Rinne Vol.35 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Juin 2022

Chronique 2 :


Avec un rythme d'un tome tous les trois mois qui perdure depuis déjà un petit paquet de volumes, Kazé Manga continue de tenir la cadence sur Rinne, série qui a parfois connu des aléas dans son rythme de publication mais dont la fin approche désormais petit à petit puisque, après ce 35e opus, il n'en restera plus que 5. Mais même si la conclusion de l'oeuvre n'est plus très loin à présent, il n'est pas encore question pour Rumiko Takahashi de changer sa petite recette habituelle.


En effet, la nouvelle salve de dix chapitres du présent volume nous invite à découvrir 9 nouveaux petits récits indépendants: seule une histoire voit donc la mangaka s'étirer un petit peu plus, sur un total de deux chapitres, afin de nous proposer une affaire somme toute pas banale où plusieurs Sakura plutôt entreprenantes apparaissent mystérieusement pour draguer tous les mecs amoureux de la vraie Sakura (et il y en a un paquet, visiblement)... Comment cela est-il possible ? Quelle est l'origine de ce phénomène ? Tandis que la réponse à cette dernière question ne souffre d'aucun réel suspense mais est assez bien menée, on s'amuse surtout devant le talent de la mangaka pour jouer sur les habituels traits de caractère de ses personnages (en tête Tsubasa qui, tout amoureux de Sakura qu'il est, semblerait prêt à se contenter d'un double de la jeune fille) ou, au contraire, pour en détourner d'autres puisque l'on voit ici, via ses doubles un peu aguicheurs, la sérieuse Sakura telle qu'on ne l'avait jamais vue.


Le reste n'est donc qu'une succession de nouveaux chapitres indépendants avec à chaque fois un début, un développement et une fin rapide qui n'empêchent pas quelques bons petits moments. Ici, un champ de tournesols semble particulièrement farceur en s'en prenant aux gens qui s'y trouvent. Là, un riz magique aux oursins pousse Renge à de nouvelles arnaques tout en jouant sur son côté adorable pour appâter le chaland. Puis l'heure est venue de lever le voile sur des agressions à base de "léchage de sauce" ayant lieu pendant un festival d'été, de comprendre le soudain changement d'un élève envers sa petite amie, de déjouer quelques problèmes dans une pension qui rappelle certains souvenirs à Otome, de voir les effets plutôt indésirables d'un strap offert (non sans arrières-pensées) par Ayame à son bien-aimé Tsubasa, ou encore d'assister, sous l'égide d'Annette, à une invocation d'esprit lors d'une fête de Halloween riche en jolis costumes.


Globalement, les choses ne changent pas du tout de d'habitude, avec le lot habituel de récits reposant sur des petits cas d'exorcisme gentiment loufoques/absurdes/idiots, et une galerie de personnages secondaires restant suffisamment variée et bien exploitée même si l'utilisation de leurs traits de caractère en revient généralement à des gags un peu similaires d'un tome à l'autre (le côté pingre de Rinne, les manigances de Sabato, l'amour de Tsubasa pour Sakura, la bêtise d'Ageha, les tentatives foireuses de Matsugo ou d'Ayame pour se rapprocher de l'élu de leur coeur, etc.). Mais généralement la magie Takahashi opère: l'expérimentée mangaka montre toujours une grande fluidité narrative pour nous amener du début jusqu'à la fin de chaque récit, et il est assez rare de trouver que deux histoires se répètent vraiment. Qui plus est, le personnage d'Ichigo/Otome, apparu plus récemment, continue d'apporter un petit plus supplémentaire, ne serait-ce que grâce au décalage entre le statut d'élève de CP d'Ichigo et celui de mère de Rinne d'Otome.


Bref, comme quasiment toujours dans la série, pas de prise de risque puisque Rumiko Takahashi campe sur ses acquis, mais pas de quoi être déçu non plus si l'on a apprécié cette routinière recette jusqu'à présent.



Chronique 1 :


La série de Rumiko Takahashi comprenant une quarantaine de tomes, nous pouvons avec ce tome 35 officiellement déclarer que la voie vers la fin de Rinne est ouverte ! Quelques tomes pour prendre le temps de saluer ces personnages attachants qu’il est touchant maintenant de retrouver depuis 12 ans déjà, le premier tome étant paru en France en Juin 2010.


Nous avions laissé tout ce petit monde début juillet prêt à profiter de l’été dans le précédent tome, c’est logiquement au cœur de celui-ci que nous les retrouvons : sous le cagnard d’un gigantesque champs de tournesols labyrinthique. Au bord de mer en maillots sur la piste d’une arnaque damashigamesque aux œufs d’oursins. En yukata lors d’un festival estival rempli de stands culinaires lors duquel sévit un fantôme farfelu lécheur compulsif de sauce dashi.


D’amour il est beaucoup question dans ce tome mais d’amour déçu ou à sens unique très essentiellement.


Que ce soit l’attendrissante Ayame, prêtresse follement éperdue de Tsubasa Jumonji, ou le fantasque Mastugo qui en pince lourdement pour Rinne Rokudo, ça rame sec malgré leurs espoirs fous. Sans parler de Soratarô, fantôme d’un jeune homme ayant vécu à l’époque féodale, et exhumant avec peine une histoire d’amour rurale totalement pathétique… Le romantisme a du plomb dans l’aile !


Plus pinçant encore une histoire de proxénètisme (!) impliquant directement Sakura Mamiya dont des doubles séduisent et soutirent de l’argent à des jeunes hommes secrètement amoureux d’elle, argent tombant directement et à sa grande surprise dans les poches de… Rinne ! Le shinigami plus que fauché sera alors déchiré entre ses sentiments pour Sakura et cette manne financière inespérée avec un sens mélodramatique hilarant dans lequel Rumiko Takahashi excelle particulièrement.


Une histoire malicieuse car si les frasques des doubles restent plus ou moins innocents, les atermoiements financiers et sentimentaux de Rinne bousculent le lecteur tant ceux-ci malmènent le lien de confiance qu’ils ont su consolider tous les deux et tant il est surprenant de voir un sujet tel que la prostitution abordé aussi frontalement dans cette œuvre d’ordinaire plutôt légère. Un véritable élan pédagogique féministe.


A noter un dernier chapitre spécial Halloween orchestré par la sorcière franco-japonaise Annette qui donne ici l’occasion de découvrir nombres de créatures fantastiques de toute beauté et des superbes costumes arborés par les protagonistes; bien que le récit soit confus, l’adaptation française pas toujours très claire ni très aboutie n’aidant pas.


Mention spéciale encore une fois au personnage d’Ichigo alias Otome, mère de Rinne réincarnée dans une élève de CP, qui apporte à chacune de ses apparitions un brin d’extravagance bienvenu. On souhaiterait volontiers la revoir dans les cinq derniers volumes restant à paraître, que l’on espère - avouons-le - au moins aussi bons voire bien meilleurs que celui-ci.



Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

13 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
AristideGaland
13.5 20
Note de la rédaction