Fleur du sommeil (la) - Sentimental Comedy n°6 Vol.1 - Actualité manga

Fleur du sommeil (la) - Sentimental Comedy n°6 Vol.1 : Critiques

Fukai Nemuri no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Novembre 2009

« « Là-bas », rien n’est établi, tout est incertain. C’est pourquoi il n’y a rien qui puisse te blesser … »

L’art de la divination n’est pas forcément un cadeau du ciel. Dans le cas de Yuuki, c’est plus un embêtement qu’autre chose. Car en voyant les élèments tristes du destin des autres, elle voudrait le changer. Mais qu’elle les prévienne ou essaye d’agir par elle-même, la jeune fille n’arrive pas à faire bouger le destin. Ce don ne sert alors plus qu’à la faire souffrir de son impuissance, et de se voir mal appréciée dans son école. Ses visions ne sont pas claires, et ce n’est pas le changement qui survient dans sa vie qui améliorera les choses ! Le jour où Yuuki aperçoit dans ses rêves une étrange jeune fille aux côtés de sa sœur qui dort anormalement longtemps, Ryune et Ryunosuke arrivent à l’école. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, pourquoi la sœur jumelle de Yuuki dort-elle, on ne sait absolument pas. Le début nous plonge directement dans l’histoire sans phase de préparation, ce qui n’est pas plus mal étant donné que la série ne comptera que deux tomes. Yuuka dort depuis quelques jours, et bientôt c’est au tour d’une camarade de Yuuki de la suivre. Quel est le rapport entre ces rêves, les accidents de sommeil profond, le kaléidoscope de la petite fille vue dans des moments d’extra lucidité, et les messages que Yuuki reçoit sur son téléphone ? Directement, l’auteur pose des bases de réflexion et de mystère, ce qui est une bonne idée dans une « sentimental comedy ».

Alors certes, au début tout est un peu déconcertant : les pouvoirs des deux nouveaux compagnons de l’héroïne, son but, Yuuka et son sommeil, la petite fille … Heureusement, on ne se trouve pas en présence d’une figure de proue totalement idiote et sans cervelle. Très vite, on aborde le problème de ce sommeil comme étant du à un évènement désagréable que la personne ne pourrait supporter sans possibilité d’évasion, de rêve perpétuel. Dans ce cas, comment tirer de l’irréel une personne triste et recroquevillée dans sa propre imagination, ayant suivi la tentation d’oublier de plein gré et ne semblant pas pressée de revenir à la dure réalité ? Ce petit shojo paraît anodin, sucré et peu profond alors qu’il développe subtilement des thèmes sous jacents, sans jamais verser dans le sentimentalisme, les pleurs ou les échanges de regards interminables. Même le fantastique et les pouvoirs ne dérangent pas, tant l’auteur ne s’attarde pas sur tout ce qui peut rendre les shojos actuels déplaisant. Malgré la présence d’un trio amoureux (quatuor avec Yuuka ?), Yuana Kazumi n’en profite à aucun moment pour parler d’amour plus que nécessaire. Cet aspect du manga est d’ailleurs au second voire troisième plan tant il n’a que peu d’importance ici. Et au final, la lecture passe rapidement comme si de rien n’était et … on veut la suite. Qu’est ce qui attend Yuuki et ses fiancés, quel est ce tragique destin qui semble se profiler ? Pourquoi ? Qu’est ce que Yuuka a à voir avec la petite fille aux cheveux courts ? Le passé des deux sœurs est, soit dit en passant, fort à propos : amené au bon moment, il permet de comprendre beaucoup de choses sur la relation des filles et à propos de la présence des deux frères dans le récit. Des portes sont ouvertes, on a hâte de voir comment l’auteur, en gardant son ton un peu détaché qui ne paye pas de mine, parviendra à les refermer, on espère correctement.

Certains connaissent déjà la mangaka pour Haru Hana ou Des milliers de larmes, mais ceux qui la découvrent auront le plaisir de découvrir le trait un peu particulier de l’auteur. Loin des stéréotypes visuels du genre, le style de Yuana Kazumi est à la fois brouillon et soigné, enfantin et mature, expressif et froid, détaillé et simple … Un grand paradoxe règne sur un univers graphique parfois peu assuré, mais toujours très agréable. D’avantages beaux que « mignons », les personnages ont un petit quelque chose qui nous fait nous attacher à eux en un coup d’œil et la couverture attire le regard du lecteur, de par sa fausse sobriété. Des couleurs pastel, de l’aquarelle -probablement utilisée en duo avec les crayons de couleurs- pour les dessins de la couverture … Une excellente initiative de la part de l’artiste ! On ne peut que lui reprocher un peu de trop de simplicité dans ses décors, malgré le sentiment que le vide correspond fort bien à la narration, qui de plus tranche agréablement avec la dynamique du récit, afin de ne pas nous perdre en court de route. Il n’y a que la police du titre qui est un peu trop m’as-tu vue, éclipsant le dessin de base, puisque Tonkam rend ici un travail satisfaisant, du moins si l’on ne chipote pas : onomatopées laissées en version originale, ombres et nuances un peu oubliées, et certains dessins de fond, agrandis, ont l’air un peu flous … La traduction reste fluide, le prix attractif et le tout plait bien. On partait d’un œil blasé et on tombe sur une comédie sentimentale très agréable. Pas lourd ni lent à démarrer, l’amour n’a pas tant de place que prévu, et même si la narration met un peu de temps pour trouver ses marques, l’idée est bonne et la réalisation est d’excellente facture tant elle surprend un lecteur un peu curieux mais sans plus. Il en est de même avec le visuel qui a l’air incertain mais qui s’inscrit parfaitement dans le travail global de la mangaka, qui rend ici un très bon début de série. Un premier tome à essayer, à savourer !


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs