Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 13 Septembre 2024
Haru vient d'obtenir le second fragment de Rave, celui de la connaissance. Ce moment solennel, fort en émotions, est gâché par l'intervention de Shuda et ses hommes qui comptent bien mettre fin à l'aventure du deuxième Rave Master. C'est dans les airs, au sommet de la forteresse volante de l'ennemi, qu'un combat décisif va se jouer...
Les deux premiers tomes de cette nouvelle édition de Rave étaient imprégnés d'un esprit bon enfant et construit dans une certaine maladresse aujourd'hui touchante. Avec ce troisième volume, Hiro Mashima passe aux choses sérieuses et donne plus de couleur à son univers. Un résultat dû à la volonté de l'auteur de pousser le récit plus loin, les opus précédents n'ayant pas été avares en pistes prometteuses, mais aussi à l'absence de succès des premiers tomes à l'époque, au Japon. Mashima devait rebondir pour ne pas voir sa série être annulée, ce qu'il fait avec ce troisième opus (ou plutôt avec les tomes 5 et 6 de la numérotation d'origine), ô combien plus intense et ambitieux que les précédents.
La bataille contre Shuda est un premier grand moment qui confirme la volonté du mangaka d'aller plus loin dans son écriture, là où les débuts étaient marqués par un certain manichéisme que le grotesque de certaines situations n'aidait pas. Bien que ce caractère absurde garde sa place chez certains personnages, l'affrontement n'est pas avare en intensité, le tout porté par un Shuda bien plus nuancé et charismatique. L'issue du combat peut paraître clichée aujourd'hui, mais elle atteste du gain en maturité de l'œuvre et d'un manichéisme qui s'efface peu à peu pour donner lieu à des adversaires plus humains et davantage construits. Un premier moment étonnant qui précède tout un arc qui marque l'entrée en scène d'un personnage dont les fans se souviennent bien : Sieghart.
Une nouvelle halte dans une nouvelle ville, face à un nouvel adversaire lié à Demon Card... Le schéma classique de l'aventure semble se répéter, mais il cache l'amorce d'une intrigue prometteuse qui soulève tout un pan de l'univers tout aussi dense. Ici, le coup de génie de Mashima est de réunir plusieurs pistes assez vagues de son œuvre pour amorcer un scénario captivant autour d'Elie, véritable énigme de la série dont le rôle tend à se concrétiser. Face à elle, Sieghart fait office d'adversaire non méchant et fascinant, ce dernier confirmant la volonté de l'auteur de rompre avec la dichotomie extrême de sa série. Le tout donne lieu à un combat truffé de rebondissements, assez intense et particulièrement généreux dans toutes les pistes scénaristiques invoquées. On a là le premier passage véritablement ambitieux de Rave, et ce n'est qu'un début. Certes, quelques maladresses propres à l'écriture naïve de l'artiste restent présentes, mais elles sont désormais bien minimes par rapport à tout ce que Mashima cherche à raconter dans cette suite.
Il semble donc que Rave décolle enfin ! Après deux premiers tomes hésitants, mais touchants par la naïveté d'époque de leur auteur, la première série longue de Hiro Mashima exploite un vrai potentiel et montre qu'elle n'est pas à prendre à la légère. Pourtant, ce n'est là qu'un début, car le mangaka compte bien pousser bien plus loin son univers et ses personnages. Désormais, il y a de quoi attendre la suite avec hâte.