Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Octobre 2023

Sorti en France chez Niho Niba à la fin du mois d'août, Primal est la toute première publication française de Rocket Monkey, une auteur de mangas X qui s'est taillé une blele petite réputation depuis ses débuts il y a une grosse dizaine d'années, notamment grâce à son dessin très charnels et à sa capacité à varier les plaisir en ne se focalisant pas sur un seul type d'histoire (comprendre par-là qu'il fait autant dans la vanilla que dans le NTR, dans les relations à deux que dans les plans à plusieurs, tant que les personnages sont à la recherche du plaisir de façon décomplexée. Paru au Japon chez l'éditeur Core Magazine en 2017, le présent recueil regroupe des histoires qui furent initialement prépubliées dans le magazine Comic Hotmilk entre 2015 et 2017.

Après une très brève première histoire courte en couleurs de quatre pages en guise d'amuse-b...ouche, les choses sérieuses commencent avec une première histoire occupant un peu plus de la moitié du recueil, s'étalant sur trois chapitres et se centrant sur Takeo, jeune homme ayant toujours pris soin, depuis la mort de son mari, de sa voisine Tsukiko et de sa fille Akane. Ayant beaucoup aidé Tsukiko à élever une Akane qu'il connaît depuis toute petite, voici des années que ces trois-là s'entraident et représentent énormément les un(e)s pour les autres. Alors quand c'est au tour de Takeo de déprimer, Tsukiko décide de tout faire pour lui redonner le sourire, en commençant dès une soirée alcoolisée à deux. Ce qu'elle ignore encore, c'est que sa fille Akane, amoureuse de Takeo depuis longtemps et étant devenue une belle jeune femme, est elle aussi bien décidé à redonner le moral à son bien-aimé. Pris entre ces deux beautés qu'il aime tant et qu'il connaît si bien, pourquoi Takeo se priverait-il de l'une ou de l'autre ?

Si vous êtes familiers du genre, peut-être connaissez-vous déjà le terme "oyakodon" utilisé dans le hentai pour désigner les plans à trois avec une mère et sa fille. C'est exactement ce que Rocket Monkey nous offre au fil de cette histoire où l'une après l'autre, Tsukiko puis Akane vont se dévoiler (dans tous les sens du terme) à Takeo, avant le troisième chapitre en forme de bouquet final. Ce que l'on appréciera en premier lieu dans ce récit, c'est la bonté totale des deux femmes qui veulent se plier en quatre pour redonner le sourire à celui que dans le fond elles aiment vraiment, mais aussi la personnalité de Takeo: si, au départ, il peine forcément à résister aux avances que lui font chacune de leur côté ces deux beautés auquel il est très attaché depuis des années, il le regrette ensuite un peu en ne voulant pas cacher ce qui se passe aux deux miss (car au départ Tsukiko ignore que Takeo couche avec Akane, et vice versa), ce qui aboutira à un léger moment de crise (ce qui est au moins un tout petit peu plus réaliste que la majorité des hentai sur ce point précis) avant que l'amour triangulaire ne l'emporte dans une belle complicité. Et ainsi, même si évidemment l'auteur joue sur un gros fantasme habituel, il y apporte quelque chose d'assez doux et d'aucunement malsain, grâce à la complicité et à la sincérité des sentiments des trois personnages.

Faisant environ une vingtaine de pages chacune, les quatre histoires occupant la petite deuxième moitié du recueil jouent sur un créneau de complicité assez similaire, en particulier dans les trois premières qui mettent toutes en scène des amis d'enfance. Ici, un garçon est pris au dépourvu par son amie de toujours quand il lui demande si elle est plutôt S ou plutôt M (mais quelle que soit la réponse, il l'aimera, car c'est elle). Là, une jeune fille est prête à tenter bien des choses pour que son petit ami arrive enfin à bander. Et enfin, il est question d'un amour non-avoué entre deux amis d'enfance, tout du moins jusqu'à ce qu'elle se lâche en pensant son bien-aimé endormi. Quant à la dernière histoire, elle amuse dans la façon dont une fille, pour séduire l'élu de son coeur, va petit à petit, par touches, changer de look afin d'attirer son attention.

Pour accompagner ces différents récits légers et décomplexés où ce sont toujours les filles qui prennent les devants en s'assumant avec espièglerie, Rocket Monkey offre un dessin tout à fait ravissant dans son genre, où l'on appréciera d'avoir des héroïnes aux courbes douces et pulpeuses sans être non plus trop exagérées, avec des expressions faciales suffisamment variées, et dont les corps sont joliment mis en valeur sous tous les angles via une diversité suffisante dans les vues, les positions et les pratiques (comprendre par-là que dans l'histoire principale Takeo ne négligera aucune partie sensible du corps de ses deux amantes, et que les héros des autres histoires courtes en profiteront assez bien eux aussi). Le seul regret viendra, forcément, de la petite censure (sexes floutés dans le premier récit en couleurs, et petites bandes noires les cachant très partiellement dans les autres histoires), chose découlant d'une volonté de l'auteur et que Niho Niba avait heureusement eu la décence de préciser dès son annonce de l'acquisition de l'oeuvre, même s'il aurait éventuellement été de bon ton de le redire quelque part sur la jaquette (car soyons honnête, les tétons cachés sur le logo, censés souligner quand il y a de la censure, sont trop peu visibles, et pas du tout parlants pour des non-connaisseurs de l'éditeur).

A part ce détail, l'édition en elle-même est très satisfaisante avec l'intégralité de la première histoire de quatre pages qui est en couleurs sur papier glacé, une bonne qualité de papier et d'impression, un lettrage propre, et une traduction tout à fait honnête du Studio Charon.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction