Prix du reste de ma vie (le) Vol.2 : Critiques

Jumyou wo Kaitotte Moratta. Ichinen ni Tsuki, Ichimanen de

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 16 Février 2021

Jeune homme désabusé par la vie, Kusunoki a vendu tout le reste de son existence auprès d'une étrange boutique, et n'a gardé que trois mois, quand bien même la valeur de sa vie ne lui a pas rapporté grand chose. Depuis, il poursuit ses dernières semaines d'existence tout d'abord un peu nonchalamment, mais en étant étroitement surveillé par Miyagi, jeune femme à l'allure taciturne qui, en tant qu'employée de la boutique, doit le surveiller en permanence en restant à ne distance étroite, pour veiller à ce qu'il ne commette rien de répréhensible. C'est ainsi qu'il partage sa vie avec cette observatrice discrète, qui a pour particularité de ne pouvoir être vue que de lui... Et à présent, alors que la fin de sa vie approche doucement mais sûrement, le jeune homme voit ressurgir en lui le désir de revoir la seule fille qui a jamais compté pour lui: Himeno, qui était en quelque sorte sa rivale et sa plus précieuse amie quand ils avaient dix ans...

La première moitié de ce deuxième tome se consacre alors au cas de Himeno, cette fille qui fut autrefois si précieuse dans la vie de Kusunoki, au point que ces deux enfants, dix ans auparavant, s'étaient fait la promesse que, s'ils étaient toujours seuls dix ans plus tard, ils se marieraient. Ce n'était qu'une promesse d'enfant, bien sûr, mais à présent Kusunoki souhaite revoir Himeno... mais pour quelles conséquences ? Tout sera-t-il idéal dans ces retrouvailles ? Miyagi le prévient d'emblée: Himeno n'a, elle non plus, pas du tout eu un parcours facile, entre rêves partis en fumée,arrêt du lycée en cours de route, problèmes de couple... Et l'observatrice préfère même ne pas tout lui dire, pour ne pas faire trop de mal à son sujet. Tandis que l'on suit avec un certain intérêt Kusunoki se préparant presque avec en train (chose rare pour lui) à revoir Himeno (au point de demander à Miyagi de jouer son rôle pour mieux se préparer), tout le passage centré sur cette amie d'enfance de notre héros s'avère très intéressant pour les réflexions disséminées en filigranes, entre les souvenirs idéalisés, les rêves et promesses d'enfants devenant des désillusions face aux réalités de la vie et de la société... sans oublier la cruelle vérité finissant par tomber sur le jeune homme concernant ce que Himeno a toujours pensé de lui, une vérité cristallisant encore un peu plus certains de ses échecs ainsi que les conséquences du manque d'intérêt qu'il a pu montrer pour son entourage.

Arrivé à la moitié du volume, on a alors le sentiment d'avoir un Kusunoki qui ne peut plus se rattacher à quoi que ce soit pour essayer de retrouver un semblant de bonheur et redonner un minimum de sens à son existence... et pourtant, c'est bien à partir de cette énième désillusion que quelque chose semble changer en lui. Kusunoki s'éloigne de la société, jette l'argent qui lui restait, en fait un peu plus à sa tête comme s'il était plus libre... et c'est une chose qui lui est également permise par l'unique personne qui se soucie encore de lui, son observatrice. Petit à petit, notre héros le comprend: Miyagi est d'un immense secours pour lui, et se soucie de lui au-delà de son rôle d'observatrice, ne serait-ce qu'en ne lui ayant pas dit tout ce qu'elle savait sur Himeno pour qu'il ne soit pas encore plus meurtri. Si bien que Kusunoki lui-même commence à changer à son égard, se montre plus gentil, lui offre une partie du lit, fait attention à elle, voire accomplit même certains de ses rêves à ses côtés, le passage au lac aux étoiles étant le meilleur exemple. On entrevoit un homme qui se lâche enfin un peu plus, qui se fiche même qu'on le regarde bizarrement si jamais il se met à parler à l'invisible Miyagi en public, qui prend également soin de se rappeler certaines choses comme cette dame âgée qui, en l'ayant aidé dans son enfance lors d'une fugue, lui permet encore aujourd'hui de croire un peu en autrui. Avec cette mentalité un brin différente, la disparition des chaînes qui le retenaient, et la présence de Miyagi, est-il encore temps pour lui de trouver le bonheur, quand bien même celui-ci ne pourra durer que quelques jours ?

Malgré quelques inégalités visuelles dans les personnages ainsi qu'un aspect introspectif moins riche que dans le roman, cette adaptation manga du roman de Sugaru Miaki reste alors très satisfaisante, et elle a toutes les cartes en mains pour se révéler assez aboutie au bout du troisième et dernier volume. Notons également qu'en fin de tome on a droit à une petite histoire courte de 22 pages, centrée sur le cas d'un homme qui, accompagné de sa (probablement) fille, se voit proposer par le même boutiquier que Kusunoki d'aller vendre un peu de sa vie... Que fera-t-il ?
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs