Romancière et le Mercenaire (la) Vol.1 - Manga

Romancière et le Mercenaire (la) Vol.1 : Critiques

Youhei to Shousetsuka

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 30 Septembre 2024

Série achevée en trois tomes et lancée en France par les éditions Doki-Doki à la fin du mois d'août, La Romancière et le Mercenaire est, à l'origine, un roman écrit par Asovu Minami, illustré par Takolegs, inédit dans notre langue et ayant remporté au Japon le Prix du meilleur premier roman décerné par le jury de la collection Seikaisha Fictions de Kôdansha. C'est en 2021 qu'il est décidé d'en faire une adaptation en manga pour le magazine Shônen Gangan de Square Enix, celle-ci s'étant achevée en 2023 et ayant été confiée à Nachiyo Murayama, mangaka qui signait là la deuxième série de sa carrière après Le Dévoreur de Souvenirs (sorti en France chez Delcourt/Tonkam).

Cette oeuvre nous plonge dans un monde certes fictif mais s'inspirant de l'Europe du XIXe siècle et plus précisément de la période de la révolution industrielle, afin de nous offrir quelques éléments un peu steampunk. Depuis l’achèvement du chemin de fer transcontinental quelques années auparavant, le métier de mercenaire est devenu obsolète, l'Eglise au pouvoir s'étant arrangée pour totalement le faire disparaître. Depuis, Sword, autrefois jeune et très brillant mercenaire, peine à joindre les deux bouts, maudit l'Eglise et ne peut guère compter que sur l'amitié de ses anciens partenaires Hugh et Gold, l'un s'épanouissant avec la librairie-bibliothèque où il travaille tandis que l'autre semble proche de se trouver enfin un nouveau métier. Storm est-il donc le seul à être condamné à continuer d'errer, sans savoir trop quoi faire ? Rien n'est moins sûr, car bientôt, on lui propose une mission: escorter Valderon Forester, une jeune romancière très populaire, jusqu'à Maléfico, une chaîne de montagnes que l'on dit maudite et qui n'est répertoriée sur aucune carte. Pourquoi une telle femme souhaite-t-elle se rendre en un lieu pareil ? Eh bien, c'est simple: il y a l'excitation de découvrir des terres inexplorées et, surtout, le désir de voir si les légendes sur ce lieu terrible sont vraies afin d'y puiser son inspiration pour son prochain roman. Mais si les choses pourraient s'arrêter là, on sent vite que les mystères entourant Maléfico cachent une machination à laquelle l'Eglise n'est pas étrangère...

Le moins que l'on puisse dire est que, pour une série en seulement trois tomes, Nachiyo Murayama prend son temps avant de véritablement lancer l'aventure puisqu'il faut attendre plus de la moitié du volume pour que le voyage démarre réellement. C'est, cependant, un mal pour un bien, car toute la première partie permet de mettre en place assez soigneusement de nombreux éléments qui prendront sans aucun doute leur importance par la suite, que ce soit la prédiction que la Sainte fait à Storm sur son avenir à Maléfico, le nouveau travail trouvé par Gold, les diverses petites informations sur le passé de ce monde, les différentes légendes animant les terres de la montagne maudite, et bien sûr les sombres secrets que semble cacher l'Eglise emmenée par son cardinal Malmsteen, sans compter la censure que celle-ci pratique comme si elle voulait cacher des choses...

Ainsi, avant même de commencer, le voyage du duo principal s'annonce semé d'embûches, tant on nous fait sentir que plus d'un danger attend Storm et Valderon dans leur périple. D'ailleurs, ils devront déjà se frotter à quelques bandits eux aussi mis à mal par l'Eglise, se méfier à chaque halte... et, surtout, apprendre à cohabiter l'un(e)e avec l'autre, ce qui ne s'annonce pas facile ! Non seulement parce que la première rencontre de ces deux-là a été loin de bien se passer, mais aussi parce que chacun d'eux a un caractère assez affirmé qui sera sujet à quelques rixes souvent un peu amusantes ou, en tout cas, amenant plus de vivacité au récit. Et de ce côté-là, c'est surtout Valderon qui dénote un peu plus, avec sa personnalité plutôt intrépide, ses sautes d'humeur et son côté légèrement hautain qui peuvent faire rigoler par moments. Néanmoins, suivre l'évolution relationnelle de ces deux-là sera aussi un élément-clé: ils devront apprendre à réellement se faire confiance, s'excuser quand ils vont trop loin, ce qui pourrait même les pousser petit à petit à se confier un peu l'un à l'autre. La formule n'est pas nouvelle, mais dans le cas présent elle est bien utilisée par le romancier ou la romancière d'origine afin de distiller soigneusement les éléments de background.

Reste, alors, l'adaptation manga faite par Murayama: si l'on sent que les choix d'adaptation sont bons en termes d'histoire, car toujours clairs dans le déroulement et abordant tout ce qu'il faut côté univers/background, la narration montre quelques limites tant certaines phases sont plus racontées que mises en images, et le dessin alterne entre le très soigné et les petites inégalités dans les expressions et anatomies. Absolument rien de dramatique, cependant, car rien ne vient gâcher l'envie d'en découvrir davantage aux côtés de Storm et de Valderon.

A l'arrivée, l'histoire de La Romancière et le Mercenaire s'offre ici une bonne mise en place riche de nombreux éléments bien assimilés, avant que les dernières dizaines de pages ne commencent à réellement entrer dans le vif du sujet avec le début du voyage. Il ne reste plus qu'à voir comment le récit évoluera sur les deux tomes suivants, mais on part plutôt confiants !

Enfin, côté édition, on trouve l'habituelle qualité de Doki-Doki avec un papier épais bien qu'un peu transparent, une très bonne qualité d'impression, une première page en couleurs sur papier glacé, une traduction très claire de Rodolphe Gicquel, un lettrage soigné de Jean-François Leyssène, et une jaquette proprement adaptée de l'original japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs