Rasetsu - Primal Hunt Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Octobre 2019

Chronique 2

Les "Kravyads". C'est ainsi que furent nommés, par les communautés locales d'Inde, les représentants d'une sorte de forme de vie supérieure découverts dans le pays et étant hybride en mêlant des spécificités de l'humain et de l'animal. Puissante et intelligente, cette nouvelle espèce a, depuis, su se fondre parmi les humains grâce à des capacités de transformation hors normes, et elle a été classée "danger suprême" car elle pourrait a priori sans problème l'extinction de l'espèce humaine si elle le voulait. Dans son optique de sauver l'humanité, un scientifique a décidé d'aller à l'encontre de toute éthique pour mener des expériences génétiques secrètes sur des humains, dans le but de trouver un moyen de contrôler ou d'éliminer les Kravyads. Après avoir disparu, on dit de lui qu'il continue ses expérimentations interdites avec ses équipes, au fin fond de la forêt amazonienne. Le nom de son projet: "Rasetsu"...

C'est sur ce bref préambule textuel que s'ouvre Rasetsu - Primal Hunt, la nouvelle série des éditions H2T, dont le premier tome paraît en librairie en cette mi-octobre. Derrière cette nouvelle oeuvre, on trouve un duo: le scénariste Paulo et la dessinatrice Giovana, tous deux d'origine brésilienne, et se faisant appeler Eudetenis. Ce pseudonyme vous dit peut-être déjà quelque chose, puisque Eudetenis exerce déjà ses talents au Brésil et à l'international depuis 2012, dans différents registres, y compris des oeuvres interdites aux moins de 18 ans. Le duo est présent sur twitter, sur instagram, et possède également son site internet.

Concernant les origines de Rasetsu, les auteurs avouent dès leur préface qu'à l'origine ils agit d'une histoire courte de jeunesse qu'ils ont conçue en 2010, et qu'ils n'ont jamais pu publier. Grâce à H2T, ils le peuvent donc enfin, en version largement enrichie !

Après le petit préambule, on plonge ici aux côtés d'un trio de jeunes scientifiques: Ren et Ryo Basilio, 27 ans, frères, et tous deux chercheurs à l'UFAM (l'Université Fédérale d'Amazonie), sont accompagnés de Nata, leur amie d'enfance de 23 ans. la relation entre les deux frangins n'est pas forcément idéale, car tous deux sont amoureux depuis toujours de leur belle amie et collègue, cependant Nata est la petite amie de Ryo, et celui-ci ne se prive pas pour parfois narguer Ren à ce sujet. Quoi qu'il en soit, tous trois font équipe, en compagnie de leurs guides autochtones issus de la tribu tupi-guarani, afin de retrouver en pleine jungle amazonienne une terrifiante créature que les locaux nomme "l'ogre". Mais rien ne va se passer comme prévu, dès lors qu'une curieux monstre fait irruption et commence à dévorer tout le monde ! Poussé avec Nata dans une chute d'eau par Ryo qui cherche à les protéger, Ren, séparé quelque temps plus tard de façon terrifiante de sa belle, finit blessé et évanoui... avant de se réveiller dans une cuve de ce qui semble être un laboratoire secret. Aidé par quelqu'un dans son échappée avant que tout n'explose, il est recueilli par la tribu guarani dont été issus les guides, mais doit vite se confronter à de difficile vérités. Que sont les monstres qu'il a vus ? Qu'est ce labo secret ? Que sont devenus Nata et Ryo qu'ils souhaite à tout prix retrouver ? Et pourra-t-il assumer ce qui se tapit désormais en lui ?

En offrant un récit d'aventure/action/horreur à base de puissantes et dangereuses créatures mi-humaines mi-animales, de labo secret et d'expérimentation interdites, le duo ne fait ici absolument pas dans l'originalité, mais le départ de cette histoire n'en est pas inintéressant pour autant. Eudetenis lance très vite son récit, en posant rapidement les premières bases nécessaires sans traîner, avant d'entretenir ensuite un début d'aventure avant tout porté par deux choses. Tout d'abord, le cadre: les deux auteurs étant brésiliens, ils ont choisi d'ancrer leur oeuvre en Amazonie, un choix plaisant dans la mesure où ce cadre est assez rare en manga, et que les différentes références (toujours expliqués en astérisques) au mode de vie tupi-guarani et à certains éléments du folklore local amènent une réelle immersion. Ensuite, le personnage central, Ren, que l'on suit d'assez près dans ses premiers pas pour découvrir les lieux, rechercher ses deux proches, essayer de comprendre ce qui peut bien se passer mais aussi ce qu'il est devenu depuis qu'il a servi de cobaye dans le laboratoire secret...

En somme, il y a de quoi intriguer suffisamment et se prendre assez facilement au jeu, au fil de ce premier opus qui fait aussi pas mal dans l'action, dès lors que des monstres attaquent. Sur ce plan-là, Eudetenis cherche à offrir des designs qui se veulent assez travaillés même s'il y a quelques inégalités, et les moments d'attaque s'avèrent assez efficace dans la rage et l'horreur avec leur pointe de gore (des tripes volent, des corps sont démembrés...). On y regrettera juste une alternance entre des planches assez denses voire plutôt impressionnantes, et d'autres un peu plus pauvres, mais gageons que cela pourra s'améliorer sur la longueur. L'oeuvre doit aussi son immersion visuelle à certaines tentatives de mise en scène originales comme tout un passage en vue à la première personne (un peu façon FPS), ainsi qu'à ses décors, omniprésents. Et si malheureusement certains de ces décors sont de simples photos à peine retravaillées, d'autres s'avèrent beaucoup plus convaincants et assez denses. Enfin, un travail parfois impressionnant a été effectué sur les trames et l'encrage, participant activement à l'enrichissement et à la profondeur des cases.

En somme, c'est un début assez classique mais plutôt efficace que nous offrent ici Eudetenis et les éditions H2T. Récit d'aventure assez sauvage, teinté de gore et d'horreur, Rasetsu - Primal Hunt doit pour l'instant beaucoup à son travail d'immersion, à son cadre amazonien plaisant et à son personnage principal. Il y a des petites inégalités que l'on espère évidemment voir gommées par la suite, et en attendant on se retrouve avec une entrée en matière satisfaisante.

L'édition est très bonne, avec sa première page en couleur, son papier bien épais et souple et sa qualité d'impression très satisfaisante. En fin de lecture, on appréciera pas mal les pages de suppléments, présentant les principaux personnages, les premières créatures et quelques croquis.


Chronique 1

Après Bloodline Symphony très récemment, les éditions H2T proposent leur nouvelle création originale en ce mois d'octobre. Intitulée Rasetsu – Primal Hunt, cette nouvelle œuvre est le labeur d'EUDETENIS, un binôme formé par un scénariste, Paulo, et une dessinatrice, Giovana, qui ont notamment remporté à trois reprises le Silent Manga Audition, concours international de manga dont de certains Tsukasa Hojo et Tetsuo Hara font partie du jury...

Au Brésil, un trio de jeune chercheurs enquêtent sur une créature qui sévirait dans la région. Dans ce petit groupe figurent Ren et Ryo, deux frères qui ne se sont jamais tellement entendus, et qui sont tous les deux amoureux de la même fille : Nata, troisième membre du trio. Mais c'est Ryo qui a la chance de sortir avec la demoiselle, ce qui n'arrange pas l'alchimie entre les deux frères...
Lors de son expédition, le petit groupe fait face à une titanesque créature qui les attaque. Ren se retrouve séparé par Ryo et de Nata, et se réveille dans une immense cuve. Le voilà devenu cobaye d'un étrange scientifique qui travaillerait sur certaines mutations pour créer des êtres surpuissants, mi-humains, mi-animaux...

Avec ce premier tome de Rasetsu – Primal Hunt, le binôme EUDETENIS nous offre un récit d'action particulièrement bourrin, baigné de multiples influences. De l'idée des manipulations génétiques jusqu'à certains mythes, en passant par une esthétique hybride qui n'est pas sans rappeler le classique Devilman, cette première partie d'intrigue sonne comme un bien joli melting-pot d'inspirations diverses, ce qui parvient à donner un récit avec une belle petite identité. Car derrière une volonté de nourrir le scénario de multiples affrontements entre des bêtes anthropomorphes, sauvages et puissantes, ce premier tome dégage quelques mystères et parvient à créer un cadre particulier, grâce à son action qui se déroule dans les forêt amazonienne, au large du Brésil.

Et cette identité, le duo de mangaka ne la renie à aucun moment. Entre sémantique issue de la langue locale, créatures digne de ce qu'on attend d'un tel décors, et focus sur des tribu amazoniennes sur lesquelles sont centrées bon nombre de péripéties, il demeure une certaine originalité de l'ensemble du volume, ne serait-ce par tout ce contexte. Il faut dire que les deux artistes sont eux-mêmes brésiliens, justifiant tout ce folklore, et ce qui donne indéniablement une patte à leur série.

En parallèle à ça, c'est un récit assez riche en mystères, mais surtout en scènes d'action qui nous est proposé. L'aspect guerrier autour de bêtes mi-humaines, mi-animales qui s'affronte est assez redoutable, avec notamment une grande scène de bataille particulièrement efficace vers la fin de ce premier opus. C'est ce que beaucoup attendaient peut-être du côté animaux anthropomorphes de la série, et c'est pour l'heure très réussi, avec un sens aigu de la mise en scène de la part de la dessinatrice.
Et en parlant de mise en scène, ce premier tome est riche en fulgurances, notamment un certain long passage à la première personne qui aide à se plonger dans le malaise de l'un des protagonistes. Malgré quelques transitions un peu brutales, il y a de réelles tentatives de narration dans ce début de série, preuve que le binôme comprend particulièrement bien son médium.

Le dessin de Giovana, l'illustratrice du binôme, s'appuie donc sur un storyboard particulièrement efficace malgré quelques maladresses de découpage. Le reste de sa patte se montre aussi brillante, notamment dans l'accent mis sur la diversité du bestiaire. On sent une réelle implication dans la volonté de rentre crédible toutes ces créatures. Celles-si sont imposantes, effrayantes même parfois, ce qui aide à rendre l'action particulièrement efficace.

En somme, malgré quelques petites maladresses et un scénario parfois basique autour des manipulations humaines, ce premier tome de Rasetsu – Primal Hunt confirme le bon potentiel de la série, et s'avère être un divertissement bien mené, et prenant d'un bout à l'autre. Ça sera au second opus de confirmer les ambitions de la série, mais cette entrée en matière ne déçoit pas.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction