Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 24 Juin 2022
Le hasard a voulu qu'Akari et Ayano se retrouvent à vivre dans le même quartier, l'une seule, l'autre dans sa belle-famille. Tout semble bien se passer entre elles, car elles tâchent de garder une distance l'une envers l'autre. Mais au fil du cross des commerçants auquel Ayano participe aussi pour remplacer une collègue, Akari a notamment l'occasion de la voir dans son rôle de maîtresse auprès des petites Nitta et Nagase, et en ressort troublée: elle le sent, elle ne pourra pas supporter cette situation bien longtemps. Sous la narration introspective de Takako Shimura, au gré de la course où elle semblerait presque fuir en avant, on la voit essayer de faire le point sur ce qu'elle ressent, se demander si elle se contente juste de projeter une part de son premier amour Madame Shimoda sur Ayano, cerne enfin que ses sentiments pour cette dernière ne demandent qu'à se raviver. Alors pour éviter de souffrir elle-même et de faire encore souffrir la famille d'Ayano, Akari prend la décision de s'éloigner à nouveau, et de ne plus côtoyer la jeune femme. mais comment réagira Ayano en apprenant cela ?
Ce quatrième volume est en quelque sorte celui des décisions, quitte à ce que ces décisions soient difficiles et rendent l'avenir d'autant plus incertain. Bien sûr, il y a le choix initial d'Akari dans ce tome, et l'on continuera de suivre la jeune femme toujours aussi tourmentée par ce qu'elle ressent (peut-elle s'imaginer un bonheur fondé sur le malheur d'autres personnes, en l'occurrence ici Wataru et sa famille ?), tandis qu'elle décide de rentrer quelque temps chez sa mère, l'occasion étant alors idéale pour découvrir brièvement cette maman mais aussi sa soeur, deux femmes divorcées qui ont donc elles-mêmes expérimenté les affres de relations de couples incertaines.
Et ce choix d'Akari va avoir un impact certain, en premier lieu sur Ayano bien sûr. Alors que Wataru lui propose de retrouver leur vie d'avant en vivant rien qu'à deux, et reparle même de l'idée d'avoir un enfant, la jeune femme, marquée par le choix d'Akari, est dans une tout autre mentalité. Entre son attirance pour Akari et son statut de femme mariée dans un couple où elle est prisonnière, elle veut mettre les choses au clair, mais quoi exactement ? Ne ferme-t-elle pas trop les yeux sur ses sentiments ? La voici alors, elle aussi, face à des décisions à prendre, décisions qui auront sans doute leur importance par la suite.
Et forcément, les décisions d'Ayano ne peuvent qu'avoir des conséquences fortes sur sa belle-famille, entre une belle-mère qui cherche toujours à s'imposer et à sauver les apparences, l'impact que cela pourrait avoir sur Eri, et surtout les interrogations de Wataru. L'époux d'Ayano se demande forcément où il s'est planté. Pourquoi son mariage a tourné ainsi ? Sa vie de couple avec Ayano n'était-elle pas déjà mise à mal avant ? N'avait-il pas des oeillères l'empêchant de voir que ça n'allait déjà pas avant ?
Enfin, parallèlement à tout ça, la mangaka n'oublie pas de continue à s'intéresser au travail d'institutrice d'Ayano, et en particulier à son implication dans le cas des petites Nitta et Nagase, ces deux enfants à qui elle a proposé de tendre une oreille attentive. Les choses évoluent tout doucement de ce côté-là, en permettant surtout de faire entrer en scène une autre petite fille, Ichika Yoshizumi, dont le lien avec ses deux camarades reste compliqué, plus particulièrement avec Nitta. Cela pourrait sembler n'être qu'une petite querelle d'enfants, mais ça a forcément une grande importance à l'échelle des trois concernées...
De manière assez posée et introspective, et quitte à faire avancer son récit plutôt lentement, Takako Shimura continue de séduire par ses portraits de personnages crédibles, qui se cherchent, s'interrogent, essaient de faire le point et de prendre des décisions pour avancer malgré les entraves sur leur route.