Smoky Nectar - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 31 Août 2021

Akira Minazuki est une mangaka active au Japon (si l'on ne compte pas ses travaux amateurs) depuis une douzaine d'années, essentiellement dans le domaine du yaoi mais pas uniquement puisque, en 2016-2017, elle a dessiné pour les éditions Kôdansha le shônen Ryuusei Sanka et le shôjo Messiah -Code Edge-. Malgré ces déjà quelques années de carrière, elle restait inédite en France jusqu'à il y a très peu de temps, puisque les éditions Hana ont entrepris de nous la faire découvrir dans notre langue avec la publication, en juillet, de l'un de ses travaux les plus récents.

Prépublié dans le courant de l'année 2020 au sein du magazine Ihr HertZ des éditions Taiyô Tosho (magazine dont sont issus un petit paquet de titres publiés en France, dont Papa's assassin, Le carnet de notes d'Endô-kun et plusieurs titres de Kotetsuko Yamamoto), Smoky Nectar est une mini-série en 5 chapitres (plus un épilogue) totalisant environ 200 pages, et qui nous arrive avec une réputation assez bonne en ayant fini 8e meilleur scénario aux derniers Chil-Chil BL Awards.

Smoky Nectar commence par un meurtre: celui d'une femme, Chika, retrouvée sans vie avec, au cou, une trace de morsure, et dans son corps tout son sang qui a coagulé. Pour Mitsuru Hasegawa, journaliste enquêtant sur l'affaire, tout semble dire que l'assassin est un "mordeur", un être aux dents pointues qui se nourrit du sang des humains. Pour son ami d'enfance Yûsei Annaka alias "Anna", rien de bien crédible là-dedans... vraiment ? il s'avère en réalité que Yûsei est lui-même un "mordeur", et qu'il aimerait surtout éloigne son ami de cette affaire, pour des raisons bien précises... Yûsei serait-il le coupable ? Ou y a-t-il autre chose ?

Akira Minazuki nous immisce donc ici dans un récit prenant le thème classique des vampires, renommés ici "mordeurs", au fil d'une petite enquête rapide, voire sans doute un peu trop rapide au vu de ce que la mangaka esquisse en toile de fond. On a, effectivement, une affaire de meurtre qui s'écoule sans gros rebondissements ni éléments mystérieux, chaque avancée étant présentée de façon plutôt convenue, en particulier l'entrée en scène du coupable qui n'est pas bien stimulante. Mais derrière ce déroulement plutôt basique, il y a pourtant un paquet d'idées tout à fait correctes: le système de clans parmi les mordeurs, la hiérarchie et les règles qui y existent, les périodes de reproduction leur faisant perdre pied, des concepts comme celui de "nectar" ou plus encore celui de "contrat" pouvant unir un humain et un vampire et que l'on pourrait voir comme une version poussé à l'extrême d'un contrat de mariage... sans oublier la relation-même entre les deux personnages principaux, autour desquels l'autrice, sans forcément surprendre, entretient efficacement une pointe d'ambiguïté. Pourquoi donc Yûsei souhaite-t-il préserver Mitsuru de ses semblables ? Par amitié et peur de le perdre ? Par respect des règles des "mordeurs" ? Pour des raisons plus profondes encore ?

Bref, il y a vraiment tout un petit univers suffisamment riche en fond, mais il est simplement dommage que la mangaka n'ait pas eu l'occasion d'en exploiter plus en détails les spécificités, chose qu'elle-même regrette dans sa postface en avouant qu'elle aurait aimé que le récit dure plus longtemps. Néanmoins, Smoky Nectar est très loin d'être une déception, ne serait-ce que parce que l'ensemble reste honnêtement mené, mais surtout parce que la dessinatrice révèle des planches réellement superbes. Si les décors restent minimes, ils sont suffisamment soignés quand nécessaire, et c'est surtout sur le découpage dynamique et sur les designs des personnages que l'autrice brille. Que ce soit Mitsuru, Yûsei ou les personnages secondaires, chacun a son look et son charme, des traits qui lui sont propre, avec des visages capables d'alterner entre une certaine douceur et un côté plus perçant voire bestial. Et à ce titre, l'indispensable scène érotique finale, particulièrement torride, en est un bon exemple.

Rapide mais doté d'un univers bien imaginé, Smoky Nectar est un yaoi qui a son charme, quand bien même on aurait aimé pouvoir se plonger plus profondément dans son petit monde. Dans tous les cas, il s'agit d'un premier contact français avec une mangaka que l'on espère bien revoir un jour ou l'autre dans notre langue.

Côté édition, Hana propose un livre de qualité, avec une bonne qualité de papier et d'impression, une première page en couleurs très sobre puisqu'il ne s'agit pas d'une illustration à proprement parler, et une traduction plutôt honnête d'Angélique Mariet. On regrettera juste la jaquette très standard par rapport à la version nippone, puisque cette dernière bénéficiait de certains effets bien trouvés.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction