Samurai Gunn - Trigger Soul - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Juillet 2023

En 2013, les joueurs découvraient Samurai Gunn, un jeu d'action développé par l'indépendant Beau Blyth, qui a connu son petit succès critique. Ainsi, une suite a vu le jour sous le titre sobre de Samurai Gunn 2, poussant le concept encore plus loi, notamment avec des featuring de personnages d'autres jeux indés, dont les figures d'Among Us. Ce mois-ci, l'univers foisonnant s'est concrétisé sous une autre forme, celle de la bande dessinée. C'est l'auteur et dessinateur de BD Valentin Seiche qui est en chargé du projet, sur la supervision de Beau Blyth, tandis que l'édition est assurée par Kinaye.

Autrefois un paisible village, Gunn City est devenue une métropole en permanente expansion depuis que son empereur est infecté par une certaine folie des grandeurs. Dès lors, la cité ne compte plus les chantiers et les charpentiers. Ces derniers, assommés par le labeur, ont recours à la Gunnpowder, un remède qui reboostent ceux qui le boivent, mais qui a un effet secondaire notable. À force de consommation, certains addicts se transforment en monstre, que des guerriers de Gunn City se chargent d'exterminer.

Dans la ville, Red cherche du travail et gagner sa vie convenablement, mais la chance ne lui a jamais souri de ce côté. Après une altercation avec l'un des Justiciers de la ville, elle reçoit un puissant pouvoir, tandis qu'une entité de soutien nommé Golem la rejoint, après avoir été envoyée par sa famille...

Difficile d'aborder en bande dessinée un univers vidéoludique qui s'est décliné en deux opus déjà. Aussi Valentin Seiche fait le choix de nous présenter une origin story, une lecture qui ne demande aucun prérequis, présentant l'univers et ses protagonistes à un non initié qui pourra ainsi découvrir toute la saveur du monde inventé par Beau Blyth dans son titre indépendant éponyme.

Les codes utilisés par Samurai Gunn ne chambouleront pas les habitués des parcours initiatiques, puisque l'aventure de Red a tout de ce type d'épopée. Ne partant de rien, l'héroïne est vouée à devenir quelqu'un d'extraordinaire, luttant contre une menace de grande envergure, et épaulée par un être singulier d'une étrange pureté, en la personne de Golem. En somme, un point de départ finement calibré, mais dont la puissance réside au-delà de ses ficelles scénaristiques.

Car là où la bande dessinée nous scotche, c'est bien par le style de son auteur, donnant une puissance toute particulière à cette intrigue et à l'univers initial. C'est même à tous les égards graphique que Valentin Seiche sublime cette aventure. Nous ne sommes pas seulement éblouis en termes d'action, mais aussi dans cette représentation presque enchanteresse des environnements qui empruntent à la ruralité nippone d'antan, conférant un indéniable charme à Gunn City et à ses structures, malgré le fléau qui se répandent dans la ville.

Puis, vient l'action, d'une composition à couper le souffle grâce au travail de l'artiste sur les formes, les effets et les couleurs. Son trait sur les personnages, fin et épuré, s'adapte parfaitement à ces moments effrénés, donnant à ces moments une démesure et une esthétique rappelant parfois les oeuvres d'Imaishi, et plus globalement du studio Trigger. Il y a quelque chose de vraiment satisfaisant dans les différentes expériences de style de l'auteur, lors de moments de combat, ce qui nous fait même regretter que Samurai Gunn ne soit pas une série qui nous régalerait encore de ces séquences.

Mais il faudrait des lignes et des lignes pour argumenter sur l'ensemble des atouts visuels du présent ouvrage. Véritable force de celui-ci, la patte de Valentin Seiche est un petit régal aux moult subtilités, s'adaptant aux diverses ambiances d'un récit qui oscille entre l'action et l'intimiste, la quête initiatique et la tranche de vie.

Côté édition, Kinaye offre un bel objet de conception souple, mais doté d'un papier couché brillant qui fait ressortir les jeux de couleur de l'auteur. Le prix s'avère donc honnête pour une bande dessinée de ce format et, surtout, de ce calibre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction