Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 16 Juillet 2010
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Rumiko Takahashi, la célèbre mangaka auteure d'oeuvres incontournables telles que Maison Ikkoku et Urusei Yatsura/Lamu, ne chôme pas. A peine son Inu Yasha terminé après 56 très longs (trop longs) volumes, qu'elle enchaîne avec une nouvelle série, Rinne, au rythme tout aussi soutenu, puisqu'au Japon, quatre volumes sont déjà parus en à peine un an.
Lorsqu'elle était petite, Sakura Mamiya a disparu dans la forêt située près de la maison de sa grand-mère. Depuis, elle a grandi et est maintenant lycéenne, mais elle a conservé depuis cette disparition un étrange pouvoir: celui de voir les fantômes ! La jeune fille s'est à présent habituée à cet état de fait, même si elle aimerait beaucoup s'en débarrasser. Mais ce ne sera pas encore pour tout de suite, puisqu'elle va se retrouver mêlée aux affaires de Rinne Rokudo, un camarade de classe roux qu'elle n'avait encore jamais rencontré, et qu'elle est la seule à pouvoir voir parmi ses camarades de classe s'il ne revêt pas une veste spéciale... et pour cause: Rinne est un fantôme ! Ou plus précisément, il s'avèrera être une sorte de shinigami, étudiant sans le sou à ses heures perdues, mais avant tout chargé d'amener les âmes récalcitrantes jusqu'à la roue de la réincarnation, où les attend leur prochaine vie.
Un shinigami roux, voilà qui a de quoi rappeler le héros d'un certain shônen fleuve à succès... et pourtant, ne vous y trompez pas: c'est avant tout à Inu Yasha que fait penser ce premier tome de Rinne, qui débute la série un peu de la même manière: une jeune héroïne dotée d'un certain caractère et d'un don particulier se voit immiscée dans la vie d'un garçon mi-humain mi autre chose, dans l'ensemble assez profiteur. Sur ces bases se déroulent quelques petites histoires courtes servant à planter le décor général de la série. Pour le coup, on ne peut vraiment pas dire que Rumiko Takahashi ait cherché à se renouveler.
Et pourtant, la sauce prend assez bien. Le tout se suit sans déplaisir, porté par le style inimitable de Takahashi, par ce coup de crayon un brin désuet mais ne manquant pas de charme, fidèle à lui-même depuis ses origines, et par ce savant mélange de rebondissements, de folklore et d'humour porté par des personnages aux caractères assez marqués. Cela dit, marqués, les protagonistes le sont sans doute un peu moins que dans les autres séries de l'auteure dans ce premier tome.
De plus, pour appâter un peu plus le lecteur, la mangaka a la bonne idée de faire apparaître rapidement des personnages secondaires qui s'annoncent eux aussi sympathiques sans être foncièrement originaux, et de nous offrir quelques révélations dès ce premier tome. On en apprendra notamment plus, dès ce volume, sur le passé de la grand-mère de Rinne, sur les origines de notre shinigami, et sur le fonctionnement de cette fameuse roue de la réincarnation.
Avec ce premier tome de Rinne, les fans de Rumiko Takahashi seront en terrain conquis. La mangaka ne cherche aucunement à se renouveler, ce qui pourra plaire autant que déplaire. La lecture est plutôt sympathique, et c'est bien là l'essentiel, mais on émet d'ores et déjà quelques réserves: à la fin de ce premier volume, aucun fil rouge ne semble destiné à pointer le bout de son nez, et aucun véritable mystère ne vient nous titiller. Dans la façon de narrer les choses, on pense facilement à Inu Yasha, et on espère juste que cette nouvelle série n'en suivra pas le même chemin et que Rumiko Takahashi saura s'arrêter à temps.
Du côté de l'édition, Kazé Manga nous offre un travail convenable: bonne qualité d'impression, traduction correcte malgré quelques petites coquilles, et adaptation satisfaisante.