Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 20 Mai 2013
Accompagné par un cochon, le Roi des Singes escorte une nonne baillonnée et ligotée pour un voyage vers l'Inde, où il doit mettre la main sur des manuscrits bouddhistes sacrés. Leur périple, véritable voyage initiatique, mettra leur foi et leur vie à rude épreuve. Celui qui est né d'un oeuf de pierre, le Roi des Singes, va devoir faire montre de l'étendue de ses talents pour mener son petit groupe à destination, combat après combat...
Sorti un peu de nulle part et passé complètement inaperçu en France il y a déjà plus de 10 ans, Saiyukiden est un projet plutôt étonnant : tout d'abord, il faut savoir qu'annoncé comme une série, le tome 2 au Japon est quand même sorti 12 ans après le premier, un record ! Derrière ce titre se cache Katsuya Terada, artiste assez renommé dans son pays pour son trait plutôt hors du commun. Delcourt a sans doute du vouloir à l'époque faire passer les frontières nippones de ce talent jusqu'à chez nous malgré l'échec que cela allait peut être être et ce fut malheureusement le cas pour l'éditeur. Mais malgré ce soi-disant "talent", Saiyukiden s'avère-t-il être un bon manga ? Nous avons bien peur que non !
Il faut savoir en premier lieu que nous avons ici un manga entièrement colorisé, fait assez rare donc d'autant plus intéressant. Celui-ci nous narre l'histoire du Roi des Singes, alias Gokû, légende reprise dans de nombreux mangas bien populaires tels Saiyuki ou encore Dragon Ball. Malheureusement, la lecture s'avère juste...insupportable. Derrière ces planches aux couleurs flamboyantes se cache une narration totalement vide, où tout s'enchaîne sans que l'on comprenne clairement le pourquoi du comment, avec des chapitres hyper courts où une fois terminés on se dit "mais qu'est-ce que je viens de lire là ?". A moins que je sois personnellement très bête, je me suis particulièrement ennuyé à cette lecture tant on se sent "à l'extérieur" du récit et dont tout s'enchaîne sans qu'on nous explique la raison de tout ce grabuge.
Alors que le graphisme et les techniques de dessin sont particulièrement intéressants et remarquables (bien que parfois brouillons à certains passages...), cela ne nous suffit pas pour nous accrocher et l'envie de boucler la lecture arrive bien trop rapidement ! En fait, on a l'impression que chaque chapitre est un résumé de ce qui pourrait être une histoire à part entière, et ça s'est vraiment très frustrant ! De plus, la lecture s'avère même énervante à cause d'un narrateur rendant le tout presque comique tant c'est cliché, et le fait que le mot "singe" rebondisse à chaque page (ou du moins presque) aura de quoi vous faire grincer les dents...
Non, vraiment, il est très difficile d'interpréter ce manga. Si vous ne connaissez pas ne serait-ce qu'un peu la légende originale, vous serez déjà complètement perdu dès le début et il sera très dur pour vous de vous passionner. Le tout s'enchaîne beaucoup trop vite sans liens apparents, on ne s'attache à aucun personnage tant ceux-ci sont creux, bref, on s'ennuie ferme.
Après, on retrouvera bien sûr deux écoles : ceux qui qualifieront ce manga d'oeuvre à part entière et qui trouveront le tout profond, et ceux qui, comme moi, ne verront que de jolies images portées par une narration complètement absurde. Saiyukiden, c'est joli, mais c'est tout. Point barre.
Un petit mot concernant l'édition tout de même : nous voyons malgré tout que Delcourt a fait tout pour faire un bel ouvrage entre un bon papier, couverture cartonnée soit un livre de qualité, mais malheureusement pour eux l'intérieur du livre n'est certainement pas à la hauteur de leur édition. Dommage.