Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 31 Août 2018
Les toutes fins de mois d'août et début de mois de septembre sont les moments idéaux pour les éditeurs de proposer leurs nouvelles licences, les séries de la rentrée. Akata ne déroge pas à la règle et nous propose aujourd'hui SOS Love, série en six tomes signée Yasuko, mangaka prolifique au Japon, mais que nous pouvons lire en France pour la première fois.
Au Japon, SOS Love est paru dans le magazine Betsucomi des éditions Shôgakukan, entre 2015 et cette année, sous le titre Konna Mirai wa Kittenai !!, titre différent, mais moins impactant.
Lycéenne populaire et branchée, Kayo attire les garçons et reçoit de plus en plus de déclarations d'amour ! Son avenir amoureux semble tout tracé, si bien que la lycéenne se voit déjà mariée et femme au foyer. Pas question pour elle de se soucier de son avenir, donc...
Pourtant, ses rêves se brisent lorsqu'une femme d'une trentaine d'années l'avertit un jour de son futur célibat à long terme, et pour cause : cette femme est Kayo, mais des années plus tard ! Si elle n'y croit pas au départ, l'adolescente va vite comprendre la raison d'un tel célibat...
A première vue, SOS Love peut se montrer sans surprises. Une romance lycéenne, un pitch ciblant une héroïne et son ami d'enfance... Pourtant, si la série paraît aux éditions Akata, c'est qu'il y a anguille sous roche. Il faut dire que l'éditeur a le flair pour dénicher les perles qui sortent du lot, parfois derrière des intrigues faussement classiques. Et effectivement, la comédie sentimentale de Yasuko sort rapidement de l'ordinaire par son concept, vu dans d'autres domaines, mais plus rarement dans le shôjo en France : l'intervenant issu du futur, venant prévenir l'héroïne des drames à venir ! Une sorte de Trunks, mais dans une comédie lycéenne et dans une ambiance plus déjantée.
La recette ne met pas longtemps pour se montrer efficace : Rapidement, la jeune Kayo se rend compte de l'authenticité des dires de son homologue venue du futur. La mangaka va même au-delà de cette simple figure pour développer la dimension temporelle de son récit, aussi d'autres éléments viennent progressivement attester des changements qui impactent la ligne temporelle dans laquelle évolue Kayo. Si ce genre de trame a été énormément exploité dans d'autres registres et sur d'autres médias (Retour vers le futur étant le premier exemple venant en tête), la formule se révèle inventive sous l'angle de la comédie lycéenne. Toute cette dimension est ainsi exploitée minutieusement et régulièrement dans ce premier temps, n'étant jamais délaissée et donnant un certain rythme aux péripéties de Kayo. Les événements s'enchaînent alors assez vite et chaque épisode ayant des répercussions prouvées sur l'avenir de la jeune fille, on se prend facilement au jeu et on tourne les pages avec l'impatience de découvrir de quelle manière l'héroïne agira sur son propre avenir.
Au-delà de ça, l'autrice commence à développer d'intéressantes thématiques dans sa série. Changements temporels obligent, il y a tout un rapport à la nostalgie et aux erreurs de jeunesse que Yasuko symbolise à travers le personnage de Kayo, désireuse de revenir sur les mauvais pas commis durant ses années lycée. Il serait intéressant de développer ce sujet au-delà des relations amoureuses et étant donné l'importance que prennent les voyages dans le temps, surtout en fin de tome avec la révélation autour d'un certain personnage, il est possible que les futurs tomes nous surprennent agréablement.
Aussi, si certains personnages peuvent se montrer clichés dans leurs comportements, lors de leurs premières apparitions, il est surprenant de constater que la mangaka assume à 100% ces caractères, au point d'en faire un enjeu au sein du récit. Paradoxalement, c'est ce qui donne aux concernés une identité propre, amenant même d'autres questionnements comme les comportements à adopter en amour. Il est assez peu commun de voir ce traitement exploité de la sorte, ce qui constitue une certaine fraîcheur au sein du premier tome.
Visuellement, la série se montre moins surprenante, mais pas moins efficace. Yasuko a un style précis et maîtrisé, la mangaka rendant très vivantes ses pages par les expressions des personnages quitte à utiliser des codes graphiques classiques. Le trait sert globalement très bien le récit, remplissant ainsi parfaitement son office.
Comme souvent chez Akata, les pitchs classiques cachent de la subtilité. C'est le cas avec SOS Love dont le premier tome renouvelle la comédie sentimentale lycéenne avec ses concepts de rapport au temps et de changement du passé, mécanique qui ne sert jamais d'arrière-plan. Une bonne lancée pour la série de Yasuko, donc, et il y a de quoi rester très curieux à l'idée de découvrir la suite des péripéties sentimentales de Kayo, et des mystères qui se cachent derrière certains événements.