Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 27 Octobre 2022
Après avoir sorti en janvier 2015 un premier tome nommé "Les enquêtes de Sherlock Holmes" et dessiné par une certaine Haruka Komusubi, la collection les Classiques en Manga des éditions nobi nobi a accueilli, en ce mois d'octobre, une nouvelle salve des aventures du célèbre détective privé portées en manga avec un tome nommé "Sherlock Holmes: Une étude en rouge.
Riche d'environ 250 pages, ce recueil a été composé exclusivement pour la France, et regroupe trois histoires qui ont pour point commun d'avoir toutes été dessinées par la même mangaka, mais qui furent initialement prépubliées au Japon dans "Comic Ban Lupin & Holmes", une anthologie collective parue au Japon chez l'éditeur Poplar et voyant plusieurs mangakas adapter des récits d'Arsène Lupin et de Sherlock Holmes.
La mangaka en question est ici Shouko Fukaki, qui n'est pas tout à fait inconnue en France. Après avoir été découverte en France aux éditions ki-oon en 2007-2008 avec l'oubliable Guardian Dog, elle a fait son retour en 2021-2022 dans une autre collection de nobi nobi! à savoir les grands Noms de l'Histoire en Manga, avec des biographies de Van Gogh puis de Léonard de Vinci qui s'étaient révélées de plutôt bonne facture. Depuis une grosse dizaine d'années, cette mangaka c'est donc clairement axée sur des manga visant à faire connaître au jeune public des oeuvres littéraires reconnues ou des personnalités marquantes.
Notons aussi que pour son deuxième manga sur Sherloc Holmes, l'éditeur a fait le choix de ne pas rester fidèle à la charte graphique du premier recueil, pour plutôt se rapprocher d'un rendu plus classieux, semblable à ce qui a été fait pour le recueil Arsène Lupin - Gentleman Cambrioleur de Makoto Haruno paru dans notre langue en septembre 2021. Mais à part ça, on reste sur les standards de qualité habituels de cette collection avec un rendu qui se veut "luxueux" avec un signet marque-page, une reliure de qualité un peu supérieure, une première page en couleurs, une qualité de papier et d'impression honorable, et une postface de deux pages présentant un peu plus le romancier d'origine Arthur Conan Doyle ainsi que son emblématique personnage.
Ce recueil se compose donc de trois histoires, dont la première, en plus d'offrir son nom au livre, est la plus longue en s'étalant sur environ 120 pages. "Une étude en rouge" est un roman publié par Doyle en 1887, et démarrer ce recueil par cette histoire est particulièrement intelligent puisqu'il s'agit tout bonnement de la toute première aventure du célèbre détective, où il accueille en guise de colocataire ce cher Docteur Watson qui sera le narrateur privilégié de ses enquêtes, et où tous deux doivent d'emblée aider la police à lever le mystère sur la mort d'un homme dans une Maison vide. C'est évidemment dans cette histoire initiale que Doyle nous permet, à travers les yeux de Watson, de découvrir tout ce qui fait le charme de Sherlock Holmes, son sens de l'observation et de la déduction hors du commun, ses parts d'excentricité, ses habitudes... soit autant de choses que Shouko Fukaki, dans son adaptation visuelle, s'applique à reproduire fidèlement en ne brûlant aucune étape.
Issues des nouvelles éponymes qui furent initialement publiées en 1892 dans le recueil "Les Aventures de Sherlock Holmes", les deux autres récits de cette version manga sont "La ligue des rouquins" et "La bande mouchetée", et durent environ 60 pages chacun. Ici aussi, la mangaka nous offre des adaptations suffisamment soignées, ni trop courtes ni trop longues au vu des nouvelles d'origine, toujours claires et ayant chacune un charme propre. Ainsi, tandis que "La bande mouchetée" nous propose une affaire de meurtre en chambre close assez sombre, "Le club des rouquins" pousse Holmes à remonter la piste d'un étrange club où ça sent bon l'arnaque, avec à la clé un antagoniste un brin retors et commettant ses méfaits surtout comme un passe-temps.
Comme souvent avec ce genre d'adaptations surtout dédiées à un jeune public non-connaisseur, on a droit à un travail graphique qui reste très classique: pas de mise en scène particulière, un découpage très standard... mais l'ensemble est limpide, et la dessinatrice cherche à apporter suffisamment de variété et d'expressivité dans ses designs et de rester assez fidèle à l'ambiance propre à l'Angleterre de la fin du XXe siècle.
On pourra donc dire de ce recueil qu'il est soigné, très fonctionnel, avec un travail de Fukaki qui cherche surtout à accompagner avec efficacité les récits pour les faire découvrir à un public néophyte principalement jeune. Le contrat est bien rempli !