se confirme à nos yeux, en lui ayant sans doute permis cette justesse de ton, cette crédibilité qui touche tout naturellement. Et ce sentiment se confirme encore un peu plus au fil de sa longue et belle postface.

A l'arrivée, The Song about Green est bien la belle et juste chronique de jeunesse que l'on attendait, au fil de laquelle Gao Yan brille autant pour sa méticulosité graphique que pour son atmosphère saisissante et son portrait de personnages crédible et touchant. Une très jolie lecture qui reste servie dans une qualité éditoriale impeccable jusqu'au bout, et qui donne follement envie de voir ce que nous réservera à l'avenir cette artiste très prometteuse.