Prisonnier Riku Vol.9 - Actualité manga
Prisonnier Riku Vol.9 - Manga

Prisonnier Riku Vol.9 : Critiques Le Maître

Shûjin Riku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Juin 2015

Le docteur Aï Torasawa a bien du mal à se faire à son travail. Son vœu le plus cher est d’aider chaque détenu, mais paradoxalement, le machisme ambiant dont elle est victime la pousse à craindre ses patients, y compris Matsuo qui n’est finalement qu’un éternel maladroit. De leur côté, Riku et Rénoma passent à une nouvelle phase de leur plan d’évasion, et celle-ci doit se faire dans les cuisines. Mais encore faut-il que nos deux compères puissent infiltrer les lieux…

Depuis ses débuts, Prisonnier Riku a adopté l’image d’un shônen  social en contant la manière dont une poignée de jeunes gens parviennent à aller de l’avant dans une société despotique et sans scrupule. Le message ne s’était pas vraiment renouvelé depuis les débuts et les mêmes thèmes stagnaient, notamment l’importance des liens humains ou le respect des aînés. Le discours humain de Shinobu Seguchi reprend de l’ampleur dans ce neuvième tome grâce au personnage d’Aï Torasawa, écartée de l’intrigue depuis un moment, qui a droit à une nouvelle apparition des plus intéressantes, insistant sur la place de la femme dans le pénitencier de « l’île du paradis ». Un discours thèmes actuel donc, traité ici avec une grande gravité, mais surtout un ton profondément humain sans pour autant transpirer la bien-pensance. Plus qu’un semblant d’idylle entre le médecin et Matsuo, on trouve ici une balance juste entre le statut de la femme en tant qu’être à respecter, à travers le personnage d’Aï, mais aussi le fait que tout n’est heureusement pas noir et que dans une société parfois barbare, des individus savent adopter le comportement adéquat pour l’entente mutuelle entre chaque humain. Une bonne initiative donc pour le mangaka qui, bien que partant sur des événements graves, nous offre un discours juste qui ne tombe jamais dans l’excès.

Ce court aparté achevé, l’histoire se recentre évidemment sur le plan d’évasion de Riku et Rénoma, sujet principal du récit. Ce tome va même plus loin en cherchant à renouveler entièrement le background de la série et à diversifier son cadre d’action. Après la menuiserie, nos deux héros vont chercher à évoluer dans les cuisines, le moyen idéal pour nous offrir un personnage remarquable répondant au pseudonyme du « Maître », et nous ne parlons pas d’un certain docteur voyageant dans l’espace et le temps. Shinobu Seguchi maîtrise alors parfaitement son récit : Riku et Rénoma se trouvent dans des situations où ils n’ont clairement pas l’avantage et doivent rester vigilants à chaque indice qui faciliterait leur évasion, le tout en adoptant bien souvent le ton de l’humour très bien inséré et reposant bien souvent sur le dessin de l’auteur et son sens de la mise en scène.
Et c’est sans compter qu’une fois encore, nous observons une double narration dans ce passage. Le point d’orgue du tome est évidemment l’avancée des deux personnages centraux dans les cuisines, et plus globalement dans leur tentative d’évasion, mais le personnage du Maître apporte un discours écologique très amusant sur le respect des animaux et de l’environnement en n’hésitant pas à forcer sur les réactions du personnage, une manière drôle de sensibiliser les jeunes lecteurs à ce qui constitue leurs mets.

A la fois drôle, grave, sérieux et palpitant, ce neuvième tome de Riku nous apporte une lecture d’une grande qualité après un volume certes bon, mais où l’auteur manquait d’inspiration. Cette fois-ci, tout est maîtrisé de la première à la dernière page : chaque discours social sonne très juste, l’humour parvient à rafraîchir l’ambiance à certains instants, la série se renouvelle et l’histoire avance à bon rythme. Aucun doute : Shinobu Seguchi fait ici preuve d’une maîtrise hors du commun.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs