Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 19 Août 2021
Chassé du dojo de Kogan, et aujourd'hui aveugle, Irako met en place sa vengeance. Plusieurs recrues de l'école Iwamoto sont assassinées, poussant Kogan à se rapprocher du Tôdôza, auquel Irako serait lié. Sur place, le « tigre » est accueilli par Sekiun, jeune combattant aveugle maniant le fleuret et ayant adopté une escrime hispanique perforante, différente des grandes coupures permises par les sabres japonais.
Shigurui, dans ce que Takayuki Yamaguchi a montré de son œuvre jusqu'à présent, c'est un véritable drame shakespearien dans un dojo d'un Japon féodal, où les drames et trahisons se font au rythme de la danse des sabres et des sabreurs, pour un résultat à la fois fascinant et effrayant. Les trois premiers opus ont planté les germes de la confrontation entre Gennosuke Fujiki et Seigen Irako, le loisir étant laissé à la suite de cristalliser la haine sans limite que développeront les deux anciens confrères de dojo l'un pour l'autre.
La vengeance d'Irako porte ses fruits tout le long de ce quatrième tome qui fait se succéder les danses de lames, tout en menant le scénario à un point de non-retour. La lecture s'ouvre par une confrontation singulière entre un Kogan Iwamoto à la défense impénétrable, et un manière d'épée occidental, une opposition presque insensée qui donne au début d'ouvrage un charge indéniable. On pourrait présenter ce démarrage comme une sorte de calme avant la tempête, le lecteur étant voué à être renversé de l'assurance qu'il peut éprouver à l'égard du « tigre » Kogan Iwamoto, aussi sénile que surpuissant, mais dont on ne doute pas des failles.
Finalement, toute la suite de l'opus n'est qu'une course contre la montre jusqu'au moment fatidique condensé dans les dernières pages. Car pour que la rivalité entre Fujiki et Irako soit si viscérale, c'est qu'un drame encore plus important a dû survenir. A l'issue de cette suite, on est conforté dans cette idée puisque les événements dépeints affirment que rien ne sera plus comme avant, et que la routine présentée depuis le début du long flashback est maintenant brisée.
Les intentions de ce quatrième volet sont donc brillantes dans le fond, et la forme demeure sensationnelle, comme à l'accoutumée dans cette vision de Takayuki Yamaguchi des écrits de Norio Nanjo. Fujiki n'est clairement pas le protagoniste de ce tome, mais bien un spectateur destiné à assister, impuissant, à certains drames. Entre autre, il occupe la même place que le spectateur, tandis que Kogan Iwamoto livre presque tous les fronts de cette suite. Et jamais le mangaka n'aura croqué de manière si saisissante, et paradoxalement de manière si violente, la bestialité presque sublime du maître. Les chorégraphies sont toujours au centre de la narration de Shigurui, aussi l'artiste rend à « la » confrontation les égards qui lui sont dus, et le tout en combinaison une disparité d'atmosphères. Aussi, la conclusion du tome est à la fois violente et poétique, nous laissant sur un verdict évident mais dont on ne peut que se questionner sur les retombée. Et si la vraie rivalité entre Fujiki et Irako, celle teintée de sang, ne débutait que maintenant ? Car pour l'heure, Shigurui n'a pas encore rejoint la situation présentée dans le point de départ de la série.
Shigurui, dans ce que Takayuki Yamaguchi a montré de son œuvre jusqu'à présent, c'est un véritable drame shakespearien dans un dojo d'un Japon féodal, où les drames et trahisons se font au rythme de la danse des sabres et des sabreurs, pour un résultat à la fois fascinant et effrayant. Les trois premiers opus ont planté les germes de la confrontation entre Gennosuke Fujiki et Seigen Irako, le loisir étant laissé à la suite de cristalliser la haine sans limite que développeront les deux anciens confrères de dojo l'un pour l'autre.
La vengeance d'Irako porte ses fruits tout le long de ce quatrième tome qui fait se succéder les danses de lames, tout en menant le scénario à un point de non-retour. La lecture s'ouvre par une confrontation singulière entre un Kogan Iwamoto à la défense impénétrable, et un manière d'épée occidental, une opposition presque insensée qui donne au début d'ouvrage un charge indéniable. On pourrait présenter ce démarrage comme une sorte de calme avant la tempête, le lecteur étant voué à être renversé de l'assurance qu'il peut éprouver à l'égard du « tigre » Kogan Iwamoto, aussi sénile que surpuissant, mais dont on ne doute pas des failles.
Finalement, toute la suite de l'opus n'est qu'une course contre la montre jusqu'au moment fatidique condensé dans les dernières pages. Car pour que la rivalité entre Fujiki et Irako soit si viscérale, c'est qu'un drame encore plus important a dû survenir. A l'issue de cette suite, on est conforté dans cette idée puisque les événements dépeints affirment que rien ne sera plus comme avant, et que la routine présentée depuis le début du long flashback est maintenant brisée.
Les intentions de ce quatrième volet sont donc brillantes dans le fond, et la forme demeure sensationnelle, comme à l'accoutumée dans cette vision de Takayuki Yamaguchi des écrits de Norio Nanjo. Fujiki n'est clairement pas le protagoniste de ce tome, mais bien un spectateur destiné à assister, impuissant, à certains drames. Entre autre, il occupe la même place que le spectateur, tandis que Kogan Iwamoto livre presque tous les fronts de cette suite. Et jamais le mangaka n'aura croqué de manière si saisissante, et paradoxalement de manière si violente, la bestialité presque sublime du maître. Les chorégraphies sont toujours au centre de la narration de Shigurui, aussi l'artiste rend à « la » confrontation les égards qui lui sont dus, et le tout en combinaison une disparité d'atmosphères. Aussi, la conclusion du tome est à la fois violente et poétique, nous laissant sur un verdict évident mais dont on ne peut que se questionner sur les retombée. Et si la vraie rivalité entre Fujiki et Irako, celle teintée de sang, ne débutait que maintenant ? Car pour l'heure, Shigurui n'a pas encore rejoint la situation présentée dans le point de départ de la série.