Sans Expérience Vol.5 : Critiques

Sans expérience fait partie de ces trop nombreuses séries malmenées par Delcourt/Tonkam: après trois premiers volumes sortis de façon rapprochée en 2021, l'oeuvre de Mayu Minase a connu un ralentissement drastique dès le tome 4, pour partir sans explication sur un rythme d'environ un volume par an: ainsi le 4e opus est-il arrivé en novembre 2022 puis le 5e tome en août 2023, tandis que le volume 6 est prévu en cette fin septembre 2024. Inutile de dire qu'à un rythme pareil, la motivation sur la série n'est plus trop là. Cependant, à l'approche de la parution du volume 6, et alors que la série s'est achevée au Japon cette année avec son 10e opus en donnant l'espoir devoir voir la suite arriver plus vite dans nos contrées, le moment semble venu d'enfin revenir sur un tome 5 qui, comme nous allons le voir plus bas, donne malheureusement un sérieux coup frein à notre entrain.

Pourtant, tout commence assez bien dans ce volume: après leur première dispute de couple dans le tome 4, Kiyoshi et Sumi repartent sur de bonnes bases en profitant ensemble de différents jolis moments: une sortie à deux, un passage dans un festival, une perte d'alliance les poussant à tout faire pour retrouver le précieux objet... soit des instants certes assez anodins mais au fil desquels l'autrice met plutôt tendrement en valeur leur complicité ainsi que leur bonheur simple d'être ensemble. Et pour se convaincre de cela, il suffit devoir certains regards qu'ils jettent à l'être aimé en le voyant plein de joie ! Et s'il n'y a rien de bien neuf entre eux dans ce tome, heureusement on peut au moins compter sur quelques débuts d'évolutions sentimentales chez certaines personnes de leur entourage, que ce soit Koizumi qui semble toucher le coeur d'une Shizuko bien moins forte qu'il n'y paraît, où Yûmo et Mitsuru qui commencent à se rapprocher de jolie manière en révélant chacun certaines choses sur eux, entre l'un qui continue de déprimer mais qui semble commencer à se relever au contact de l'amie de Sumi, et l'autre qui pourrait voir son côté faussement froid (c'est juste qu'elle est très sérieuse en amour, au risque de d'abord semble glaciale) mieux compris et accepté. A vrai dire, c'est peut-être même ce dernier duo qui nous interpelle le plus ici, le traitement fait sur eux étant certes standard mais assez soigné.

En somme, entre d'un côté des petits moments mignons et tendres entre les deux personnages principaux, et de l'autre côté des perspectives d'avancées sentimentales pour d'autre visages secondaires, la lecture reste longtemps assez facilement appréciable... avant que n'arrive la dernière partie et l'entrée en scène d'une nouvelle figure en la personne d'Azuki Morizono, amie d'enfance de Kiyoshi qui, avouons-le, fout soudainement en l'air tout l'esprit de la série, entre une jalousie maladive qu'elle extériorise de façon très sournoise derrière son premier abord joyeux et insouciant, et ce qui s'apparente tout bonnement à du harcèlement et à une agression sexuelle sur Sumi qui n'en fait désespérément aucun cas, en nous laissant sur une dernière partie de tome détestable.

Que vient-on de lire ? Y avait-il vraiment besoin d'un nouveau personnage aussi cliché, caricatural et exécrable ? Mayu Minase a-t-elle pété un câble pour briser aussi maladroitement la belle atmosphère qu'elle avait pris soin de développer ? Une chose est sûre: alors que le tome reste sympathique dans l'ensemble, ces dernières dizaines de pages nous mettent une grosse clim', alors espérons que la mangaka saura remonter la pente et éviter de retomber dans ce genre de chose.