Rainbow Vol.1 - Actualité manga
Rainbow Vol.1 - Manga

Rainbow Vol.1 : Critiques

Rainbow nisha rokubô no shichini

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Février 2010

Japon, 1955. Dix ans ont passé depuis la défaite du pays, et les traumatismes du conflit sont encore profonds. Tout n'est plus que ruines, misère, désolation. Dans ce monde, les plus faibles sont livrés à eux-mêmes. Notre récit s'intéresse à six garçons, entraînés dans une vie qu'ils n'ont pas pu choisir, et qui ont forcément mal tourné dans un tel contexte. Devant expier leurs crimes face à une société qui n'en a plus que le nom, les voilà envoyés en maison de redressement. Dans cet enfer, ils feront la rencontre de Rokurôta Sakuragi, qui deviendra très vite leur grand frère, An-chan. Si la vie n'a pas été tendre avec eux, voilà qu'un léger arc-en-ciel nait dans leurs cœurs.

Rainbow dépeint donc le destin de ces sept amis de fortune, dans un univers sale et particulièrement violent, que ce soit physiquement ou émotionnellement. Le premier contact avec cette prison est à l'image de l'enfer qu'ils vont subir, à savoir une fouille anale par un médecin pervers profitant de son statut. On le comprend très vite, la série ne nous épargnera aucune cruauté, et l'ambiance malsaine est omniprésente, naissant soit d'un maton sadique, de codétenus violents ou même, parfois, de ceux qui semblent les plus proches. Pourtant, les traumatismes présentés ici, bien qu'un peu exagérés, ne sont jamais gratuits. On s'immisce dans ce lieu sinistre certes en grimaçant, mais sans pour autant douter de sa crédibilité. La raison ? Sans doute le fait que l'auteur, George Abe, ait eu le même âge que ses héros à cette époque. Puisant dans ses souvenirs, il reconstitue un pays Japonais dans une partie de son histoire que les autres ont tendance à occulter.

La misère, le sentiment de ces jeunes gens d'être des laissés pour compte, sont des sentiments que l'on a pu découvrir dans Le tombeau des lucioles. D'ailleurs, la relation entre Joe et sa sœur Megu n'est pas sans rappeler celle qui unit les deux protagonistes du film de Takahata, même si la conclusion n'est pas similaire. Le parallèle s'arrête là, les deux ambiances étant vraiment totalement opposées. On retrouve néanmoins dans les deux œuvres ce sentiment d'aller de l'avant, de se tenir à l'espoir d'un jour meilleur, même si les chances qu'il arrive sont infinitésimales. Les sept camarades se serrent les coudes, pas par amitié, mais par pure survie. Mais leurs liens sont encore très fragiles, et le terrible maton Ishihara sait comment les briser facilement. On s'attache pourtant très rapidement à ces jeunes gens, même si l'auteur n'en fait pas des innocents pour autant. Tous ont commis des crimes qu'ils doivent expier. Pour l'instant, le caractère de chacun n'est défini que dans les grandes lignes, avec quelques stéréotypes, mais on se doute que le récit va nous les présenter tour à tour en profondeur.

Le trait de Masasumi Kakizaki s'adapte parfaitement aux aspirations de George Abe. S'il comporte quelques défauts dans l'équilibre des visages, les expressions des différents protagonistes sont parfaitement retranscrites, qu'il s'agisse de peur, de douleur, ou a contrario, de sourires bien trop rares. Les facies des mauvais rôles de l'histoire sont parfois exagérés dans leurs grimaces, mais font paraître le même malaise que peuvent ressentir ces pauvres enfants. On peut rapprocher son style graphique à celui de Motoro Mase (Ikigami), par exemple.

Avec Black Lagoon, Rainbow est une des séries qui ont connu un arrêt tragique en France via la fin de l'éditeur Kabuto, et aujourd'hui reprises par Asuka. En revanche, la première édition comprenant déjà 13 tomes, il fallait que cette nouvelle mouture justifie le rachat de ce début. Et c'est le cas ! La traduction est impeccable, avec des passages en voix off parfaitement retranscrits, et une surcouverture retravaillée, ornée d'un glaçage sur le bandeau de titre. Evidemment, pour ceux qui n'avait pas la série avant, il n'y a pas à hésiter ! En revanche, il faudra suivre le rythme éditorial ambitieux (3-4 tomes par mois !) pour rattraper le retard et découvrir enfin la suite inédite. Mais remercions déjà Kaze Manga pour nous faire (re)découvrir cette série tombée à tort dans l'oubli. Elle ne plaira certes pas à tout le monde, et ne sera pas à mettre entre toutes les mains. Un récit dur, violent, sinistre, noyé dans les ténèbres. Mais avec une toute petite lumière au bout, que l'on ne peut s'empêcher de suivre...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs