Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 21 Novembre 2013
Un nouveau Kazuma Kodaka ! Et cette fois, chez IDP et pas chez Tonkam, c’est plutôt rare. Ce petit one-shot, par sa couverture et son titre, parait plutôt osé et pas accessible à tous, au contraire de plusieurs livres de l’éditeur. C’est en fait un recueil de plusieurs nouvelles autour d’un même thème. Dans le quartier des plaisirs de Tokyo, au fond d’une ruelle plutôt déserte, il y a un bar. Le bar Cain, un des plus grands mystères de la ville. On y trouve un thérapeute bien particulier, qui se charge de libérer ses clients des désirs inavoués et cachés. Il comprend ce que veulent ceux qui viennent le voir, et leur fait vivre l’espace d’une nuit ce qu’ils attendent et espère, afin de les apaiser. Vivre le fantasme permet de les en débarrasser. Onuki, un policier, cède le premier et va posséder son collègue le temps d’une nuit … avant d’oser enfin aller plus loin avec le réel, et réussir à atteindre son cœur pour concrétiser ses émotions. Ensuite, Obinata, qui sort avec plusieurs garçons à la fois mais qui est irrémédiablement attiré par son collègue adorable et si mignon. Il finit par assouvir son désir sexuel avec le gérant du bar, apprenant à faire l’amour plutôt que baiser, s’entraînant pour pouvoir satisfaire celui à qui il finit par se déclarer.
On suit après l’amour entre un homme et l’amoureux de sa sœur, puis entre deux pâtissiers soit disant ennemis, un patineur artistique et son entraîneur, etc … Tous ces jeunes hommes en mal d’amour ne réussissent pas à passer le cap de la déclaration. Ils sont amoureux et désirent la personne aimée, mais ne parviennent pas à franchir la ligne, effrayante. Alors quand on les guide sur le chemin de la félicité, quand on leur permet de faire l’amour à celui qu’ils aiment ils trouvent le courage nécessaire. Il faut dire que le hasard fait qu’ils vont soudainement comprendre que leur amour a une chance de trouver une réponse positive. Toujours est-il que Cain permet un étalage de scènes de sexe, sans vraiment être vulgaire puisqu’il se consacre à ses clients et qu’à chaque fois il se transforme en la personne aimée, jouant l’illusion du couple. Au fond, ce sont donc bien les sentiments qui priment dans la narration. Alors oui, la mangaka nous livre ici un manga totalement fait de fan service et de facilités narratives, sans pouvoir approfondir les émotions décrites. Mais c’est amusant, c’est reposant et plutôt bien trouvé comme idée, avec un fil conducteur qui nous permet de ne pas trop être déçus du format « nouvelles » dans un seul tome.
Au niveau des graphismes, on retrouve son style sans peine, mais son style actuel. Loin de la maladresse du trait d’un Kizuna ou des débuts de Not Ready sensei, par exemple, on sent que l’auteur maîtrise son art. Elle a de plus une marque personnelle, qui rend les personnages réalistes, les plus jeunes font leur âge, et nos héros sont tous bien différents les uns des autres. On identifie donc sans mal les protagonistes, que ce soit dans leurs caractères qui se lisent sur leurs visages ou bien leur nationalité, qui se devine aisément. Les mouvements sont fluides, les expressions fines et jamais exagérées. Vu le ton très sexuel du manga, l’auteur a oublié ses SD et ses facilités graphiques pour se concentrer sur la dynamique bien présente lors des scènes plus sensuelles. Bémol cependant, les arrières plans sont parfois un peu vides. Bref, un bon moment de lecture relevé par des dessins efficaces et réellement esthétiques. C’est sympathique, c’est amusant, c’est très bien pour fantasmer notamment sur une scène à trois en fin de tome. Rien à redire sur l’édition d’IDP, qui a une très bonne traduction, une grande majorité d’onomatopées adaptées et une qualité d’impression plutôt réussie.
11/09/2013 