Reborn as a Vending Machine Vol.1 : Critiques

Jidô Hanbaiki ni Umarekawatta Ore wa Meikyû wo Samayô

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Septembre 2024

Associez le genre très populaire de l'isekai à la faculté qu'ont les auteurs japonais à aborder tout et n'importe quoi en terme d'imagination, et vous pouvez obtenir un paquet d'oeuvres reprenant le concept de réincarnation dans un autre monde de manières originales: réincarnation en araignée dans So I'm a Spider, So What?, en slime à travers Moi, quand je me réincarne en slime... Mais certains auteurs semblent décidés à aller toujours plus loin, et c'est le cas pour l'oeuvre dont il est question ici et qui a été lancée en France par les éditions Vega-Dupuis début septembre: Reborn as a Vending Machine, un manga pour lequel tout est dans le titre !

De son nom original "Jidô Hanbaiki ni Umarekawatta Ore wa Meikyû wo Samayô" (littéralement "Je suis né de nouveau en tant que distributeur automatique et j'ai erré dans un labyrinthe" ), ce manga a été lancé au Japon en 2021 dans le magazine Dengeki Daioh d'ASCII Mediaworks/Kadokawa, et il ne compte à ce jour que deux volumes. Il voit Kunieda, mangaka déjà connu en France pour l'adaptation manga de la première partie de DanMachi, adapter un light novel inédit dans notre pays à ce jour, écrit par Hirukuma, illustré par Yûki Hagure et ayant lui-même un parcours un peu particulier au Japon: initialement lancé à son compte par l'écrivain en 2016 sur le site Shôsetsuka ni Narô, il fut assez vite repéré par Kadokawa qui, tout en lançant à l'avance l'adaptation manga, chercha a bien mettre en valeur la licence en 2023, avec le début de la publication des romans en version papier, et l'arrivée d'une adaptation animée qui fut diffusée entre juin et septembre de l'année dernière, y compris en France via la plateforme Crunchyroll. D'ailleurs forte d'un certain succès, cette adaptation en anime connaîtra prochainement une saison 2.

L'histoire démarre dans notre monde, alors qu'un homme ayant pour grande passion les distributeurs automatiques meurt de façon ridic... hum, héroïque, en voulant sauver la "vie" d'une des machines qu'il adule et sous laquelle il finit écrasé. Il a alors la surprise de se retrouver réincarné dans un autre monde, qui plus est sous les traits d'un distributeur automatique ! La vie est décidément bien faite... ou pas ? Parce que bon, adorer les distributeurs c'est une chose, mais en devenir un soi-même c'en est une autre ! Or, comment survivre quand on atterrit sous cette forme dans un monde où personne ne sait ce que sont les distributeurs, qui plus est au milieu de nulle part, en ne pouvant ni se déplacer (bah ouais, vous avez déjà vu un distributeur qui marche ? ) ni communiquer autrement que via quelques phrases pré-enregistrées ? Heureusement, dans son malheur, le néo-distributeur va avoir droit à un vrai bonheur: sa rencontre fortuite avec Lammis, jeune aventurière humaine aussi forte physiquement qu'adorable dans sa façon d'être, si bien qu'elle va vite faire de "Hakkon" (c'est comme ça qu'elle l'appelle) un vrai partenaire avec qui elle cherche à communiquer avec les moyens du bord et dont elle capte très rapidement l'utilité...

Dans les faits, ce début d'oeuvre suit un déroulement on ne peut plus standard du genre, où le personnage principal, fraîchement arrivé dans un monde inconnu typé fantasy/RPG, se trouve une précieuse première compagne (comme toujours mignonne à souhait et pas très vêtue pour une aventurière se frottant à moult dangers, pour ne pas changer...) pour partir à l'aventure dans un univers dangereux qui correspond aux standards, entre découverte d'un donjon et premières altercations avec un bestiaire ne demandant qu'à se développer. Pas de doute (ni de surprise, pour le moment) : l'habitué de ce type de récit sera en terrain conquis, et c'est alors précisément là qu'intervient la nature tout à fait spéciale de notre héros... Pour un résultat qui aurait vite pu être répétitif et casse-gueule mais qui, en réalité, se révèle étonnamment bien pensé !

En effet, on découvre ici un début de scénario où Hirukuma a vraiment le mérite non seulement d'offrir une vraie aventure comme dit plus haut, mais aussi d'exploiter à fond son idée de héros-distributeur. Et pour ça, on peut déjà compter sur un paquet d'idées: la façon de communiquer uniquement par phrases pré-enregistrées, la faculté du personnage principal de vendre ou d'offrir toute une gamme d'aliments ou de boissons pouvant faire beaucoup de bien aux aventuriers, son besoin de vendre régulièrement pour lui-même regagner son énergie et sa puissance, le développement d'une barrière défensive qui là aussi pourra être fort utile... si bien qu'en plus des éventuels monstres à combattre et quêtes à accomplir avec Lammis, notre héros devra aussi se méfier de certaines personnes qui, forcément, s'intéressent de près à lui, que ce soit pour lui voler ses sous ou par intérêt pour ses capacités uniques dans ce monde ! Cela permet, mine de rien, d'installer des enjeux suffisants pour ne pas lasser et pour proposer une vraie histoire amenée à évoluer, quand bien même on reste sur du classique sur ce point-là.

Mais l'essentiel est peut-être encore ailleurs, et se trouve dans deux éléments. Tout d'abord, l'humour qui accompagne le récit, bien sûr. L'absurdité du concept de base est évidente, et de ce fait il y a souvent une part comique qui fonctionne bien, d'autant plus que Kunieda s'applique assez à mettre efficacement en scène cet aspect-là, ne serait-ce que dans les premières pages voyant notre cher distributeur méditer sur son sort, perdu au milieu de nulle part au bord d'un étang. Ensuite, le lien réel qu'il va créer avec Lammis au fil des péripéties, en se réjouissant vraiment quand il peut les aider elle et ses camarades. Qui plus est, l'aventurière a beau correspondre à un archétype de ce genre de récit (une jeune fille physiquement craquante à souhait et pas très habillée pour attirer le lectorat masculin beta, et résolument adorable dans sa personnalité), on appréciera plutôt sa candeur en toutes circonstances qui fait plutôt de bien, sa force physique herculéenne et son côté mine de rien très rusé dans plus d'une situation, ce qui lui permet d'avoir quand même un charme propre.

A l'arrivée, dans le registre des séries "à concept" pouvant autant être des trucs tournant vite en rond que de très bonnes surprises, ce premier volume figure plutôt dans la deuxième catégorie. Le romancier d'origine a à coeur de développer tout un univers et un scénario (aussi classiques soient-ils) pour réellement exploiter au mieux sa loufoque idée de départ, l'adaptateur manga met tout ceci en images avec suffisamment de limpidité, de richesse et d'expressivité... Le résultat a étonnamment son charme et sait se faire attachant dans son genre, si bien que l'on en attendra la suite avec un réel plaisir.

Enfin, l'édition française de Vega-Dupuis se révèle aussi convaincante que ce début de récit: jaquette fidèlement adaptée de l'originale japonaise y compris pour le logo-titre, présence d'une première page en couleurs sur papier glacé nous gratifiant d'une sympathique illustration, papier souple et suffisamment opaque, bonne qualité d'impression, lettrage soigné d'Anne Demars, et traduction efficace de la part d'Alexandre Fournier.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs