Hiatari Ryôkô! - Une vie nouvelle Vol.1 : Critiques

Hiatari Ryôkô!

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Mai 2025

Pour les fans français les plus vieux de l'immense Mitsuru Adachi, le nom de Hiatari Ryôkô! a normalement une belle résonance, du fait de la diffusion à la télévision française, dans les années 1990, de son adaptation animée de 1987-1988 sous le titre Une Vie Nouvelle. Après de très nombreuses années d'attente, ce manga incontournable de la carrière de l'auteur de Touch (Théo ou la batte de la victoire), de H2 ou encore de Cross Game est enfin publié dans notre langue grâce aux éditions nobi nobi!, qui nous font l'immense plaisir de continuer de s'intéresser au maître, après avoir sorti son excellent recueil Bôken Shônen - rêves d'enfance et offert une nouvelle édition à Katsu! ces deux dernières années.

Initialement riche de cinq volumes au Japon dans sa première édition (plusieurs éditions différentes sont sorties là-bas au fil du temps), la série fait partie des quelques oeuvres que Mitsuru Adachi a conçues dans la première partie de sa carrière pour un magazine catégorisé shôjo, à savoir le Sho-Comi des éditions Shôgakukan, dans lequel elle fut prépubliée en 1980-1981. Cela en fait, à l'heure où ces lignes sont écrite, à la fois le plus ancien manga et l'unique shôjo du maître à être sorti dans notre langue.

Pour cette édition française, nobi nobi! a fait le choix de compiler les cinq volumes en deux gros tomes d'environ 450 pages chacun, le tout en format de 13x18cm et pour un tarif de 14,95€ par volume. Au vu de l'épaisseur des livres, le rapport qualité/prix n'apparaît pas abusé, d'autant plus que l'éditeur a tâché d'offrir un objet à la fois assez joli avec sa jaquette joliment pensée, et facile à manipuler grâce à un papier à la fois léger, souple sans être trop fin, et suffisamment opaque. A part ça, saluons aussi la première page en couleurs sur papier glacé, la traduction claire de Thibaud Desbief, et l'adaptation graphique très propre de Shuji Takizawa.

Cette histoire démarre comme nombre de bonnes comédies romantiques scolaires: dans l'atmosphère agréable du printemps, la jeune Kasumi Kishimoto, 15 ans, s'apprête à faire son entrée en première année au lycée Meijô, et vient emménager exprès pour ça dans la pension de sa tante Chigusa. Dans ce cadre qui lui promet une vie nouvelle loin de ses parents, elle est bien décidée à profiter à fond de ces trois années lycéennes à venir... mais tombe d'emblée sur un imprévu, en découvrant que sa tante loge également dans sa pension quatre garçons de son lycée: Shin le beau gosse coureur de jupons, fier de lui et pervers, Takashi le grand costaud, Makoto le discret travailleur, et surtout Yûsaku, un garçon qui semble excessivement nonchalant et imperturbable et qui agace immédiatement notre héroïne à cause de ça.

A partir de cette base qui pourrait apparaître on ne peut plus cliché de nos jours (une fille qui loge dans la même pension que quatre mecs, forcément) mais qui l'était sans doute moins à son époque, Adachi va distiller petit à petit avec délice tout ce qui fait le charme de ses oeuvres, en annonçant alors déjà ses autres grands succès à venir: un humour délicieusement désuet où il brise régulièrement le quatrième mur (et cela, dès les premières pages) et joue efficacement sur ses situations, un parfum de tranche de vie lycéenne assez tranquille et insouciant qui fleure bon les années 80, une galerie de personnages secondaires déjà bien campés (notamment Sakamoto le faux méchant et son amie d'enfance Michiko, Shin qui n'en rate pas une dans son rôle qui aurait pu être détestable s'il n'était pas régulièrement moqué, ou encore la belle, douce et timide Keiko qui en pince vite pour Yûsaku alors qu'elle attire bien d'autres garçons à commencer par Shin lui-même), et bien sûr un aspect sportif avec le base-ball, indissociable de la carrière de l'auteur, qui va gagner petit à petit en importance au fil des pages.

Sous le dessin atemporel du mangaka qui sait décidément coller à tous les genres sans trahir son style, la lecture défile toute seule, nourrie par un rythme constant et par une narration visuelle à la limpidité exemplaire. Tout fan d'Adachi devrait ainsi passer un très bon moment de lecture, sachant que la qualité première de l'oeuvre réside peut-être encore plus dans ses deux personnages principaux. D'un côté, Kasumi, très éloignée des clichés d'héroïnes de shôjo scolaires et romantiques d'époque que l'on pourrait à tort avoir, possède un caractère très franc et affirmé faisant qu'elle n'hésite jamais à répondre, et ne semble pas être un coeur à prendre puisque dès le début de l'oeuvre on apprend qu'elle a déjà un petit ami en la personne de Katsuhiko, jeune homme vivant temporairement aux Etats-Unis. De l'autre côté, Yûsaku régale par sa part d'insouciance et de nonchalance face à tout, ce qui apporte un contraste avec sa véritable personnalité où il ne résiste jamais à l'envie d'aider les gens qui se donnent à fond et où, également, il commence déjà à être troublé par sa nouvelle camarade de pension, en consolidant alors des considérations sentimentales qui se fondent fort bien dans le reste.

A l'arrivée, sur cette première moitié Hiatari Ryôkô ! - une vie nouvelle est bien le plaisir de lecture que l'on attendait, que l'on espérait en France depuis bien longtemps, et qui voit Mitsuru Adachi affirmer tout ce qui fait le charme de sa vaste bibliographie. Vivement le deuxième et dernier pavé, d'autant que ce premier volume nous laisse en plein suspense sportif !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction