Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 17 Octobre 2023
La Porte du Ressentiment. C'est là que la gardienne du lieu, nommée Izuko, guide les personnes assassinées ou mortes accidentellement en leur laissant le choix entre trois possibilités. Premièrement, accepter leur mort et aller au Paradis en attendant leur réincarnation. Deuxièmement, retourner dans le monde des vivants sous forme de fantôme afin d'y errer pour l'éternité. Et troisièmement, retourner temporairement chez les vivants afin de se venger et de tuer une personne de leur choix, ce qui toutefois les condamnera ensuite à être envoyées aux Enfers pour y vivre une souffrance éternelle.
Après des premières affaires intéressantes dans le premier tome, ce deuxième et déjà dernier volume de Sky High commence par deux histoires occupant un peu moins de 100 pages.
Dans l'une, le vigile d'un éditeur tokyoïte spécialisé dans les livres de géologie, particulièrement fier de s'occuper de la surveillance des locaux de cet éditeur depuis environ 50 ans et adorant aussi s'occuper des pigeons sur le toit, surprend un jour son employeur sur le point de se suicider à cause des dettes de la société, et se fait accidentellement tuer par celui-ci en voulant l'empêcher de commettre le pire. Fraîchement décédé et triste de constater que l'éditeur pour qui il travaillait affectueusement était un colosse aux pieds d'argile, quel choix fera-t-il face à Izuko ?
Dans l'autre, un jeune musicien s'éteint dans son lit d'hôpital, après deux années passées dans le coma suite à un accident. Que ressentira-t-il en voyant que son ancien partenaire, chanteur de talent, a tâché de poursuivre sa carrière de son côté ?
Dans chacune de ces deux histoires, Takahashi s'offre brièvement l'occasion de poser un regard sur certaines choses: l'impitoyable monde de l'entreprise où il faut toujours essayer de vivre avec son temps en répondant à l'offre et à la demande ainsi qu'à la loi du marché au risque de se dénaturer, les différences de talent et les opportunités en milieu artistique... Toutefois, ne nous leurrons pas: du fait de la brièveté des histoires et de leur chute un peu rapide, le mangaka ne fait que survoler ces sujets, comme une petite toile de fond pour porter ces deux récits certes immersifs mais moins marquants que ceux du premier tome.
Mais fort heureusement, l'ultime histoire de la série, en durant trois chapitres et en occupant ainsi plus de la moitié des plus de 230 pages du tome, offre un propos un peu plus développé en se centrant sur un écrivain à succès qui, alors qu'il a une épouse et un enfant, reçoit un jour une visite de la, police qui va bouleverser son existence: une adolescente de 18 ans a été tuée par sa propre mère, et cette dernière, au milieu de propos incohérents, affirme que le père serait l'écrivain. Le récit va alors jouer sur deux axes à la fois, avec d'un côté le désir du romancier d'en apprendre plus sur cette fille assassinée qu'il n'a jamais eu l'occasion de connaître, de savoir comment elle a vécu, quitte à se lancer dans un vaste projet au risque de chambouler sa famille et sa propre vie, et de l'autre côté l'arrivée, face à Izuko, d'Anna, l'adolescente assassinée, jeune fille qui eut le sentiment de ne jamais avoir été aimée, d'être née pour rien... alors, quel choix fera-t-elle ? Si les actes du romancier sont très intéressants, en étant à la fois assez touchants et humains et porteurs de messages assez beaux sur la valeur de la vie, le face-à-face entre l'adolescente et Izuko est tout aussi réussi puisqu'il va permettre d'offrir ce qu'il faut d'informations sur cette dernière: comment elle en est arrivée à occuper ce poste de Gardienne, le fait qu'elle n'a jamais eu l'occasion d'être aimée mais a malgré tout vécu par procuration via les âmes des défunts qu'elle a guidées... si bien que la décision finale d'Anna sera particulière et riche de sens, tout en offrant une porte de sortie bien trouvée à ce premier volet de la saga Sky High.
Entre deux premières histoires certes intéressantes et portées par le style inimitable de l'auteur mais définitivement trop courtes, et une dernière histoire plus longue et donc plus développée et maîtrisée, la série s'offre un deuxième et dernier opus globalement convaincant, et confirme que cette première série de la saga Sky High constitue une bonne entrée en matière. Inutile de dire que l'on va vite enchaîner sur la nouvelle édition de Sky High Karma, deuxième volet de la saga, dont le premier tome ressort justement en cette mi-octobre.