Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 14 Juillet 2015
Riku a tenté le tout pour le tout. En laissant sa pelle dans les bacs de fumier de cochon, il cherchait à vérifier la surveillance des barils. Et coup de chance, les gardes sont souples et une tentative d’évasion par ce biais est possible ! Riku et Renoma ont trouvé une lueur d’espoir. Cependant, une erreur grave va couper court à leur moment d’euphorie…
C’est sur une grande intensité que démarre ce dixième tome de Prisonnier Riku, faisant logiquement suite au cliffhanger du volume précédent. Nous nous situons au plein cœur de la collecte d’informations de Riku et Renoma pour leur future évasion, une quête qui les a menés droit aux cuisines du pénitencier où ils pensent avoir détecté une possibilité d’évasion. Depuis ses débuts, la série a su enchaîner des moments difficiles pour aboutir à des conclusions pleine d’espoir, mais c’est l’exact inverse qui se produit dans ce tome 10 qui démarre par un léger souffle optimiste avant de débuter une chute aux enfers pour nos deux personnages.
Il faut croire que depuis l’opus précédent, Shinobu Seguchi est décidé à montrer l’Ile du paradis sous sa facette la plus obscure. Ce fut le cas avec le harcèlement sexuel rencontré au quotidien par l’infirmière au contact des détenus privés de morale et de liberté, et c’est désormais au tour de Riku et Renoma de voir à quel point les autorités peuvent faire preuve de cruauté pour arriver à leur fin. Et c’est, le mangaka va très loin pour pointer du doigt le système corrompu de son œuvre ainsi que l’humain perverti qui est capable de perdre son humanité pour arriver à ses fins. Le traitement de nos deux héros est dur, extrêmement dur et certains pourraient même tourner de l’œil au cours de la lecture. Les séances de tortures vont crescendo et atteindre une cruauté innommable, ce qui atteint psychologiquement les personnages dont l’esprit est mis à rude épreuve. On est curieux de voir comment l’auteur saura apporter de nouveau l’espoir à Riku après ce volume particulièrement marquant qui montre néanmoins une chose au héros : Il devra parfois mettre de côté sa vision du monde rose bonbon.
En parallèle, l’auteur profite de la situation pour développer une fois encore Renoma et s’intéresse plutôt à son passé en tant que chef de gang et aux relations avec les siens. Loin de la brute sans scrupule des premiers tomes, il nous apparaît un personnage très humain, et il en va de même avec Morita, homme de main du colosse qui va se retrouver malgré lui plongé au cœur de l’horreur. Il est d’ailleurs toujours aussi impressionnant de voir qu’avec un personnage plus que secondaire, l’auteur parvient à créer un développement intéressant et capable d’impacter les personnages clefs.
Il faut donc que le lecteur soit fort pour arriver au terme de la lecture de ce tome qui, pourtant, ne verse pas dans la violence gratuite. L’auteur réussi alors à montrer les horreurs de son univers à travers des tortures psychologiques représentées avant tout par une mise en scène impeccables et des faciès de personnages réalistes sans pour autant avoir besoin de montrer la boucherie à chaque fois. Ce tome est alors une épreuve pour le lecteur mais aussi pour Riku qui peut aussi bien sortir grandi de cet arc comme celui-ci peut le détruire. La suite nous donnera la réponse, et on l’attend avec impatience. Comment Shinobu Seguchi fera renaître l’optimisme dans son œuvre ? Mystère, mystère…