Rakugo à la vie à la mort (le) Vol.2 - Manga

Rakugo à la vie à la mort (le) Vol.2 : Critiques

Shôwa Genroku Rakugo Shinjû

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Mars 2022

Tous deux disciples du maître Yakumo actuel, les jeunes Sukeroku et Kikuhiko, bien que de caractères bien différents (l'un est un peu fougueux et volage mais passionné, et l'autre bien plus sérieux et sage), poursuivent leur formation avec l'intention de devenir des conteurs de rakugo de renom. Et pourtant, le sérieux Kikuhiko (celui-là même qui deviendra le Yakumo suivant et maître de Kyoji) a entamé une relation amoureuse avec Miyokichi, une geisha qui n'a pas toujours eu la vie facile. Le couple en devenir semble assez soudé, Kikuhiko se confiant volontiers à la jeune femme sur certains de ses doutes, tandis que cette dernière affirme clairement prête à tous les sacrifices pour son bien-aimé, même si elle ne comprend pas tout à son art du rakugo. C'est pourtant en partie à cause de cet art que les deux tourtereaux vont être cruellement amenés à se séparer, dès lors que Kikuhiko se voit "contraint" d'en épouser une autre pour pouvoir, plus tard, prendre la succession du maître. Un événement signifiant aussi que Sukeroku, malgré tout son talent, ne sera pas désigné successeur, en étant jugé comme sortant trop des normes malgré tout son talent de conteur. Et si Sukeroku ne semble pas forcément si attristé que ça, une petite dispute avec le maître va pousser ce dernier à lui dire ce qu'il pense de lui, avant de le renvoyer...

Quelle était la nature exacte du lien entre le Yakumo actuel (alias le jeune Kikuhiko, donc) et le défunt Sukeroku ? Comment Miyokichi s'est-elle finalement retrouvée avec Sukeroku ? Pourquoi Konatsu, la fille de Sukeroku élevée par Yakumo, considère-t-elle ce dernier comme fautif dans la mort de son père biologique ? Autant de questions qui furent efficacement installées dans le tome 1, et que l'on continue de décortiquer à travers ce deuxième pavé qui, sur près de 300 pages, poursuit le long flashback sur le passé de Kikuhiko et de Sukeroku.

Ce fil conducteur, Haruko Kumota le dépeint à merveille, sur tous les plans, en premier lieu pour ce que l'on comprend des relations entre les personnages bien sûr, que ce soit l'amour brisé entre Kikuhiko et Miyokichi, les circonstances de la venue au monde de Konatsu (dont on adorera forcément le sacré caractère qu'elle avait déjà dans son enfance, ainsi que les bonnes bouilles), les regrets du maître de Kikuhiko et Sukeroku... et, surtout, la complexité de la relation entre ces deux derniers, une relation entre amitié et rivalité, où les deux hommes sentent bien une forme d'union/respect/stimulation derrière leurs personnalités différentes et leur manière respective d'exercer le rakugo.

Et c'est précisément, bien sûr, cet art du rakugo qui se voit constamment mis en lumière au fil de cette intrigue émotionnelle. Tout en croquant des scènes de rakugo vraiment saisissantes dans la façon de narrer et dans les expressions faciales de nos héros, Kumota ne rate pas la moindre occasion d'aborder cet art sous différents aspects: son exigence voire ses aspects parfois rigides dans la formation, sa gloire dans l'immédiat après-guerre, sa baisse de popularité face à de nouveaux divertissements comme la télévision... l'autrice ayant même la bonne idée de poursuivre des approfondissements au travers d'un certain nombre de pages bonus. Mais plus encore, elle sonde aussi le rapport des conteurs de rakugo à leur propre art. Ainsi, entre autres, Kikuhiko s'interroge-t-il sur son lien exact avec le rakugo, se demande s'il est fait pour ça, pourquoi et pour qui il en fait... Et si lui a des doutes, ça semble moins le cas pour Sukeroku qui vit simplement autant que possible sa passion, tant qu'il le peut. Enfin, on entrevoit même les raisons pour lesquelles le futur Yakumo avait, avant de rencontrer Kyoji, toujours refusé de prendre des disciples.

Après un excellent premier volume, Kumota récidive. En plus de nous offrir une plongée immersive, riche et intelligente dans le milieu du rakugo, la mangaka parvient à dépeindre des personnages crédibles, touchants, humains jusque dans leurs faiblesses. Le long flashback sur Sukeroku et Kikuhiko ne s'achèvera que dans le prochain opus, et tout nous annonce une suite encore meilleure.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs