Puissant dragon vegan (le) Vol.1 - Actualité manga
Puissant dragon vegan (le) Vol.1 - Manga

Puissant dragon vegan (le) Vol.1 : Critiques

Yowai 5000-nen no Soushoku Dragon, Iware Naki Jaryuu Nintei Yada kono Ikenie, Hito no Hanashi o Kiite Kurenai

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 03 Septembre 2020

Lancée l'année dernière, la collection Fantasy des éditions Soleil Manga a accueilli un nouveau représentant en août avec une série au titre français assez intrigant et jouant sur une idée d'actualité: Le puissant Dragon Végan. A l'origine de cette oeuvre, on trouve (retenez votre souffle) "Yowai 5000-nen no Sôshoku Dragon, Iwarenaki Jyaryû-Nintei ~Yada, kono Ikenie, Hito no Hanashi wo Kiitekurenai~", l'un de ces (insupportables) noms à rallonge dont le Japon a le secret depuis quelques années. Pouvant grosso modo être traduit par "Un dragon herbivore de 5000 ans certifié dragon maléfique ~Ouais, ce sacrifice n'écoute pas les gens~" (vive l'imagination...), il s'agit à la base d'une série de romans écrite par Kaisei Enomoto et illustrée par Shugao, qui est inédite en France. C'est en 2018 que le mangaka Murokouichi , pour ce qui est la toute première série de sa carrière, se lance dans la version manga pour le compte du magazine Gangan Joker de Square Enix (le magazine de Gambling School, Dusk Maiden of Amnesia, Les Mémoires de Vanitas...), une version manga qui s'est achevée début 2020 après 5 volumes.

Nous voici donc, comme le laisse deviner le nom de la collection, dans un monde fantasy, à la découverte d'un dragon millénaire on ne peut plus particulier puisque, loin d'être méchant, il est lâche, inoffensif... et herbivore ! Voici 5 000 ans que, pour n'embêter personne, il vit seul dans sa grotte en ne se nourrissant que de plantes, pépère... mais pendant ce temps, sa "légende" s'est forgée toute seule du côté des humains, sans qu'il ait demandé quoi que ce soit. De par son physique imposant, son statut de dragon et le fait qu'il ne se montre jamais, les habitants humains se sont mis à penser au fil des siècles qu'il s'agit de "Reivendia", une dangereuse créature démoniaque. Alors quand les troupes du Roi-démon se font plus menaçantes, les humains, pour s'attirer les faveurs du dragon, ne trouvent rien de mieux que de lui envoyer en sacrifice une adorable fillette, Reiko, qu'il est censé boulotter... Il ne s'agit là que des prémisses d'une épopée par comme les autres !

Première constatation à faire sur l'oeuvre: c'est drôle, très drôle, et c'est bien le leitmotiv d'un début de série enlevé. Les auteurs nous plongent dans le bain dès la première page avec la petite Reiko suppliant le dragon de la bouffer tandis que lui, en tant que végan, refuse en se retrouvant bien embêté. Une situation incongrue qui ne fait que s'accentuer par la suite, car le dragon se retrouve toujours plus mal à l'aise face à cette gamine réellement prête à tout pour se faire manger ! Car Reiko n'a été élevée depuis toujours que dans cette optique, à tel point que servir de sacrifice est devenu une obsession pour elle. Et quand bien même le gros reptile trouve un subterfuge pour ne pas la manger, la fillette reste bien décidée à rester avec lui pour le servir ! Le voici alors avec, sur les bras (enfin, sur les pattes), une gamine dont il se serait bien passé... d'autant plus qu'en possédant une certaine aura magique, elle se révèlera surpuissante, puissance d'autant pus dangereuse que Reiko est vraiment EXTREMEMENT obsessionnelle envers son cher dragon. Le récit va alors jouer efficacement sur un chouette décalage où les rôles habituels sont inversés: tandis que le dragon amuse beaucoup par son pacifisme, sa lâcheté, son côté très faible et son absence totale de pouvoirs (il ne sait même pas voler, c'est dire), la petite Reiko régale en pétant régulièrement les plombs (mais genre, vraiment), dans une déferlante de puissance destructrice que l'on n'aurait pas forcément cru trouver en une mignonne petite fille.

On s'amuse donc beaucoup dans un début de série où le dragon, entre la présence de la gamine tarée Reiko et les croyances des villageois, ira de mal en pis, en étant le sujet de la crainte des humains (et même de la haine de Ryatt, petit garçon qui tenait beaucoup à Reiko), et en devant devenir malgré lui le "seigneur dragon", censé être le héros qui ira contrer les forces démoniaques du roi des démons... Vraiment pas de bol pour un gros lézard inoffensif, surtout quand tout part d'un tel quiproquo ! La suite du volume va alors entamer cette fameuse "épopée" avec des rencontres supplémentaires, des premiers conflits, avec toujours une bonne part d'humour dans les réactions du dragon ou dans le côté très bourrin de Reiko... mais aussi avec les prémisses de quelques éléments plus intrigants autour de la fillette. Comment diable a-t-elle bien pu obtenir une telle puissance ? Ajouté à son caractère totalement barge, cela ne risque-t-il pas d'en faire, plus tard, un danger encore plus fort que le roi des démons lui-même ?

Affaire à suivre. Mais en attendant, même si la deuxième moitié du tome est un peu plus classique dans son schéma, on se marre bien, et cet humour est vraiment bien servi par les dessins. Pas forcément de grande intensité, y compris dans les moments d'action qui sont certes assez dynamiques mais plutôt classiques, mais ce n'est pas un problème: les designs de nos deux héros sont surtout faits pour servir l'humour, et on a donc un dragon aux nombreuses bouilles rigolotes, et surtout une Reiko ayant une infinité de têtes obsessionnelles, cinglées et un brin psychopathes qui ne sont pas sans rappeler, dans leur aspect souvent un peu SD, une certaine Shinobu Ohtaka dans ce qu'elle pouvait faire dans Sumomomo Momomo (notamment via son héroïne Momoko, qui était elle aussi une sacrée obsessionnelle dans son genre).

Au bout du compte, ce premier tome du puissant Dragon Végan fait bien le job, surtout grâce à son lot d'humour capable d'être tour à tour décalé, ravagé et délicieusement bourrin. Les avancées d'un scénario assez simple ainsi que la courte durée de la série (5 tomes) laissent penser que l'on devrait avoir une bonne petite comédie maîtrisée, c'est en tout cas tout ce que l'on souhaite après ce début prometteur.

L'édition française est fort jolie, avec une jaquette proche de l'originale et attirant l'oeil avec ses effets brillants. A l'intérieur, pas de pages couleurs mais une impression honnête sur un papier souple et sans transparence. Julie Gerriet offre une traduction efficace pour servir l'humour, et les choix de police s'avèrent très corrects.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction