Pluto Vol.1 - Actualité manga
Pluto Vol.1 - Manga

Pluto Vol.1 : Critiques

Pluto

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Février 2010

C'est dans une forêt en flammes que le corps de Montblanc Norland, robot très célèbre ayant participé à la dernière guerre au Proche-Orient, est retrouvé totalement désassemblé. Alors que sa mort affecte le monde entier, l'inspecteur-robot Gesicht enquête sur l'assassinat d'un militant défenseur de la cause robotique. Alors qu'aucune trace humaine n'est visible sur les lieux du crime, Gesicht met rapidement en évidence un point commun entre les deux victimes : des cornes ont été plantées sur leurs têtes. C'est ainsi qu'une longue affaire de meurtres en série débute, où les sept robots les plus forts du monde seront tour à tour visés. Et Gesicht est l'un d'entre eux...

Le 7 avril 2003 est le jour officiel de la naissance fictive d'Astro, le personnage le plus célèbre d'Osamu Tezuka. A cette occasion, Naoki Urasawa, mangaka mondialement reconnu pour Monster et 20th Century Boys, présenta un projet d'adaptation d'une des histoires les plus populaires dans l'univers d'Astro boy : "Le robot le plus fort du monde", qui a marqué sa jeunesse (histoire que l'on peut d'ailleurs découvrir en France dans le volume 5 de l'anthologie Astro Boy, disponible chez Kana). Ainsi naquit le projet Pluto. Cependant, les deux maîtres n'ont pas du tout le même style : si les récits de Tezuka sont dynamiques et portés par une certaine naïveté (même si l'auteur sait aborder des sujets graves), Urasawa n'a jamais excellé dans les séquences d'actions, préférant développer des psychologies complexes et des histoires à tiroir. Pluto ne sera-t-il au final qu'un mauvais remake commercial ? Connaissant le talent de l'auteur, on pouvait espérer que non.

Si le récit original est centré sur les combats entre les différentes machines, Urasawa reprend la trame en allant vers ce qu'il maitrise le mieux : le polar noir. Ainsi, l'élimination consécutive des robots devient une histoire de crimes en série, auxquels s'adjoignent des meurtres d'humains. On en vient alors à s'interroger rapidement sur l'identité du meurtrier, dans ce monde régi selon les lois de la robotique d'Asimov. Les villes futuristes gardent une grandiloquence à base de voitures volantes et de structures gigantesque, propre à la vision que l'on pouvait avoir des années 2000 à l'ère de Tezuka, mais tout y est plus gris, morose, dépourvu de vie. Urasawa reprend avec habileté les codes et les personnages de l'auteur pour en faire son univers propre. Une fois bien installé, on retrouve tout ce qui fait le charme de ces récits : une intrigue qui se dévoile très lentement, morceaux par morceaux, des détours qui ne sont jamais inutiles et des personnages aux multiples facettes.

Le point fort du récit réside justement dans ces personnages. Toute la psychologie habituelle ressort grandie par l'incursion de robots. Loin des simples machines obéissantes, leurs personnalités sont très recherchées et l'auteur prend même un malin plaisir à ne jamais dévoiler directement qui est humain et qui est artificiel. Les robots cherchent à se rapprocher le plus possible de leurs créateurs, en ayant une vie de famille, en prenant des vacances, ou en reproduisant des gestes qui ne leurs sont pas nécessaire comme manger ou boire. La frontière entre les deux genres n'a jamais été aussi mince. On arrive à leur imaginer des réflexions, des émotions, même quand le faciès de métal que conservent certains d'entre eux restent imperturbables.

Les habitués du mangaka ne seront pas dépaysés par la qualité graphique dont il fait preuve, même si ici le ton est aux décors futuristes dantesques (plus poussés encore que dans 20th Century Boys). Comme à l'accoutumée, les personnages ont leur identité propre et sont reconnaissables au premier coup d'oeil, humains comme robots. Seul défaut récurrent chez l'auteur, les scènes d'actions manquent de lisibilité et de dynamisme. Mais ces passages sont le plus souvent éludés par l'apparition d'une tornade, bien pratique pour camoufler les combats... et pour maintenir le suspens autour de l'identité du monstre qui donne son nom à l'oeuvre !

Pluto aura mis cinq années et demi pour parvenir enfin à son public français impatient, qui l'espérait sans doute plus tôt (promis, c'est la dernière fois !). Cependant, on peut supposer que l'éditeur Kana ne mettra pas le même temps qu'au Japon pour nous fournir les 8 tomes de cette fabuleuse histoire, les deux premiers sortant simultanément. L'édition est remarquable en tous points et fait honneur à l'évènement. Outre une sur-couverture à texture rugueuse comme sur la plupart de ses derniers seinens, la sous-couverture présente des cases colorisées du volume. Les pages couleurs en début de tomes sont respectées, et pour le reste la qualité est également au rendez-vous, pour le papier comme pour l'encrage.

Ce nouveau manga tant attendu signe la rencontre entre deux grands noms, et constitue sans aucun doute l'une des meilleures séries en ce début d'année 2010. Entre thriller noir et récit d'anticipation, la série offre de nombreux niveaux de lectures, et le talent d'Urasawa rend comme toujours une immersion instantanée dans son univers.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs