Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 27 Septembre 2012
Quand Gennosuke Fujiki reçoit une demande de duel de la part de Seigen Irako, il ne sait pas encore dans quel piège il est sur le point de tomber, et ne le comprend que trop tard quand, rendu sur le lieu du duel, il voit arriver face à lui un disciple du Kengyo, une arme à feu à la main. Pendant qu'il doit se défaire de cet adversaire avec pour seuls alliés son sabre et sa technique, Seigen et Iku se rendent chez Kogan Iwamoto, décidés à accomplir leur vengeance en abattant enfin le vieux Tigre...
Une nouvelle fois, Takayuki Yamaguchi épate dans sa façon de présenter les choses. On peut toujours, tome après tome, vanter les mérites d'une narration décortiquant avec minutie les duels au sabre autant que les états d'âme et les craintes des personnages, ou louer la densité d'un coup de crayon d'une rare précision, d'un souci du détail anatomique aussi sublime que peu ragoûtant, le tout étant de nouveau magnifié par une mise en scène inspirée, offrant au moindre instant de carnage une atmosphère toute particulière. L'expression "ballet sanglant" semble parfaite pour illustrer l'impression qui ressort sans cesse de cette oeuvre, tant cette dernière place la cruauté, l'horreur du récit, et la mort elle-même au rang d'Art.
Ces considérations passées, l'histoire de Shigurui se poursuit, implacablement, le point culminant de la vengeance de Seigen et Iku semblant devoir être atteint via leurs retrouvailles avec le terrible Kogan Iwamoto, Tigre transformé en Démon, que rien ne semble pouvoir ébranler, pas même la haine de Seigen. Face à la puissance que chacun des deux dégage, face au charisme impressionnant qui luit chez les deux combattants, le lecteur reste scotché, attendant le dénouement. Avant cela, l'auteur a su habilement préparer les choses, de la représentation musicale d'un Seigen et d'une Iku plus fascinants que jamais, jusqu'à la provocation de la jeune femme pour faire sortir le Tigre de ses gonds, en passant par le regain de santé d'une Mie dont la reprise de conscience et d'espoir laisse déjà entrevoir l'inévitable issue.
L'issue, elle arrive, implacable, dans une fin de tome qui achève de belle manière un duel incroyable, et une personnalité qui, jusqu'au bout, aura marqué en profondeur de par toute l'horreur et la fascination qu'elle aura pu provoquer. Une page se tourne dans le ballet cruel et sanglant de Shigurui, et la lecture ne perd rien en qualité.