Slice of Life Vol.1 - Actualité manga
Slice of Life Vol.1 - Manga

Slice of Life Vol.1 : Critiques

Yoshino Zuikara

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 25 Août 2022

Après nous avoir totalement séduits chez Ki-oon avec son oeuvre emblématique Barakamon (que l'on relira encore et encore avec le même plaisir), et nous avoir un peu moins emballés avec Princess of Mana chez Mana Books (qui fut en réalité la première série de sa carrière), Satsuki Yoshino est une mangaka dont on attendait impatiemment le retour dans le registre de la tranche de vie légère, humoristique et dépaysante, un domaine dans lequel elle excelle. Un souhait enfin réalisé en ce mois d'août avec le lancement, aux éditions Ki-oon (déjà éditeur de Barakamon dans nos contrées), de Slice of Life !

De son nom original Yoshinozuikara, cette série est bouclée en 3 tomes et a initialement été prépubliée au Japon de décembre 2018 à mai 2020 sur le site Gangan Online et dans le magazine Shônen Gangan de Square Enix, qui avaient déjà accueilli Barakamon auparavant. Pour rappel, Ki-oon avait annoncé son acquisition pour la France dès le mois de février 2020 (en même temps que l'annonce du tome bonus de Barakamon), mais il aura finalement fallu attendre jusqu'à cette année 2022 pour enfin découvrir l'oeuvre.

Le récit de Slice of Life commence en nous invitant à découvrir quatre petits garçons de primaire qui, depuis leur école perdue sur leur petite île, enterrent une capsule temporelle avec leur enseignante tout en pleurant son départ prochain. Les années passent, les enfants sont devenus adolescents et ont vu leur école primaire rasée faute de fréquentation, et alors qu'ils entrent dans leur tout aussi petit lycée ils apprennent qu'ils seront la toute dernière génération à fréquenter l'établissement. C'est dans ce contexte que, pourtant, ils n'ont jamais oublié leur enseignante de primaire, dont ils ont un souvenir très doux (mais l'était-elle vraiment ?!), à tel point que l'un d'eux continue encore aujourd'hui de correspondre avec elle par lettres, comme s'il en était amoureux depuis toujours. Alors quand la jeune femme arrête soudainement de répondre aux lettres, il leur faut résoudre ce mystère ! Alors, peut-être qu'un début de réponse se trouvera dans la capsule temporelle...

Cela fait un bon début d'histoire, d'autant plus qu'on y oscille entre légèreté et humour permanent au contact de ces héros bien différents... Et pourtant, tout ceci n'est que le début d'un manga dans le manga: Wakkamon, nouveau récit de Naruhiko Tono. Mangaka de 32 ans n'ayant pas vraiment connu le succès jusque-là avec ses histoires de fantasy, il se demandait quoi faire, depuis sa petite île natale où il vivote entre ses parents et ses quelques connaissances (car il n'a pas vraiment d'amis, son travail casanier lui prenant trop de temps), jusqu'à ce que sa responsable éditoriale le pousse à s'essayer à la tranche de vie. Naruhiko a ainsi imaginé ce manga directement inspiré de son environnement insulaire, en n'y croyant aucunement: après tout, qui irait lire une tranche de vie sur le quotidien de quatre garçons dans un coin perdu et ennuyeux ? Et pourtant, Wakkamon pourrait bien devenir le premier vrai succès de sa carrière, le récit "slice of life" ayant peut-être bien plus d'adeptes qu'il ne le pense...

Quelle entrée en matière astucieuse que celle offerte par Satsuki Yoshino ! En nous plongeant tout d'abord dans Wakkamon, ce manga dans le manga, la mangaka nous laisse en premier lieu tout le loisir de retrouver son cadre insulaire et son humour typique déjà fortement appréciés dans Barakamon, avant de nous faire comprendre que l'auteur de ce récit est Naruhiko, personnage principal de la vraie série Slice of Life. De quoi nous immerger au mieux dans ce que notre héros est capable de faire en matière de manga tranche de vie, lui qui s'entêtait dans la fantasy qui lui réussissait visiblement moins. Et c'est bel et bien le succès qui, petit à petit, va pointer le bout de son nez pour l'auteur trentenaire avec cette série sur laquelle il n'aurait jamais pariée...

Ce début de série sera alors un bon moyen pour Yoshino de jouer à la fois sur trois créneaux.
Premièrement, ce cadre insulaire qu'elle aime tant puisqu'elle l'avait déjà utilisé dans Barakamon, et dont elle va s'évertuer à dépeindre le charme simple, d'autant que Naruhiko, au fil de son manga, va lui-même prendre conscience que ce coin de terre paumé qu'il a si souvent dénigré n'est en réalité pas si mal. Et cela, même si le fait d'être en campagne l'empêchait de mater Gundam ou Evangelion à la télé (uniquement diffusés sur TV Tokyo à l'époque) !
Deuxièmement, l'humour typique de l'autrice, lui aussi hérité de Barakamon avec principalement ses personnages hauts en couleurs ainsi que les petites mésaventures pouvant parfois leur arriver.
Et troisièmement, une certaine immersion dans le milieu du manga à travers ce personnage principal qui aura galéré pour enfin toucher le succès du doigt, lui dont on découvrira brièvement l'enfance déjà passionnée pour cet art ainsi que le parcours plus ou moins délicat avec ce que le travail de mangaka peut impliquer de clichés, de difficultés et surtout de fiertés. Il sera alors question, entre autres choses, de l'aspect chronophage de ce travail (au point qu'avoir des relations sociales reste compliqué), des concours pour débutants, du fait qu'il ne faut surtout pas se relâcher après ces concours, du matériel de base, d'étapes aussi importantes qu'éprouvantes comme le storyboard, de l'impact que peuvent avoir les fans... avec toujours, en toile de fond, une passion qui se sent bien chez notre héros. Et en réalité, il y a de quoi se demander quelle part de vécu personnel Satsuki Yoshino a pu mettre dans son héros: elle-même a grandi sur une île, elle aussi a connu le succès avec une tranche de vie (Barakamon) après des premiers essais moins concluants dans la fantasy (Princess of Mana), le nom et les couvertures blanches de Wakkamon ressemblent à celles de Barakamon... On imagine facilement que la mangaka a mis une part d'elle-même dans son oeuvre.

A l'arrivée, on suit ce premier tome avec un vrai plaisir. On y retrouve tout le style, tout l'humour, toute l'ambiance ayant fait le charme de Barakamon, avec en plus cet abord d'un héros mangaka dans lequel il y a sûrement un peu (voire beaucoup ?) de Satsuki Yoshino. A suivre de près, donc !

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve numérique, pas d'avis sur l'édition.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs