Prince Alchimiste (le) Vol.1 - Actualité manga

Prince Alchimiste (le) Vol.1 : Critiques

Tensei ôji wa Renkinjutsushi to Nari Kôkoku Suru

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Juin 2022

Le registre de l'isekai s'est pleinement installé dans le paysage français du manga depuis désormais plusieurs années, à tel point qu'il semble devenu une "valeur refuge" pour certains éditeurs qui en proposent bon nombre. On pense ici aux éditions Meian, aux éditions Komikku, à Delcourt/Tonkam, et bien sûr à Doki-Doki qui reste l'un des éditeurs précurseurs du genre depuis le lancement en 2016 de the Rising of the Shield Hero. Ainsi, en cette année 2022, deux nouveaux mangas isekai ont déjà été lancés par le label manga des éditions Bamboo avec The Eminence in Shadow en janvier puis In the Land of Leadale en février. Et le troisième vient d'arriver, en mois de juin, sous le titre Le Prince Alchimiste.


Derrière ce nom se trouve l'adaptation d'un light novel inédit en France: Tensei ôji wa Renkinjutsushi to Nari Kôkoku Suru, écrit par le prolifique Rui Tsukiyo (Redo of Healer, The World's Finest Assassin Gets Reincarnated in Another World as an Aristocrat...) et illustré par Arata Shindou. Prépubliée depuis 2020 au Japon sur le site Manga Up! de Square Enix, la version manga a été confiée a S. Kosugi, un mangaka dont c'est la première publication française mais qui a déjà signé dans son pays plusieurs oeuvres depuis ses débuts il y a près de 15 ans.


Ce récit nous immisce auprès d'un garçon nommé Hiro, autrefois employé de bureau au Japon, et qui s'est réincarné dans un autre monde, dans le corps du troisième prince de Cartarossa, un petit royaume sur le déclin et dont l'avenir semble sans espoir: pauvre, sans ressources, ayant perdu nombre de ses terres après des conflits avec les pays voisins... Le peuple de Cartarossa vit donc malheureusement dans la misère, mais Hiro semble désireux de changer ça, quitte à apprendre rapidement une science universelle longtemps restée interdite: l'alchimie. Et en combinant cette science aux connaissances de sa précédente vie dont il se rappelle, il espère bien avoir suffisamment de compétences pour reconstruire ce pays au bord de la ruine.


Banal, tel est le mot qui semble le mieux coller à ce début de série, au fil d'un premier volume qui ne fait vraiment office que d'introduction. Les auteurs semblent préférer évacuer très vite les habituels éléments de base du genre: l'abord de la précédente vie de Hiro se limite à trois fois rien (à peine quelques lignes), ses premières années en tant que prince sont tout aussi vite expédiées à tel point que son apprentissage de l'alchimie est réglée bien trop vite sans vraiment offrir d'immersion pour le moment, et les personnages se mettant en place autour de lui sont non seulement installés de manière très lambda dans la narration, mais se contentent en plus de répondre à certains standards du genre, à l'image des deux grands frères calculateurs pour s'emparer du trône, de la grande soeur toute douce Mary qui a été mariée à un riche d'un autre pays pour sauver le royaume et dont Hiro a visiblement longtemps été amoureux (sic), et, surtout, de Hibina, l'habituelle amie d'enfance rousse caractérielle et douée au combat (Eris de Mushoku Tensei, sort de ce corps) qui veut à tout prix se mettre au service de notre héros.


Les enjeux manquent alors d'intensité et peinent à être très prégnants pendant la majeure partie de ce premier opus dont le classicisme se ressent à chaque instant... mais cela ne veut pas dire pour autant que l'oeuvre est déjà condamnée à se noyer dans le flot d'isekai randoms, loin de là ! Car avoir un peu de patience sur ce tome et aller jusqu'à sa dernière partie pourrait commencer à piquer un peu plus la curiosité, puisque les dernières dizaines de pages tentent d'esquisser un peu plus de choses, que ce soit dans les plans de Hiro pour tenter de redorer son pays en faisant usage de ses compétences et des rares ressources de Cartarossa (à savoir les monstres), dans les conflits d'intérêt amenés par les deux frères Takumu et Agatar qui veulent tous deux le trône (ce qui fait que, entre alliances et stratégies, Hiro pourrait devenir le jouet de ces deux-là, alors que lui-même n'a pas envie de devenir roi et préfère sa liberté de prince pour étudier l'alchimie), ou encore les menaces que les hostiles pays voisins pourraient encore faire poser si jamais le petit royaume parvenait vraiment à se relever.


Les dessins, de leur côté, sont assez symptomatiques de ce que l'on peut penser de ce début de série: c'est propre, c'est clair, ce n'est jamais désagréable, mais c'est lisse, très convenu dans le découpage et la mise en scène, et sans grande personnalité.


Alors, que penser de ce tome 1 du Prince Alchimiste ? Eh bien, en attendant de voir si tout ça va mieux décoller comme le promettent les dernières dizaines de pages, pour le moment on aurait plutôt tendance à conseiller cet énième isekai aux fans les plus passionnés du genre. Jamais désagréable à suivre, ce tome peine toutefois à vraiment faire ressortir ses quelques pointes d'originalité (l'alchimie en tête). Espérons, alors, que la série saura vite décoller, d'autant que seulement 2 tomes sont sortis au japon à ce jour...


Concernant l'édition française, Doki-Doki a fait un excellent travail avec une jaquette soignée, un papier bien épais et assez soupe permettant une excellente qualité d'impression, la présence d'une première page en couleurs sur papier glacé, un lettrage propre du Studio Charon, et une traduction toujours limpide de la part de Frédéric Malet.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs