Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 05 Septembre 2017
Depuis son retour à Rome, Pline doit non seulement affronter l'air de la ville qui n'arrange pas son asthme, mais il est également le témoin de l'instabilité de Néron, incertain de sa politique, et manipulé par son amante Poppée, enceinte et réclamant la tête d'Octavie.
Mais en réalité, après un deuxième volume un peu plus axé sur la situation politique romaine, ce troisième tome s'intéresse un peu moins à cet aspect. Bien sûr, on suit encore un peu Néron et Poppée, et on cerne un brin mieux la situation de certains personnages comme Sénèque. Egalement, on peut rester intrigué par la percée d'une religion que l'on connaît bien. Mais l'essentiel revient se situer auprès de Pline et d'Euclès.
Avant de décider de quitter la capitale qui l'étouffe, Pline a encore quelques petites choses à faire, comme accueillir sa soeur Marcella, son beau-frère Lucius et son tout jeune neveu Gaius, et les aider à trouver un précepteur pour le bambin. Tout ceci est l'occasion pour les auteurs de présenter, même brièvement, quelques éléments contextuels de l'époque : statut des professeurs à Rome, instruction des femmes, esclavage. Quant à Euclès, il doit s'interroger, au moment où son maître va repartir sur les routes en direction de la Campanie. Peut-il laisser derrière lui la muette Plautina qu'il apprécie beaucoup ? Pourquoi les hommes cherchent-ils à comprendre et à savoir tant de choses ? Parce que leur propre existence leur fait peur ? Doit-il continuer de suivre Pline en tant que scribe ? Silénos pourrait être un précieux conseiller.
En toile de fond, Mari Yamazaki et Tori Miki continuent d'exploiter comme il se doit l'esprit curieux de Pline ainsi que son Histoire Naturelle, avec des anecdotes et affabulations délicieuses, des mises en scènes de créatures mythiques (unicornus/monocéros - donc licorne - , manticore, créatures marines géantes...) que Miki cherche à dessiner en suivant le plus fidèlement possible les descriptions faites par Pline dans son oeuvre maîtresse, des réflexions (par exemple sur les éléphants, ou sur les différences entre l'homme et les animaux)... ça reste plaisant à suivre.
La patte visuelle des deux auteurs atteint un degré de fusion impressionnant, quelle alchimie entre les deux artistes ! Personnages et décors restent précis, et l'on apprécie la fantaisie qu'est le premier chapitre placé depuis le regard de Gaia, le chat de Pline.
La dernière partie, en laissant Rome derrière pour revenir sur les routes jusqu'aux portes de Pompéi, distille des éléments annonciateurs de funestes présages : lune rouge, cadavres de moutons, nuée d'oiseaux... La suite promet d'être riche !