Shigahime Vol.4 : Critiques

Pour pouvoir maîtriser pleinement ses griffes chasseresses, ces griffes aptes à provoquer la "troisième mort" chez les membres de la lignée du sang, il faut renoncer à toute trace d'humanité et devenir entièrement un monstre. Et ce monstre, Osamu semble désormais l'être bel et bien devenu, dès lors qu'il a vu Soichi se rapprocher de sa petite amie Chika. Le tout alors même que Soichi, de son côté, ne parvient plus à utiliser ses griffes, en ayant été touché en plein coeur par la gentillesse de Chika, l'adolescente ayant été la première à le traiter comme un être humain...

Les rôles paraissent donc désormais inversés entre les deux garçons, dont la frontière sans cesse floue entre humanité et monstruosité continue d'être très bien entretenue par Hirohisa Sato, une chose qui perdurera encore tout au long de ce tome. Mais alors que le duel doit faire rage entre les deux familiers, il est interrompu par l'irruption de Tamaki, la nouvelle maîtresse de Soichi, puis de Miwako. L'occasion de mieux découvrir le lien à la fois très étroit et très hostile entre ces deux femmes tour à tour si belles et si monstrueuses, même s'il faut espérer que l'auteur accentuera un peu plus dans le dernière tome cette relation à part entre ces deux figures dont on aimerait forcément comprendre plus en profondeur l'origine de la haine mutuelle qu'elles se portent. Une chose est sûre: avec leur pression psychologique teintée d'un sulfureux érotisme, les deux "vampires" de la lignée du sang poursuivent de façon viscérale leur influence sur les deux adolescents, jusqu'à inévitablement bientôt impliquer, plus que jamais et de manière irréversible, la troisième membre de leur "triangle amoureux"...

Car ici, les choses vont rapidement beaucoup tourner autour de Chika, cette figure d'innocence, de candeur, de douceur que certains actes ont déjà commencé à entacher. Entre un Osamu qui a commencé à perdre toute son humanité précisément avec le désir de la protéger et de la garder pour lui, une Miwako qui s'est immiscée en elle pour mieux manipuler son petit monde, un Soichi profondément troublé par cette fille ayant montré tant de bonté envers lui pour la première fois de sa vie, et une Tamaki finissant par s'en mêler autant pour s'opposer à Miwako que pour mettre à l'épreuve son familier, la jeune fille devient le centre de toutes les attentions, pour un résultat qui ne pourra que cristalliser tragiquement une pureté à tout jamais perdue...

On attendra désormais avec un mélange d'impatience et de crainte le cinquième et ultime volume de ce sombre récit, où l'érotisme malsain reste assez bien dosé, tant l'issue dramatique paraît désormais inéluctable.