Prophecy Vol.2 : Critiques

La fin du premier volume de Prophecy, le dernier triller en date de Tetsuya Tsutsui, révélait au lecteur les motivations apparentes de paperboy et de sa bande. Que les actions de cette énigmatique groupuscule soient légitimes ou pas, l’étau semble se resserrer implacablement autour de lui.

Certains auront été dubitatifs devant les motivations de nos « justiciers », somme toute un peu simplistes, mais cela a au moins eu le mérite de créer une ambiguïté appréciable. À l'instar des internautes du manga, les lecteurs seront divisés face aux différents partis de l'histoire. Le lieutenant Yoshino, plus que jamais insupportable, représente la justice moralisatrice, tandis que paperboy et sa bande symbolisent la voix du peuple trop longtemps étouffée, peut-être la plus légitime. Tetsuya Tsutsui donne du crédit aux deux partis, et chacun décidera d’où se situe le bien comme le mal.

Si ce combat d'idées à idées est des plus intéressant (et c'est bien lui qui rend la lecture immersive), le duel, plus concret, que mène à bien les personnages en tant qu'individus, l'est beaucoup moins. On regrattera en effet quelques facilités scénaristiques, et quelques maladresses vraiment dommage, à commencer par la bourde monumentalement stupide que commet paperboy, ou encore les cas de conscience clichés du lieutenant Yoshino. On sait aujourd'hui que Prophecy ne fera pas plus de trois ou quatre tomes, mais il n’empêche que le récit aurait gagné à être moins précipité par moments. Les personnages en eux-mêmes sont pour la plupart effacés, ou réduits à un trait de caractère, malgré quelques exceptions qui sauront se dévoiler au moment opportun.

Concernant l'aspect critique de l’œuvre, qui se veut dénonciatrice des travers d'internet, on est encore une fois partagé. Celle-ci est bien présente, mais pas encore assez épanouie, puisqu'elle semble pour le moment se contenter de pointer du doigt la superficialité irréfléchie de ces internautes en quête d'un moment de gloire. Espérons que l'auteur saura développer cela par la suite.

Si on est mitigé sur certains points, il n’empêche que l'intrigue happe le lecteur pour ne lâcher prise qu'une fois le volume terminé. Plus le volume avance, plus les choses s'accélèrent, et la suite nous dira si oui ou non, Prophecy peut dignement trôner aux côtés des œuvres précédentes de Tetsuya Tsutsui.

L'édition de Ki-oon est toujours exempt de défaut, rien à redire.