Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Mai 2024
Ayano et Akari ont pris la décision d'emménager ensemble, ce qui devrait leur ouvrir des perspectives d'avenir commun plus bénéfiques, en consolidant de plus belle leur relation de couple. Tout un aspect de ce volume se consacre alors à cet enjeu: malgré quelques remarques déplacées permettant à Shimura d'encore poser un certain regard sur la société (à l'image d'une employée d'agence immobilière n'imaginant à aucun moment que nos héroïnes puissent former un couple), on suit avec plaisir les deux femmes dans leur recherche d'appartement, dans leur emménagement et dans leur début de vie à deux, la mangaka ayant un don pour nus faire sentir à quel point elle se sentent bien ensemble, ne serait-ce qu'en se réjouissant à l'idée de pouvoir se retrouver une fois le travail fini et de partager plein de petits riens (les courses, les tâches ménagères...).
Les perspectives sont donc plutôt jolies pour elles deux... mais cette nouvelle étape essentielle de leur relation ne peut, évidemment, pas occulter l'impact qu'elles ont pu avoir et qu'elles continuent d'avoir sur leur entourage, en se sentant souvent encore un peu coupables, plus spécifiquement dans le cas d'Ayano. De ce côté-là, le plus gros morceau vient clairement de sa situation à l'école depuis qu'elle a tout avoué aux parents d'élèves sur sa relation adultère, en entraînant alors un paquet de rumeurs: l'ambiance de classe est devenue bizarre, pas mal de ses élèves s'inquiètent pour elle alors que c'est elle l'adulte qui devrait les aiguiller, Mana se sent injustement coupable car c'est sa mère qui a raconté ses histoires, et à l'approche de la fin d'année l'institutrice craint de changer d'établissement sans avoir permis aux sixième année de régler leurs soucis à temps pour le collège. Sur ce dernier point, c'est évidemment le trio Mana/Yuka/Ichika qui reste au coeur du récit, en particulier Mana qui culpabilise encore de s'être "interposée" entre Yuka et Ichika, et Ichika qui ne vient plus à l'école. On observera alors avec intérêt la façon dont ces trois petites filles cherchent elles-mêmes à "réparer" leur relation fracturée, en parvenant à s'excuser. Aaaah, si seulement les choses étaient aussi simples dans le monde adulte...
Car enfin, c'est bien du côté des autres adultes de la série que nos héroïnes ont toujours un petit sentiment de culpabilité, en particulier au sujet de Wataru avec qui Ayano a divorcé, et d'Eri que la jeune femme a un peu le sentiment d'avoir laissée derrière elle. Du côté de ces deux personnages, Takako Shimura prend tranquillement le temps de faire avancer les choses. D'un côté, Wataru, tout en faisant le point sur ses propres fautes (il se remet en question sur la façon dont il faisait mine de ne rien voir pour éviter les conflits), semble proche d'avoir une nouvelle chance via sa collègue Jingûji, qui a elle aussi récemment divorcé et qui ne cache pas son intérêt pour lui. De l'autre côté, Eri poursuit sa relation adultère avec le frivole Morita, à qui elle parvient même à se confier sur son adolescence, sur la façon dont elle a arrêté le lycée, et sur la manière dont elle a finalement perdu de vue Chie et ses autres amies. Cependant, à quel prix cet amour que ressent Eri pourra-t-il durer? Que se passera-t-il quand Mizuki, la femme de Morita, apprendra la vérité ?
Nous voici alors avec une lecture qui reste riche, Takako Shimura cherchant toujours à décortiquer avec soin les interstices entre les relations et les tourments de ses personnages. Qui plus est, ce volume fait atteindre un tournant important au récit, à la fois via le début de vie à deux de nos héroïnes et à travers le changement professionnel imminent pour Ayano, si bien que l'on attendra la suite de cette subtile tranche de vie avec toujours autant d'intérêt.