Rêve de Coucou Vol.1 - Actualité manga

Rêve de Coucou Vol.1 : Critiques

Kakkou no Yume

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 08 Avril 2019

Dans une petite ville de province, à l'époque du lycée, Natsuka, adolescent plutôt solitaire et brimé par les autres à cause de son caractère et du magasin délabré de son père, est tombé amoureux de son camarade d'école Hakushima, un garçon aussi beau que gentil et sérieux, apprécié d'absolument tout le monde. Si bien que les amis de Hakushima lui conseillaient même de ne pas sympathiser avec quelqu'un comme Natsuka, mais Hakushima n'en a eu que faire. Une amitié solide entre les deux garçons est née, sans que Natsuka n'ose avouer ses sentiments, néanmoins il est toujours resté intrigué par certaines paroles de son ami: bien que tout le monde l'apprécie, il n'est jamais sorti avec qui que c soit, car il veut être "aimé pour son âme"...
Depuis, quatre années sont passées, Natsuka n'est pas dans la même université tokyoïte que Hakushima, mais leur amitié est toujours intacte, tout comme l'amour secret du premier pour le deuxième. Alors pour évacuer la douleur de ne pas pouvoir se déclarer à Akushima et vivre son amour pour lui, Natsuka sort avec un autre garçon, Seno, un simple sexfriend avec qui il est parfaitement compatible mais pour qui il n'éprouve aucun réel sentiment.
Mais voilà qu'un soir, un terrible événement survient près de chez Natsuka, lorsque la Moto de Seno percute de plein fouet le piéton Hakushima. Un accident insondable après lequel les deux garçons sont transportés à l'hôpital dans un état critique, surtout Hakushima dont l'état semble si grave que nul ne sait s'il se réveillera un jour... Mais cette situation tragique va prendre un tournant pour le moins surprenant et invraisemblable lorsque Seno finit par se réveiller... en affirmant être Hiro Hakushima.

Découverte aux éditions Boy's Love en septembre 2017 avec le one-shot You're My Sex Star, la mangaka Tamekou est revenue chez l'éditeur pile un an plus tard, en septembre 2018, avec une série en deux volumes un peu plus récente: Rêve de Coucou, de son nom original Kakkou no Yume, une oeuvre qui fut prépubliée en 2016-2017 dans le magazine OnBlue des éditions Shôdensha, et qui voit l'autrice reprendre la recette bien connue de l'échange de corps pou un résultat aussi captivant qu'intéressant.

Il faut dire d'abord que la mangaka prend soin d'offrir un contexte travaillé et suffisamment crédible dans les rapports et les réactions des personnages. Après une découverte à la fois rapide, claire et efficace des liens unissant les trois personnages principaux, l'accident survient, et l'après-accident s'avère traité d'une manière assez réaliste. Tandis que Hakushima est forcément sous le choc de se retrouver dans un corps qui n'est pas le sien, Natsuka, lui, peine forcément à croire ce que son ami, dans le corps de Seno, affirme, si bien qu'il va jusqu'à se mettre en colère, lui reprocher de se moquer de lui... et il faudra donc à Natsuka une preuve infaillible de cette réalité impossible à croire, une preuve venue du passé commun des deux amis. En parallèle, Hakushima devra également veiller à ne pas attirer les soupçons ou passer pour un fou auprès des autres, et cela implique notamment de ne pas voir sa mère (car quelle réaction aurait-elle si son enfant lui disait être piégé dans le corps de celui qui l'a renversé ?), mais aussi de réussir à se faire passer pour le vrai Seno de façon convaincante, le plus simple pour ça étant encore d'éviter de voir trop de têtes connues et de rester auprès de Natsuka, le seul à savoir la vérité.

De cette situation à la fois surnaturelle et dramatique, Tamekou tire évidemment nombre d'interrogations. Par exemple, quel sera l'avenir de Hakushima s'il doit rester à tout jamais dans le corps de Seno ? Que se passera-t-il si son corps finit enfin par se réveiller un jour ? Mais c'est encore un autre élément que la mangaka met le plus en avant, à savoir la relation entre Natsuka et Seno. Il est bon de noter que dans sa narration, l'autrice fait le choix de se concentrer quasiment exclusivement sur Natsuka, ses pensées, son introspection... c'est avant tout à travers lui que le lecteur vit l'histoire, et on a alors tout le loisir de suivre ses doutes, ses tourments en voyant l'âme de celui qu'il a toujours aimé sans jamais oser le toucher être transférée dans le corps de son sexfriend, et le récit ne manque alors pas d'interroger avec force et fascination sur la dualité entre aimer quelqu'un pour son corps et l'aimer pour ce qu'il est intérieurement. Comment Natsuka aime-t-il Hakushima ? Comprendra-t-il enfin le sens de ce que son ami lui avait affirmé 4 ans plus tard sur son désir d'être "aimé pour son âme" ? Natsuka osera-t-il enfin avouer ce qu'il a sur le coeur ? Et si oui, comment pourrait bien réagir Hakushima, lui qui a toujours été plutôt "dans le moule" et se soucie peu des apparences ?

On a donc une première moitié de série assez prenante et captivante, et elle l'est d'autant plus que les visuels de Tamekou sont réellement magnifiques. On le remarque dès les jaquettes, la mangaka accorde ici énormément d'importance aux visages, régulièrement en gros plan, et ayant dans ces cas-là des yeux très profonds, des trames très précises et une finesse de trait assez impressionnante. C'est d'autant plus beau que l'ensemble conserve un côté assez doux et clair qui put venir contrebalancer le caractère intégralement non-censuré des quelques scènes de sexe. Surtout, l'artiste livre beaucoup de très beaux instants de mise en scène, où elle sait mettre en valeur ses personnages et leur ressenti par le biais de vues souvent variées réfléchies et qui se répondent parfois (champs/contrechamps, etc).

Difficile, donc, de ne pas se laisser happer par ce récit aussi beau visuellement qu'assez profond et intrigant côté histoire. Quant au titre, il n'est évidement pas choisi au hasard et révèle tout son sens au fil de la lecture.

L'édition est très bonne, notamment pour la traduction fluide et naturelle de Laurie Asin. Le papier allie souplesse et épaisseur malgré une très, très légère transparence par instants, l'impression est convaincante, et la première page en couleur est toujours un bonus appréciable même si elle se contente de reprendre l'illustration de la jaquette.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs