Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 22 Janvier 2010
Découvert par le biais du magazine de prépublication d’Asuka, les lecteurs connaitront déjà les deux premiers chapitres intitulés « Voice 1 » et « Voice 2 » ainsi que la première partie de « Voice 3 ». Ce qui correspond à l’arrivée de Yuji Sagara dans l’histoire, et son profil démoniaque qui vise sans aucun doute à séparer Tono et Tamiya … Pour en revenir au début, les deux adolescents fréquentent la même école et sont apparemment amoureux l’un de l’autre. Seulement, quand Tamiya se déclare enfin à Tono qui l’aime depuis longtemps, celui-ci ne répond que sur le bout des lèvres … Chose peu commune, vous en conviendrez. Mais Satoru Tono a un gros problème de communication : il a du mal à exprimer ses émotions, que ce soit par les mots ou les mimiques. En effet, rien ne se lit sur son visage toujours impassible. Ce qui ne facilite pas les choses dans une histoire d’amour … Ainsi, les malentendus s’enchaînent entre ces deux jeunes gens amoureux, donc facilement jaloux. Le premier chapitre se concentre sur la difficulté de se parler, avant que l’auteur n’aborde les problèmes de jalousie, qu’elle soit toute simple ou bien plus élaborée par un adversaire manipulateur … Enfin, le chapitre bonus, coupé de toute narration, est amusant car peu habituel et surtout totalement naturel.
Pour tout dire, le manga repose essentiellement sur l’inexpressivité aberrante de Tono. Situation certes peu probable car poussée à l’extrême, mais idéale pour mettre en relief les problèmes de communication au sein d’un couple, et ce qu’ils peuvent engendrer. Les quiproquos ne sont pas d’une grande inventivité, mais à chaque fois on se délecte du moment où le héros cède à son impulsion et s’exprime enfin. De plus, on apprécie aussi le personnage plus effacé de Tamiya, qui fait des efforts pour nous séduire en tentant de comprendre son compagnon. On sent une réelle proximité entre eux deux, et cet amour assez pur sur lequel l’auteur ne fait pas tant d’étalages est très agréable. Ici, ce n’est que l’évolution d’un couple comme les autres, avec quelques soucis bien embêtant en prime. De plus, il faut dire que la plus grande qualité de ce manga est de ne retomber dans le visage du uke déformé par les larmes d’émotions et de regards de chiot battu uniquement dans les scènes érotiques, qui sont l’accomplissement logique de l’histoire. Tono arrive alors à se libérer d’avantage, mais surtout il retrouve ces expressions qui sont si caractéristiques dans ces scènes … Mais ce que l’on apprécie avant tout, c’est la fluidité de la narration. Les événements s’enchainent sans aucune rupture, avec naturel. De même, les personnages sont facilement identifiables car l’auteur réutilise ceux qu’elle introduit au fur et à mesure. Et ces quelques détails pourraient passer inaperçus si l’histoire avait été décevante ou d’un classique affligeant. Car la romance lycéenne, ajoutée à la fête de l’école, à l’ami d’enfance un peu sadique et jaloux … Tout cela n’a rien de bien transcendant. Le caractère des deux protagonistes principaux suffit néanmoins à rendre la lecture particulièrement agréable.
Pour ce qu’il reste à dire … Les dessins sont simples mais agréables : les traits ne sont pas transcendants mais celui qui caractérise Tono est une réelle réussite ! En plus, les annotations perpétuelles qui concernent ce dernier sont souvent amusantes et aident à suivre l’histoire. Surtout, lorsque l’on s’attarde sur ce décalage entre dessin et réalité, le génie de l’auteur à mettre en scène une telle personnalité saute aux yeux. Cela permet de verser dans une romance très simple, avec un énorme plus qui permet de ne pas s’ennuyer ou de faire le difficile. Les graphismes sont donc assez basiques au premier abord, mais en y regardant de plus près on distingue toutefois un petit quelque chose de plus, et pas seulement chez Tono. Pour exemple, Machida ne ressemble pas à toutes ces filles que l’on croise, et Tamiya n’a pas seulement l’air du beau gosse sportif. En tous les cas, l’ensemble est très dynamique et l’on apprécie tout particulièrement les cases noires qui permettent d’exposer les paroles internes de Tono qui, étant donné qu’il passe son temps à penser plus qu’à parler, nécessitaient une telle distinction. Asuka nous rend ici une couverture peut être un peu trop rose, mais flamboyante et amusante. Dommage pour les pages de couleurs absentes … Mis à part cela, remarquons que le prix a baissé, ce qui est plutôt rare par les temps qui courent … Bref, un yaoi qui ne paye pas de mine, qui séduit par sa fraîcheur, ses innovations et sa simplicité. Un très bon titre, à découvrir, surtout qu’il donne l’impression de pouvoir s’arrêter à n’importe quel moment tant la narration y est légère. A la fois anodine et captivante, celle-ci pourra séduire les fans du genre qui cherchent un peu de renouveau.