Shi Ki Vol.1 - Actualité manga

Shi Ki Vol.1 : Critiques

Shiki

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Mars 2010

"Cet été là... il y eut une succession de morts mystérieuses au village."

Megumi Shimizu est une jeune fille de 15 ans en pleine crise d'adolescence. Megumi n'aspire qu'à une seule chose, quitter son village natal cerné par les montagnes du nom de Sotoba. Megumi en a plus qu'assez de sa campagne où rien ne se passe, et où la seule attraction est ce château de style occidental sur les hauteurs de la vie. Megumi rêve d'une vie citadine, dans une grande ville, et s'approche de ceux qui en viennent, comme Natsuno Yuki, garçon qu'elle épie en secret, ou comme les Kirishiki, famille étrange qui vient d'emménager dans le fameux chateau. Megumi n'a alors plus qu'une envie : se rapprocher de ces citadins, ignore ses amis, les habitants du village et les derniers évènements qui le bousculent, comme cette série de décès étranges.Megumi ne sait pourtant pas encore qu'à son tour, elle va mourir...

Qu'il est bon de retrouver Ryu Fujisaki en France ! Après Hoshin, L'Investiture des Dieux, adaptation du roman antique chinois éponyme (et disponible en 23 tomes chez Glénat), l'auteur a essuyé quelques revers avec des séries originales au Japon. Il revient alors à ce qu'il sait faire de mieux, en reprenant une histoire existante pour l'inclure dans son univers si particulier. Et quelle histoire ! Shi Ki est à l'origine un roman de Fuyumi Ono, surtout connue par les fans de fantasy avec Les Douze Royaumes, et réalisant le scénario de cette version. . Pour ce titre, la romancière s'est inspiré d'un autre classique de la littérature fantastique : Salem, de Stephen King. Ainsi, Fujisaki se lance ici dans un registre complètement différent, tout en conservant son style si particulier.

Tout d'abord, on retrouve une de ses particularités : la multiplication des personnages ! En effet, le récit nous amène très rapidement à la rencontre des habitants de Sotoba, en les présentant sous forme de "dossiers" lors de leur première apparition. L'auteur sait leur apporter une grande diversité, autant dans leur design que dans leur caractère. On note d'ailleurs une certaine extravagance dans les personnages venant de la ville (la famille Kirishiki) ou en rêvant (Megumi). Si le village est d'apparence très calme, on ressent immédiatement un certaine gêne, au-delà de l'intrigue principale. En effet, tout le monde se connait, et les rumeurs peuvent rapidement circuler.. Sotoba n'est donc tranquille qu'en apparence, et l'insouciance qu'il manifeste risque d'être profondément perturbée par la tempête qui va le secouer...

En effet, Shi Ki se repose surtout sur une intrigue solide, se basant sur des décès étranges, des personnages qui en savent plus qu'ils ne le laissent penser,... faisant ainsi monter un suspens de tous les instants. Le tout, porté par une narration à trois voix en parallèle : on suit tout d'abord Natsuno Yuki, lycéen dont la famille a déménagé à Sotoba et qui cherche à en repartir au plus vite. Traqué par Megumi, il ne peut pourtant pas trouver le repos après sa mort. Toshio Ozaki, quant à lui, est le directeur de la clinique du village, et sera amené à étudier les victimes du fléau qui se répand peu à peu dans la ville, en rageant de son incapacité à trouver la solution. Enfin, Seishin Muroi, héritier du temple, offre un regard plus détaché sur ces évènements. Cet enchevêtrement, un peu déroutant au départ et qui met du temps à se mettre en place, permet finalement de dessiner une trame très profonde et passionnante, en multipliant les mystères et en disséminant des indices au fur et à mesure, dans un huit-clos limité aux frontières de Sotoba.

L'ambiance de la série se veut alors particulièrement sombre et dérangeante, provoquant un malaise permanent, même dans les passages les plus calmes. Ce malaise est totalement sublimé par le travail graphique de Fujisaki. Ses personnages sont encore plus anguleux et filiformes que dans Hoshin, apportant un certain aspect cadavérique. Inégal, son trait peut parfois être très sommaire, épuré au maximum, ou au contraire très appuyé dans les passages les plus durs. Grand amateur de trames et d'effets numériques variés, le mangaka les dissémine ici de manière recherchée, sans aller au-delà du nécessaire, pour mettre en évidence certaines expressions. Il résulte de tout cela un mélange très spécial, inattendu, qui a de quoi surprendre même les habitués, et qui divisera sans doute l'opinion. Qu'importe, Fujisaki s'assume pleinement et on ne lui demande que ça !

Shi Ki est un des fers de lance du label Shonen Up! lancé par le jeune éditeur Kaze, qui offre ici une édition d'une très bonne qualité au niveau de l'encrage, même si on aurait pu souhaiter un papier un peu moins fin et un support un peu plus grand, à l'instar de Black Lagoon. L'édition se rattrape néanmoins en fournissant néanmoins un poster dépliable en début de volume. La traduction est efficace et les références sont fournies dans un index succinct, mais qui ne surcharge pas le reste du volume.

Au final, si ce premier tome offre surtout une mise en place de l'intrigue un peu lente, cette dernière sait néanmoins être très prometteuse, et l'histoire nous emporte très vite par son ambiance angoissante et mystérieuse à souhait, apportant son lot de secrets, de suspense et de frustrations. La plus évidente étant surement de ne pas avoir en main immédiatement le second volume, alors qu'il a connu une sortie simultanée avec le premier au Japon. Patience !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs