Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Juin 2024
Sorti au Japon en 2022 chez Hit Publishing sous le nom "Haitoku Mousou" (littéralement "Illusion Immorale" en français) et en France en mars dernier dans la collection Seiko des éditions Dynamite, Redhead x Brunette est la toute première publication française et le quatrième ouvrage hentai de Neko Koremitsu, un auteur également connu sous le nom de Nekoi Hikaru et qui est actif exclusivement dans le manga X depuis 2014.
Au programme de ce recueil d'environ 190 pages, une succession d'histoires courtes s'étalant sur un ou deux chapitres et proposant des situations aussi diverses que variées. Ici, une vtubeuse spécialisée dans le contenu coquin est toujours plus décidée à gagner en popularité, au point d'offrir toujours plus de "contenu exclusif" à ses fans. Là, deux touristes taïwanais découvrent l'hospitalité d'un maid café japonais, et plus spécifique d'une soubrette proposant des services très spéciaux. Puis une beauté rousse en manque n'hésite pas à pousser au vice le petit copain de sa meilleure amie, une fille télécharge une application d'alarme très particulière pour ne plus arriver en retard en cours le matin, un sex toy prend forme humaine pour satisfaire encore plus son propriétaire adoré (et le pote de celui-ci par la même occasion...), une jeune femme semble tomber dans la paranoïa en imaginant que son époux a des relations avec sa belle-soeur (mais au final, s'agit-il uniquement d'illusions/rêves, ou y a-t-il une part de réalité ? )
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur ne manque ni d'idées ni d'héroïnes avides de sexe ! En effet, Neko Koremitsu séduit ici en premier lieu pour les choses assez originales, sortant de l'ordinaire, qu'il propose assez régulièrement: que ce soit en exploitant l'univers des vtubeurs à sa sauce, en interprétant à sa façon le folklore des tsukumogami (les yôkai naissant d'objets), ou encore en jouant sur la frontière illusions/réalités autour de l'épouse parano, on a des choses peu communes qui font alors plaisir à voir, même si cela n'empêche pas le mangaka de jouer également sur quelques fantasmes plus classiques comme les maids ou l'adultère avec une bombe délurée. Et en plus de tout ça, il peut aussi compter sur une galerie d'héroïnes ayant généralement le mérite d'être très décomplexées et d'assumer leurs désirs, jusqu'à même se laisser aller avec plaisir à certaines pratiques plus bourrines (si vous voulez de la double pénétration et du double vaginal, vous serez servis dans certains récits). Et ce plaisir, Neko Koremitsu se fait une joie de l'accentuer à travers un dessin très expressif, parfois proche de l'ahegao sans totalement tomber dedans. A part ça, les filles en elles-mêmes, bien qu'elles aient souvent un peu le même gabarit, restent assez variées et séduisantes, malgré une petite frustration: pas une seule scène avec la si mignonne Mika, la fameuse "brunette" du titre ? Sérieusement ?
De manière générale, si vous voulez du hentai comportant des choses un peu plus inventives que la moyenne et dotée d'héroïnes délicieusement décomplexées et avides, Redhead x Brunette est, dans l'ensemble, plutôt une bonne pioche... à condition, toutefois, de passer outre une lacune: la narration de l'auteur, souvent un peu fouillis. Enchaînant assez vite sur les scènes de sexe, Neko Koremitsu oublie parfois en cours de route de bien enchaîner les étapes, et donc de raconter ses histoires avec clarté. Certains moments apparaissent un peu bordéliques y compris dans le découpage, quand bien même il a le mérite de vouloir offrir des angles de vues et positions assez variés. Cette lacune est un peu ce qui empêche l'ouvrage d'être un cran au-dessus, même si ça n'entachera pas forcément le plaisir de lecture pour tout le monde.
Enfin, soulignons la bonne qualité de l'édition française, entre la présence de quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, un papier alliant épaisseur, blancheur et opacité, une impression convaincante, un lettrage soigné... la traduction de Studio Makma, elle, prend le pari de faire dans une certaine vulgarité, ce qui colle peut-être tout à fait à l'ambiance de la plupart des histoires.